Nous avons appris hier le renvoi devant le tribunal correctionnel de la présidente du premier parti politique de France, comme vient de l’établir le résultat des élections européennes. Elle sera accompagnée sur le banc d’infamie par son collègue parlementaire l’avocat Gilbert Collard.
Quel est donc ce pays ?
Il existe donc en Europe un pays, ou le premier parti d’opposition, après avoir vu la quasi-totalité de ses dirigeants mis en examen, se multiplier gardes à vue, perquisitions et auditions multiples, ses ressources légales saisies, sa présidente convoquée pour subir une expertise psychiatrique judiciaire (!), constate maintenant que celle-ci est renvoyée devant les tribunaux pour un prétexte grotesque.Q
Mais quel est donc ce pays ? La Russie de Poutine ? La Hongrie de Orban ? L’Autriche ? Ou un autre où les lépreux votent mal ? Eh bien non, on ne rêve pas, c’est bien la France d’Emmanuel Macron. Où se multiplient les atteintes aux libertés fondamentales et l’instrumentalisation de la justice à des fins de répression et d’intimidation politique. Où l’on constate au travers d’une foultitude d’exemple, qu’une partie de la magistrature a décidé de veiller à protection du pouvoir en place et à apporter sa pierre à la lutte contre la bête immonde.
Revenons sur le déroulement de cette histoire ahurissante. En décembre 2015, Jean-Jacques Bourdin interrogeant Gilles Kepel, avait trouvé astucieux d’établir un lien d’équivalence entre le FN et Daesh. Fous de rage devant l’insulte, Marine Le Pen et Gilbert Collard avaient surréagi et publié sur leur compte Twitter des photos d’atrocités de djihadistes accompagnées du commentaire « Daesh c’est ça ! », avant de les retirer. Aubaine pour tous ceux qui soutenant les politiques qui font monter le RN, s’en remettent à la police pour le combattre. Le parquet de Nanterre a été saisi de l’horrible crime, et a naturellement demandé et obtenu l’ouverture d’une information judiciaire pour délit « de diffusion message violent susceptible d’être vu ou perçu par un mineur », prévus à l’article 227-24 du Code pénal. Plein de zèle, le magistrat instructeur alors que sa procédure n’en avait nul besoin, a sollicité la mainlevée de l’immunité parlementaire de Gilbert Collard qui lui a été refusée le bureau de l’Assemblée nationale à majorité socialiste. Histoire d’être conséquent dans le combat contre la bête immonde, les convocations de Marine Le Pen, dans une affaire qui ne présentait aucune urgence, ont bien évidemment été délivrées pendant la campagne de l’élection présidentielle. Le Parlement européen n’a pas eu les pudeurs démocratiques de l’Assemblée nationale française d’avant le macronisme et accordé la levée de l’immunité de la présidente du Rassemblement National.
la protection de l’enfance détournée
Les résultats des élections européennes sont sans appel. Le RN est devant le parti de Macron bien que celui-ci ait utilisé sans vergogne les moyens de l’État au profit de son parti et bénéficié du ralliement de la bourgeoisie apeurée. La gauche est effondrée et les écolos comptent pour du beurre. Alors on va nous dire que finalement vu ce qui s’est passé à la présidentielle de 2017, de l’efficacité de la stratégie du castor, le parti de Marine Le Pen est le meilleur ennemi de Macron, la garantie de sa réélection. C’est encore à voir, et le risque de son arrivée au pouvoir en 2022, est une éventualité sérieuse. L’opération Macron de 2017 avec la fusion du bloc élitaire, la destruction des deux grands partis d’alternance, et la mise en œuvre d’une politique massivement impopulaire, est bien une stratégie de fusil à un coup. Alors, l’exécutif va utiliser la technique qui a fait ses preuves et qui est désormais une habitude, l’instrumentalisation de la justice. Et l’on est contraint de constater que comme pour la répression des gilets jaunes, comme pour la protection judiciaire des amis d’Emmanuel Macron, celle-ci ne semble pas se faire prier.
Alors bien sûr, comme ils l’avaient fait au moment de l’invraisemblable convocation de Marine Le Pen chez le psychiatre, les syndicats de magistrats, forts muets sur les dérives liberticides récentes dont la France est le théâtre vont nous servir comme ils l’ont fait aussi dans l’affaire Fillon que tout ceci est parfaitement normal qu’il faut faire confiance à la justice. Et les professeurs de morale, juristes approximatifs ne vont pas manquer de nous donner des leçons de droit pour justifier ce nouvel épisode. On demandera à tous ceux-là de cesser leurs hypocrisies, eux qui savent le scandale de cette procédure absurde par la qualification pénale utilisée.
Parce qu’il faut rappeler que les incriminations de l’article 227-24 du Code pénal que l’on souhaite appliquer à Marine Le Pen et Gilbert Collard, relèvent dans le Code de procédure pénale, du « titre XIX : De la procédure applicable aux infractions de nature sexuelle et de la protection des mineurs victimes ». Il faut lire attentivement dans l’article 706-47 du CPP la liste des infractions concernées par ce titre. C’est édifiant. Tout ce qui relève de la protection de l’enfance y est détaillé et l’on perçoit à quel point, les auteurs de ces faits font partie d’une humanité particulière que la justice entend, à juste raison, traiter de façon particulière. Pour être clair, c’est la criminalité des détraqués, des pervers, des psychopathes et autres dérangés. C’est la raison pour laquelle ont été prévues pour ces gens-là en plus de la peine, des obligations de soins. Tranquilles comme Baptiste, le parquet et le juge d’instruction saisi acceptent, soi-disant au nom du droit, de psychiatriser l’opposition politique à Emmanuel Macron.
Importance de la libido
On rappellera que c’était donc bien dans la perspective des peines qui leur seront infligées que l’on avait demandé aux deux députés du RN de se rendre chez un psychiatre assermenté afin que celui-ci se prononce, outre sur leur état mental, mais aussi et surtout sur l’opportunité d’une injonction de soins. Assorti de la prescription d’un traitement inhibiteur de libido pour nos deux parlementaires ? Il s’est bien trouvé un magistrat instructeur pour trouver tout cela normal et faire diligence. Alors qu’il suffisait de constater l’absence d’élément moral de l’infraction c’est-à-dire de l’intention de la commettre, pour rendre une ordonnance de non-lieu. On pourra aussi compter sur un parquet diligent pour prendre à l’audience des réquisitions pour que soit appliquée à nos deux pervers enfin démasqués, une peine complémentaire d’inéligibilité.
Comment accepter que la justice par un tel excès de zèle ait impliqué Marine Le Pen et Gilbert Collard dans une procédure pénale où ils n’avaient rien à faire ? La protection des mineurs est une chose très sérieuse et il faudrait peut-être éviter d’en dévoyer les procédures destinées à essayer de l’améliorer. Ce genre d’opérations se multiplient et leur caractère politique relève de l’évidence, le RN étant manifestement une cible privilégiée. Quelle que soit l’opinion qu’on puisse avoir de ce parti, dont la représentante a quand même rassemblé près de 40 % des voix à la présidentielle, qui vient de « remporter » les élections européennes, la démocratie et les libertés publiques ne se divisent pas. Malheureusement, cette dérive dangereuse vers la mise en place de ce qui commence à ressembler à un État policier ne suscite chez les belles âmes aucune véritable réaction. On pétitionne pour le rapatriement des djihadistes, on tonne contre Poutine, Erdogan, Trump, ou Nétanyahou, on donne des leçons à la terre entière, cherchant les pailles dans les yeux des autres, sans daigner voir la charpente de chêne qu’on a dans le sien. Mais s’il n’y avait que ces antifascistes estampillés, de salon ou de pacotille prenant la pose « no pasaran », et applaudissant ces méthodes utilisées contre « la lèpre populiste ». Le pire c’est le silence de tous ces politiques, parlementaires, élus, dirigeants de partis qui regardent muets cette dérive dangereuse pour la République. Qui probablement ricanent de ce qui arrive à leurs adversaires, comme François Fillon n’avait fait l’expérience. Ce qui en dit long sur la faiblesse de leur culture démocratique.
On leur confirmera simplement qu’être la cible de cette instrumentalisation de la justice et de ces atteintes aux libertés politiques telles que les pratique le pouvoir actuel, en général c’est chacun son tour.
que dire de plus,une fois de plus: merci merci pour cet article.
Maître, il serait fort utile à tous de lire vos commentaires sur la prétendue « convocation » de participants à la cagnotte Dettinger par la Brigade de répression de la criminalité dite astucieuse et sur les étranges questions qui leur ont été posées dans ce courriel. Et sur la publication des noms des convoqués au vu et au su de tous les autres convoqués, sur lesdits courriels. Juste pour commencer …
C’est un peu long, ça part dans tous les sens, mais le commentaire juridique est pertinent.
Régis,
Très intéressant et le cheminement est droit comme une lame. Nous avons une justice un soupçon marionnette dont les fils sont tenus par le pouvoir. En effet malvenu de donner des leçons aux autres.
J’ai passé l’article à Robert et Emmanuelle.
En espérant te voir un jour en Languedoc
Guy
tout a fait «
Cet exemple de procédure qui menace de prendre l’allure d’un serpent de mer (allons, pourquoi pas, l’enjeu est de taille du point de vue du symbole, mais avant tout des principes de l’Etat de droit et du pluralisme démocratique) est édifiant: la perversité que par une procédure tendancieuse on associe à un adversaire politique, ressemble à de la candeur si l’on considère d’une part les faits incriminés, réaction de colère, d’indignation outrée à la suite d’une mise en cause outrancière, d’autre part la perversité qui menace d’imprégner tout l’édifice institutionnel de l’appareil judiciaire et policier. Bravo ! La perte de sens est en marche…
Cher Maitre,
c est une nouvelle preuve de la dépendance de la justice vis à vis du pouvoir exécutif ravalant notre pays au rang de république bananière.
La violation de la séparation des pouvoirs a permis l élection de Macron à ma présidence de la république avec l appui de toute la presse,elle aussi dépendante du pouvoir politique et du lobby financier
Salutations
Vendeuvre
absolument » illégal l’élection de Macron alors que fait le procureur de la république française est nos sénateurs …?
La clique gouvernementale tente d’étouffer par tous les moyens l’opposition ! La dictature est en
marche, les manipulations diverses culminent, il est temps pour les français de prendre le pouvoir.
Que le gouvernement cesse de considérer les français comme des imbéciles ! A bon entendeur salut.
tout a fait le peuple na plu la parole en France les lois sont bafouer de plus en plus les droits de l’hommes ou sont t’ils a présent ? comme la violation de la constitution ….! par les Officiers des CRS qui ordonne de massacré le peuple au lieu de le défendre contre la dictature actuelle de sont gouvernement un gouvernement d’incapable incapable de donner les revendications normale au patriotes . Au contraire ils devrais nous livrer l’exécutif pour le juger devant son peuple
Votre article est vraiment excellent. Et la conclusion, à mon sens encore plus inquiétante que la soumission de magistrats, c’est à propos de nos z’élites politiques (défense de rire !) : » Ce qui en dit long sur la faiblesse de leur culture démocratique. »
Article après article, chronique d’une dérive mafieuse…
Elle ne durera pas car la fracture de la société arrive plus vite que prévu…
la constitution etant abolie le1 er janvier 2017 et sans constitution et sans la separation des pouvoirs l election du president de la republique a ete illegale la nomination du premier ministre anssi que le ministre de l interieur les ministres du gouvernement l assemblee le senat tous ce petit monde sont elus illegalement donc le president de la republique qui est macron n est pas le president car la france est sans constitution donc il doit partir mr gerard larcher qui lui est legal doit demander une nouvelle election du president de la republique avec cette fois la plication de la constitution au 1er janvier 2020 donc tout ce que macron applique sont illegal
tout a fait …; de ce fait les CRS & la police des police…! le procureur de la république : devrait nous livré ce gouvernement illégal pour y être jugé par la haute cour de justice de la république Française ; c’est pour cette raison que tout va mal en france , voilà la vérité
C est purement scandaleux la justice de Macro et la même que Poutine
Et la Presse elle ne existe plus également.
Dans le chacun son tour la France insoumise a déjà fait son premier avec une opération digne de la lutte contre une dangereuse organisation terroriste prête à passer à l’action. Le tout sous les objectifs de complaisantes caméras étonnament conviées pour saisir la légitime fureur de son dirigeant. Sans être juriste, tout de même les dénonciations fantaisistes avec retractation de la dénonciatrice donnant lieu à une perquisition sans présence du perquisitionné, peut laisser supposer tout ajout, toute substitution voire soustraction de tout ce qu’on veut.
Il n’est pas dit qu’il s’agisse là de la seule partie à laquelle la FI aura droit.
LFI à 6 et quelques % aux « européennes » ne sera plus inquiétée se sitôt car elle ne gêne plus Macron.Pour le RN c’est différent car il est électoralement devant LREM et doit donc être impérativement « dé-légitimé » parce que l’Oligarchie sait bien qu’un jour ou l’autre le « plafond de verre » pourrait voler en éclats.
En effet le nombre de mécontents contre leur marionnette de l’Élysée ne cessant d’augmenter ils pourraient un jour prochain par simple rejet de Macron passer à l’acte en utilisant le seul bulletin à leur disposition pour le battre et ce malgré le chantage pour apeurer afin de les rameuter, les braves gens « inquiets » pour « la démocratie ».
Marc Ferro nous a enseigné le rôle majeur que tient le ressentiment dans l’Histoire des Peuples
et les membres de la Macronie les plus instruits le savent bien et commencent à le craindre pour 2022.
PS:dois-je préciser que pour moi le terme « ressentiment » dans ce cas n’a pas un sens péjoratif?
En URSS, sous Brejnev, on ne faisait plus comme à l’époque de Staline : on ne fusillait plus les opposants (réels ou supposés), on les enfermait dans des hôpitaux psychiatriques.
Voilà maintenant qu’on renouvelle cela dans la France de 2019. On convoque devant les psychiatres l’opposante du 2e tour de la présidentielle et on va juger la même personne et un de ses soutiens comme s’ils étaient des pervers dangereux pour les mineurs.
Quelle dérive !
Natacha Polony a souvent parlé de « soft totalitarisme » concernant l’évolution de la mondialisation néo-libérale.
Cette convocation devant la « Justice » de Le Pen et Collard confirme cette analyse.
Apres un coup d’état , pour se maintenir au pouvoir la dérive totalitaire est obligatoire ,à lire vos commantaires ,je suis sidéré que personne ne bouge,la France ,voit et subit ,comme frappée d’aboulie.
« La démocratie et les libertés publiques ne se divisent pas. »
Très bel article, qui sait dépasser l’opinion politique de l’auteur pour rejoindre l’intérêt général.
C’est là que l’on voit que celui qui l’écrit n’est pas un politicien moderne.
Le politicien moderne se soucie de ses banquiers, de ses journalistes, et de ses sondages d’opinion favorable de plus en plus onéreux.
L’intérêt de la population, le bien commun, l’avenir réel du pays ne sont pour lui que des éléments de langage.
Je préfère de fort loin un rédacteur objectif, qui n’use pas de mauvais moyens à de mauvaises fins pour enfoncer à courte vue des adversaires politiques au mépris des libertés publiques.
Excellente analyse politique et judiciaire, en espérant que la magistrature française, qui sait lire, puisse le lire et y puiser des raisons de retrouver son indépendance.
Pour le bien public, et pas juste dans l’intérêt momentané de quelques carrières.
Merci pour cet article qui confirme bien qu’en macronie, vu qu’il n’y a aucune limite aux débordements (policiers, juridiques, constitutionnels), alors la macronie ose tout!