Un chantage à la germanophobie?

Juste quelques petites observations en réponse à Gilles Fabre qui a pris ma défense à propos de mes statuts ayant provoqué des réactions « contrastées »…

Donc merci Gilles, mais sans me justifier, il me semble qu’une petite clarification ne serait pas de trop.

Concernant mon article relatif à la défense de Salam Abdeslam que j’ai partagé sur Facebook, il a donné lieu à des polémiques assez sévères mais je crois pouvoir dire que les soutiens étaient majoritaires. Cela me rassure, même si je comprends que l’envie de vengeance puisse prendre le pas sur les nécessités de la Justice. Concernant le terrorisme, c’est un enjeu très fort et le débat est indispensable. C’est la raison pour laquelle sur ce sujet comme sur d’autres d’ailleurs, je ne vais pas faire la police sur les fils. Ceux qui souhaitent y intervenir sont libres de le faire même en utilisant des termes vifs. . Il n’y a que deux tabous, d’abord l’expression d’un racisme ou d’un antisémitisme avéré, ensuite les prises à parties personnelles susceptibles de constituer des indiscrétions.

Pour le statut satirique publié quelques instants après la victoire de la France sur l’Allemagne, je ne vais pas m’étendre. Grand amateur de football depuis l’enfance, je sais que le supporter se doit être de mauvaise foi, cela fait partie du plaisir, même si on n’est dupe de rien.

Et j’ai vu d’abord dans la presse allemande avant le match des blagues encore plus injurieuses concernant les Français, et ensuite bien pire sur Facebook concernant les Allemands. J’ai aussi trouvé sur mon fil une réponse qui m’a beaucoup fait rire : « non, ils ont levé les deux bras, bizarre normalement ce sont les Français qui font ça ».

En revanche, et c’est beaucoup plus sérieux, j’ai constaté une chose à lire certaines réactions, c’est que le chantage à la germanophobie était de même nature que celui vis-à-vis de l’islamophobie. Personnellement je ne céderai ni à l’un ni à l’autre. Simplement, je constate un complexe vis-à-vis de l’Allemagne qui s’est encore aggravé depuis que celle-ci a incontestablement pris la direction de l’UE. On n’aurait pas le droit de dire du mal de l’Allemagne, pas le droit de critiquer Merkel ou Schaüble, pas le droit de rappeler un lourd passé dont des travaux historiques récents ont révélé le caractère encore plus terrifiant, occulté un temps par les nécessités de la guerre froide.

Mais dites-moi, il ne me semble pas avoir entendu ceux qui ont hurlé contre ma blague potache, protester contre le déferlement xénophobe qui s’est abattu sur le peuple anglais de la part du mainstream français, pour avoir voté le brexit. BHL, Minc, Koenig, Attali, n’ont eu à subir aucune foudre pour leurs obscénités. Au contraire, ils ont souvent été acclamés.

Serait-ce Emmanuel Todd qui a raison ? Qui nous dit que les « élites » françaises ont en fait, peur de l’Allemagne.

Personnellement, je n’ai pas peur de l’Allemagne et des Allemands, mais connaissant assez bien l’histoire, et ayant vécu sept ans dans ce pays (eh oui), je m’en méfie. Et je considère que l’impasse dangereuse dans laquelle se trouve l’UE est essentiellement dû à leur entêtement égoïstement ordo-libéral.

C’est la raison pour laquelle je pratique l’amitié circonspecte et surtout vigilante. Et que je ne me laisserai pas arrêter par le chantage à la germanophobie.