Bien sûr, personne ne peut raisonnablement dire que les réponses politiques – les seules qui vaillent, pourtant – sont faciles à trouver. Encore faudrait-il au moins se donner la peine de les chercher. Encore faudrait-il… faire de la politique.
Le pouvoir – c’est décidément sa méthode constante – a parié sur le pourrissement et la provocation. Nous savions depuis trois ou quatre décennies dans quel mépris il tenait le peuple. En plaçant ce forcené à sa tête au moment précis où tout commençait à flamber, il y a ajouté l’insulte. Ne nous payons plus de mots : il a clairement fait le choix de l’affrontement, et la perspective d’une guerre civile ne l’effraie plus, lui. Par des provocations incessantes, par des inconséquences plus ou moins fortuites (comment peut-on sérieusement interpréter une crâneuse sortie au ski sous l’objectif flagorneur des photographes alors qu’on sait que Paris va être sous tension ?), en ajoutant l’insulte à l’arrogance, en laissant opportunément casser les professionnels de la casse tandis qu’il poursuivait assidûment (et indûment) ceux qui ne présentaient pas un grand danger. Bref : rien n’a manqué pour que la contestation dégénère.
Voilà des décennies que cette caste a pris en otage la démocratie et la république. Ils se donnent d’ailleurs de moins en moins de mal pour en sauver les apparences. Qu’ils se rassurent, la quille arrive, ça sera bientôt tout à fait superflu : les braves gens vont réclamer « spontanément » – les journaux télévisés nous y préparent à petit feu – une bonne dictature autoritaire (« mais progressiste », bien entendu) pour que règne enfin l’ordre et que cesse la peur. Notre Jupiter pourra faire son 2 décembre sous les hourras comme d’autres ont fait leur 10 juillet. Il n’y a pas de débat démocratique avec ces gens-là : même ce qu’ils vendent en grande pompe comme « grand débat » n’est qu’une nouvelle forme de campagne électorale larvée au service du chef de parti Macron : une escroquerie intellectuelle, un exercice de propagande dans la plus pure tradition. Là encore, toutes les règles élémentaires de nos démocraties, aussi imparfaites soient-elles, sont pulvérisées, piétinées chaque jour dans l’indifférence générale et avec la bénédiction gluante d’une corporation médiatique qui devra un jour aussi rendre des comptes.
La situation est pourrie. Le jeu est cassé, après avoir été soigneusement pipé
par ceux-là mêmes qui étaient censés en garantir le bon, juste et loyal
fonctionnement. Et l’on voudrait que des bougres hétéroclites, qu’on a
méticuleusement déboussolés, trahis, trompés depuis des décennies, trouvent tout
de suite, en harmonie, la bonne méthode, la juste manière pour remettre tout ça
d’aplomb ? Mais il n’y a pas de « bonne méthode ». L’insurrection n’est
JAMAIS une bonne méthode. Malheureusement, il arrive parfois que ce soit la
seule qui leur reste.
C’est d’ailleurs pour l’éviter qu’on a inventé laborieusement des organisations
politiques censées garantir une certaine justice – ou du moins amortir de trop
criantes iniquités. Ce sont décidément ces gens-là qui ont perdu tout sens de
la mesure.
Il faut se méfier autant des fanatismes que des tiédeurs (ça finit
d’ailleurs souvent dans le même camp). Il est à craindre qu’on ne sorte pas de
ce foutoir, de 40 ans de mensonges, d’humiliations et d’escroqueries, sans
casse, sans dommage, sans quelques victimes innocentes – du reste, combien en
ont-ils fait, eux, de victimes innocentes, avec leurs politiques faillies et
obstinées ? Ou alors acceptons notre sort : laissons-nous piétiner chaque jour
un peu plus par une poignée de vendus capricieux, vains et goguenards qui se
goinfrent à nos frais en nous expliquant avec morgue que c’est ça, le réalisme
et le progrès.
Lorsque, il y a 80 ans, la République a été congédiée par quelques roublards de
sinistre mémoire, il a fallu un peu plus que des « manifestations dûment
déclarées » et « bon enfant » pour les déloger. Il a sûrement fallu
perturber le confort de bien des braves gens qui n’étaient « ni pour ni
contre », qui se demandaient si c’était bien la meilleure méthode, si c’était
tactiquement opportun, si les saboteurs de ponts et de voies ferrées ne
risquaient pas de desservir leur cause. Aujourd’hui, c’est plus ou moins la
même famille, la même oligarchie, le même parti qui est à l’œuvre. Il suffit
d’ailleurs de voir avec quel zèle, avec quelle gourmandise ils s’emploient à
répéter que « Vichy c’est la France », ce qui constitue au mieux un
contresens, au pire un aveu. Vichy n’a jamais « été la France » que
pour les esprits vichystes, et c’est précisément à ceux qui ne s’y résignaient
pas que l’Histoire, jusqu’ici, avait donné raison. Ils ont juste compris que
plutôt que congédier brutalement la République, à laquelle les Français sont
attachés malgré tout et même sans toujours en maîtriser exactement tous les
contours, il valait mieux la vider de sa substance, la rendre inopérante mais
continuer à s’en réclamer.
Ceux qui cherchent à « tuer la République », ce sont d’abord Macron,
ses mentors, ses sbires et ses mécènes.
En démocratie, on veut bien être bon perdant face à des adversaires un tant
soit peu loyaux. Face à des ennemis, il n’y a aucune loyauté à attendre. A
chacune de leurs victoires, à chacune de nos faiblesses, c’est un peu de nous
qu’on leur donne. Pour qu’ils nous le revendent ensuite, mais dans quel état ?
Exellente contribution, bravo et merci!
Si terriblement vrai ! Je m’apprêtais à écrire sur le sujet, et je vais le faire, car j’ai déjà préparé mon article (je suis journaliste et écrivain). J’espère que cet article sera lu de beaucoup. En tout cas je vais mettre le lien.
Vieux-con n’acceptant pas de me résigner, j’avais semé quelques tas de feuilles dans le désert politique et intellectuel de ces décennies (quelques textes sont sur le blog, je vais peut-être avoir le courage d’y ajouter la liasse expliquant pourquoi je n’ai jamais voté aux « européennes »). Je ne peux donc que ressentir passer un petit vent de fraîcheur à la lecture d’un tel article. Quand on voit les « nouveaux collabos » au pouvoir nous annoncer la nouvelle « souveraineté européenne » et quand on apprend qu’on a enfin réalisé une zone transfrontalière avec…le nouveau Reich (?), on se dit que Résistants et Poilus pourraient constater: on est donc morts pour ça!?
Je me permets d’ajouter que voter POUR SON PARLE-MENT c’est implicitement voter POUR L’UE! L’UE qui nous impose le droit des actionnaires à disposer des peuples! Aussi, aux « européennes », une seule petite utilité politique pour dire merde à l’UE: une abstention géante!
Méc-créant.
(Blog: « Immondialisation: peuples en solde! »)
Ben moi je dis merde à l’UE en votant UPR c’est à dire Frexit… C’est pas un merde abstentioniste que certains rebaptiseraient comme non intéressé ou ignorant mais un merde bien merde, bien « non, il y en a ras le bol! »
Les européennes pourraient peut être apporter un léger changement au plan. LAREM « gagne » les élections et crie victoire évidemment. La nouvelle commission européenne est dirigée par l’allemand Manfred Weber (nos voisins auront donc la commission et la BCE avec des bons plans d’austérité budgétaire). L’insignifiant président du conseil Donald Tusk est remplacé par Macron auréolé de sa victoire. Nouvelles élections présidentielles en France en été et Marine Le Pen devient présidente en septembre (elle est étonnement en position inéligible aux européennes….). On a bien le droit de cauchemarder.
merci pour tous ces commentaires et particulièrement à Mathieu Morel qui n’a pas peur des vérités.
Les rats malins ont commencé à quitter le navire. Macron, notre présidenticule, est coincé car il doit appliquer le programme de ses maîtres apatrides, les Minc, Attali, Soros, Rotschild et consorts. Il a cinq ans pour le faire et joue la montre. Il ne se représentera pas à l’issue de sa mission, remplie ou pas. Au contraire, il sera récompensé par de hautes fonctions dans une banque ou une grande entreprise, étrangère de préférence, voire à la tète de l’UE (cf. Barroso chez Goldman Sachs). Ce sera la fuite à Varennes. Depuis quarante ans droite et gauche gouvernent sans rien changer. Il n’y a de leur part aucune remise en cause du système, même aux marges. Le navire coule et les voyous qui nous gouvernent (cf les rapports de la cours des comptes non suivis d’effets et l’impunité des puissants … selon que vous serez puissant ou misérable …) nous jouent du violon … La crise financière qui se profile pourrait, malheureusement rebattre les cartes avec tous les risques que cela comporte, y compris la guerre civile. S’agissant d’ennemis, il faudra aller les chercher jusque dans les ch…, comme le disait élégamment un président européen bien connu.
je m’inquiète: depuis le 18 avril je ne reçois plus votre courriel. Est-ce normal ou un signe de mon impatience à vous lire?
J’ai bien sûr vérifié les spams…