Macron et la PMA : éviter le piège

Régis Portalez l’homme classieux qui se rend aux manifestations des gilets jaunes en grand uniforme est inquiet. Face à la poursuite par Macron de la procédure macronienne de démolition de l’État-providence français et de bradage de son patrimoine, il craint à mon avis à juste titre les opérations de diversion sociétale qui permettent de faire passer les saloperies dans les bruits de l’orchestre.

On l’avait déjà vu avec Hollande présentant « le mariage pour tous » comme une formidable révolution, pendant qu’il poursuivait en catimini la casse sociale. On a vu d’ailleurs à quoi a conduit la mobilisation de masse des cathos à l’époque contre ce qu’il nous présentait des trémolos dans la voix comme la destruction de la civilisation. Abandonnant Bellamy, il se sont tous précipités aux européennes pour voter Macron et défendre leurs petits sous, la seule chose qui les intéresse. Ils auront la PMA, la GPA, les trafics d’organes chers à Jean Tirole, l’euthanasie pour faire des économies, l’IVG jusqu’à neuf mois de grossesse etc. etc. Qu’ils ne s’avisent pas alors de venir nous pleurnicher dans les jupes, ils seraient mal reçus.

Régis Portalez qui est jeune et plein d’allant propose de ne pas tomber dans le panneau de la diversion macronienne de se réserver pour les bons combats. Il a raison.

Regis de Castelnau

Contre Macron, et seulement contre Macron : évitons le piège tendu au sujet de la PMA.


Macron, voilà la cible. Les députés de la majorité s’affairent déjà à vanter leur profond respect des convictions de chacun quand ils défendent la future loi bioéthique. « Chacun pourra voter en âme et conscience », rappelle Patrick Mignola, député MODEM.

Mais il faut lire sa déclaration pour bien comprendre ce qui suivra en réalité : « l’ouverture de la PMA à toutes les femmes est un beau choix du gouvernement et un beau débat sur lequel on pourra voter en toute liberté selon nos intimes convictions ». 

Venant d’un gouvernement qui châtie les députés ne votant pas comme il faut, il serait aisé d’ironiser sur l’étonnant rappel d’une telle évidence. Un député est un représentant du peuple et de la Nation. Malgré les velléités de caporalisation du groupe majoritaire, un député n’est pas un lieutenant de son groupe parlementaire, et qu’en tant que tel il est son droit – et son devoir !- de voter en toute liberté. Mais le sujet n’est pas là. 

L’enjeu de la période qui s’ouvre, c’est le piège tendu à ce qui reste d’opposition par Emmanuel Macron (qui a depuis longtemps usurper sa place de président de la République). 

Le contenu du texte de la loi bioéthique n’est pas un plaidoyer pour ou contre la PMA pour toutes. Ce genre de tribunes serait en ce moment la dernière des choses à faire. Ce texte est plutôt un avertissement et un appel à ne surtout rien faire.

Comme souvent, le gouvernement et celui qui se rêve en « maître des horloges » essaient de contrôler l’agenda. C’est bien lui qui proposera la loi et l’inscrira à l’ordre du jour parlementaire. Il contrôlera également le rapport de force – grâce à cette « liberté de choix » de façade. Il soufflera donc le chaud et le froid, en utilisant médias inféodés et commentateurs politiques à sa botte pour expliquer, selon l’état des forces, que la loi est en passe, ou non, d’être votée. Rafraîchissant ainsi les ardeurs de militants de tout poil, qui ne manqueront alors pas de redoubler d’ardeur et de radicalité dans leurs propos. Attendons-nous déjà au débat sur la GPA que certains ne manqueront pas de faire venir sur la table, alors qu’il n’en est pas question. Il faudra se radicaliser pour exister.

Et le gouvernement se frottera les mains en comptant les points. Le piège tendu est qu’il se pose en arbitre alors il est en réalité incapable d’un choix politique clair.

Si vous êtes pour la PMA et qu’elle passe, elle en sortira salie d’avoir été votée par ce gouvernement et le pouvoir arguera être finalement (un peu) à l’origine de nouveaux droits. Si vous êtes contre et qu’elle ne passe pas, le pouvoir en sortira seulement renforcé pour les conservateurs. Car sachez bien que dans les deux cas, la macronie cherchera à présenter la chose à son avantage. Le seul à pouvoir tirer un avantage politique de cette loi, c’est lui. Rejouant la lenteur et l’irrésolution de François Hollande pour la loi du mariage pour les couples de même sexe, l’Élysée joue avec le temps pour divertir et diviser.

Aucune loi pour l’émancipation ne peut passer par ce gouvernement. Il interdit tout débat sincère par l’opposition totale qu’il impose et il salit tout ce qu’il ne détruit pas.

Le débat politique suppose un rapport de force à peu près équilibré. Ici il est concentré dans les mains de Macron. Quelle que soit votre position sur la PMA, vous partirez perdants contre lui. Il vous donnera un os à ronger que vous devriez jeter dans le fossé.  

Pendant ce temps, le gouvernement fera passer la casse de la Sécurité sociale, en brisant la solidarité de notre système de retraites et saccageant l’assurance chômage. Il attaque même la liberté de la presse pendant que vous vous fatiguerez à organiser des votations ou des manifestations sur la loi bioéthique. Vous en sortirez affaiblis. Les vainqueurs d’avoir fait le jeu du pouvoir, les opposants d’avoir été outranciers. L’opposition ne peut pas se permettre de s’affaiblir plus devant ce pouvoir.

Commencez par ne pas faire le jeu du gouvernement. Celui-ci tombera un jour, comme un fruit pourri, et ceux qui auront su rester dignes devront reprendre la main. N’écrivez pas de tribune, ne prenez pas position publiquement, refusez les invitations de matinales et de journaux télévisés, n’accordez pas d’interview, ne participez pas à des débats, n’en parlez pas sur les réseaux sociaux. Si vous êtes député ou sénateur, proposez vos amendements en toute discrétion. Si vous êtes experts, envoyez vos suggestions à des élus, pas à des médias. Ne tombez pas dans l’outrance militante, ni d’un côté, ni de l’autre. Refusez l’agenda qui vous est imposé.   

N’oubliez pas que la raison d’être de ce pouvoir n’est que la destruction de l’État. Privatisant nos biens collectifs pour satisfaire ses donateurs, Macron est le VRP du CAC 40. Il cherche à vendre à la découpe ce qu’on peut et préparer à la vente ce qu’on ne peut pas encore vendre, comme la SNCF ou EDF. Les droits des femmes et les droits des enfants lui sont complètement étrangers. La loi bioéthique est un artefact pour divertir les oppositions. Le débat sur la PMA ne peut être pour eux que des outils de domination sur les forces d’opposition.

Bien sûr on peut se réconforter.

Si nous luttons pour (ou contre) et que nous obtenons gain de cause, ce pourrait être un motif de satisfaction. Mais celui qui en tirera un bénéfice politique, c’est Macron. Et pendant ce temps l’agenda mortifère continuera. On peut alors se rassurer en se disant que la fin de l’État providence les condamne à long terme, puisque l’acceptation de leur politique repose sur ce qu’il reste de droits sociaux. Et donc que la fin de tout cela entraînera leur fin à eux. 

Je ne fais pas partie des satisfaits de l’apocalypse comme renouveau. Le pari du pire pour avoir mieux est trop incertain et au prix de trop de souffrances pour les plus fragiles. Le peuple ne peut pas être considéré comme un objet politique qui renaîtra de ses cendres quand tout aura brûlé, car entre temps ce sont des vraies gens qui brûleront. Alors militons tous, mais contre macron et uniquement contre macron. 

Infligeons une défaite à ce pouvoir dangereux en signant pour refuser la privatisation d’Aéroport de Paris.  


Régis Portalez

8 Commentaires

  1. Régis, vous êtes notre Honneur. Maintenant me semble-t-il, nous allons avoir besoin d’une opposition extra-parlementaire et souterraine du genre que les Carbonaris avaient constitué après Waterloo sous la Restauration et ainsi préparer l’avenir. Avec Juan Branco, vous nous apportez un brin d’air frais. Continuez et Grand Courage à Vous…

  2. rien à ajouter. je suis d’accord avec vous…depuis longtemps! vous êtes réconfortant, comme toujours sur ce blog. merci à vous. n.

  3. Et en plus Régis Portalez est ingénieur! La journée s’annonce belle après cette lecture.
    Merci Régis de Castelnau (et en plus il est juriste!)…

  4. Merci Maître pour vos analyses et commentaires , saine réaction aux pénibles et lamentables commentaires de journalistes tenus en laisse par une gamelle bien remplie .
    Je suis bien d’accord avec vous qu’il est nécessaire de résister frontalement à Macron , mais il se trouve que pour approuver la proposition de loi visant à affirmer le caractère de service public des ADP¨c’est plus qu’un parcours de combattant … pour moi c’est mission impossible : je suis bloquée dès la 1° page car mon bureau de vote n’existe pas … C’est un véritable déni de démocratie mais qui peut s’en étonner ?
    Je suis âgée , j’ai fait ma vie et je vais sans doute la finir dans la pauvreté comme mes semblables mais je pense avec une infinie tristesse aux générations qui vont être sacrifiées , à tout ce que nous avons perdu .

  5. Malheureusement, il n’y a aucune raison pour que la ligne politique actuelle tombe d’elle même « comme un fruit pourri », comme le voudrait l’article.

    De plus, le prétendu progressisme auquel l’article semble être sensible, même s’il prône la neutralité, est d’une part un outil de division (ainsi, l’immigration, qui en France à la différence du Danemark par exemple sert à diviser les oppositions) et d’autre part la source d’une réelle dégradation de la situation, d’une décadence.

    Peut-être le pouvoir veut-il faire diversion sur ses réformes économiques néfastes. Mais qui est en position de s’y opposer de manière crédible ? La gauche (FI, etc) s’enferme dans un progressisme (qui est en fait une décadence) qui conduit au départ des cadres. Quant au FN, il était sur une ligne assez bonne en 2017, mais est-elle fiable ? Il faudrait, tout au moins, la stabiliser. Par ailleurs, la gauche, aveuglée par son progressisme-décadence, pourrait-elle voter pour ce parti ?

    Il n’y a donc pas de réel inconvénient à critiquer le progressisme-décadence, dont il faut au contraire se débarrasser pour s’occuper de bâtir une alternative politique sur les sujets sérieux. Car, comme dit au premier paragraphe, cela ne se fera pas automatiquement.

    • Le progressisme est un mantra agité par la gauche sociétale et la droite libérale, donc pour faire vite, de FI jusqu’à LR.

      Et Macron en est le chef d’orchestre, choisi par le pouvoir profond.

      Un chef d’orchestre dont le rôle est de prendre des coups pour composer de nouveaux clivages afin d’assurer la pérennité de ses maitres.
      Macron n’est qu’un fusible, car s’il peut être réélu sur 2022 grâce au projet trans-partisan de la transition énergétique porté par l’écologisme punitif, il n’en demeure pas moins qu’une femme ou un homme, du même moule, pourrait facilement le remplacer pour le job.
      Il est clairement évident que les sujets sociétaux des 40 dernières années, dont les lois Veils et maintenant les lois sur la GPA, PMA et de la fin de vie, sont des diversions quant à cacher la destruction des acquis sociaux sous le tapis et surtout, ils font parti d’une réflexion de think-tank proches du pouvoir et afin de modeler une société plus facilement corvéable, car plus docile.

      L’anti racisme institutionnalisé en a été un porte étendard emblématique, pendant que la propagande médiatico-politique traitait le peuple de raciste, d’antisémite et de fainéant, ce dernier n’a pas totalement pris la mesure de l’ampleur du piège se refermant sur lui malgré le court-circuitage du référendum sur la constitution Européenne par les élites.
      Ceux qui se sont révoltés au tout début des jaunes ne provenaient pas des banlieues subventionnées par le Qatar, ni des chauffeurs routiers subventionnés par l’UE, ni des agriculteurs vivant de la PAC et ni des bobos métropolitains de droite et de gauche, ceux là votent Macron.

      Ce constat est factuel et s’explique à l’aune de l’ingénierie sociale et politique sévissant sous la Vème République, que l’on nomme progressisme, mais qui est surtout une idéologie libérale libertaire, au service de la mondialisation et des 1% les plus riches.

      Faute de place et parce que hors sujet, je n’évoquerai pas et en détails, les mécanismes lui permettant d’influencer sur la politique étrangère de la République, complètement alignée sur l’axe Tel Aviv-Washington-Riyad, ce qui pose de gros problèmes quant à la souveraineté de la France, mais comment en être étonné lorsqu’on sait que nos élites sont cooptés par le soft power US (Young leaders, Bilderberg etc…) et que les lobbies qui financent leur campagne, sont à la tête des médias subventionnés par l’argent public.

      Alors dénoncer le cache sexe de la PMA, oui, mais il faut dézoomer, dénoncer LE système afin de s’éviter de combattre l’écume.

  6. Oui, signer pour le référendum.
    Mais demander aussi à son député pourquoi le nombre et le nom des signataires ne peuvent pas être rendus publics.
    N’est-ce pas tout bonnement scandaleux? Quand saura-t-ton? Qui connaît le nombre de signataires à ce jour?

  7. Tribune très optimiste tant elle semble considérer qu’il y a une opposition à Macron…ce que les 20 dernières années démentent totalement. Macron n’est rien d’autre que la nouvelle tête de gondole du (vrai) pouvoir… et sa politique « sociale » (mais également et surtout économique) est rigoureusement la même que celle qu’aurait menée Hollande ou Sarkozy, et que mènera demain le nouveau « délégué aux affaires françaises » qui sera nommé, avant que cette nomination ne soit formellement ratifiée par la procédure légèrement archaïque appelée élection.

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