La NUPES comme blanchisseuse des trahisons socialistes.

Boris Vallaud un des dirigeants du Parti socialiste s’est imprudemment avisé de donner des leçons d’histoire.

Pour lui, les députés RN régulièrement élus sont les « héritiers » des collabos qui rasaient les murs en 1946. Je ne sais pas si ces députés sont les héritiers des fondateurs du FN où il y avait effectivement des collabos notoires (coucou François Brigneau) mais aussi des résistants, voire un Compagnon de la Libération (coucou Michel de Camaret).

Mais admettons cette mise en avant de « l’héritage ».

Dans ce cas, Vallaud le socialo aurait été bien avisé de se taire. Parce qu’on peut rappeler que ceux, dont il est en bon socialiste l’héritier, c’est-à-dire les parlementaires socialistes, ont massivement voté les pleins pouvoirs à Pétain et l’assassinat de la république le 10 juillet 1940. Et furent pour cela frappés d’INDIGNITÉ NATIONALE. Qui si l’on suit les raisonnements de Vallaud en matière de dévolution successorale, reste donc attaché à son propre mandat.

On ajoutera qu’il est lui-même non seulement l’héritier mais le successeur sur les bancs de l’Assemblée de François Mitterrand le meilleur ami de René Bousquet.

C’est maintenant Olivier Faure autre dirigeant du PS qui se lance dans une surenchère anticapitaliste que n’aurait pas reniée Lénine en son temps. Alors que, dans l’histoire de ce parti, on sait très bien ce que valent ces proclamations qui ont TOUJOURS précédé les trahisons.

Le problème c’est qu’aujourd’hui, un ancien dirigeant de ce même PS, ministre rocardien et Maastrichien patenté, a créé un cartel politique au service de la petite bourgeoisie déclassée. Et cette fameuse NUPES se révèle être une blanchisseuse pour verts néolibéraux néoconservateurs, mais aussi surtout pour le Parti socialiste. Lui permettant ainsi de faire jouer l’amnésie qui l’a toujours servi. Et de recommencer à donner des leçons de comment qu’il est pas trop de gauche. Heureusement, tout le monde n’est pas atteint de la maladie d’Alzheimer. On peut se rappeler les grands discours de Chevènement dans les années 70 et être ainsi écœuré de la façon dont il s’est rallié au macronisme le plus corrompu. Sans oublier bien sûr que Macron a été installé à la tête de l’État par François Hollande et le Parti socialiste.

Alors ne nous aveuglons pas, et ne laissons pas cette NUPES permettre au PS de faire oublier toutes ses trahisons.

J’ai publié en 2021 dans Le front Populaire, un rappel de ce que fut l’histoire de cette roue de secours du capital.

J’en propose à nouveau la lecture pour que l’imposture du qualificatif de « gauche » que lui permet de revendiquer la NUPES ne puisse surtout pas prospérer.

Le Parti socialiste a-t-il jamais été de gauche ?

EPSON MFP image

La question du clivage politique entre la droite et gauche est une auberge espagnole où chacun vient avec ses objectifs, ses préjugés, et ses arrière-pensées. Le concept recouvre des réalités complètement différentes en fonction du lieu où il est énoncé. Le positionnement, surtout de gauche d’ailleurs, sera revendiqué positivement par nombre d’organisations, et négativement par leurs adversaires. Et même si l’on peut penser avec le politologue Jérôme Sainte-Marie qu’il n’est désormais plus opératoire, force est de constater qu’il a la vie dure. Si Emmanuel Macron ou Marine Le Pen prétendent se situer en dehors de cette opposition, au sein même du parti du président on s’organise en tendances la reprenant. Jusqu’à Éric Zemmour qui fonde son succès incontestable succès dans les sondages en se revendiquant porteur de la ligne politique « d’union des droites » qui fit le succès de Nicolas Sarkozy en 2007.

 Il ne sera pas question ici d’une approche scientifique ou objective, mais plutôt d’analyser comment le Parti socialiste a utilisé le concept de « parti de gauche » depuis maintenant un siècle. En tentant d’identifier un certain nombre de constantes et notamment les contradictions systématiques entre le discours revendiquant une appartenance à la partie gauche du spectre politique, pour systématiquement lui tourner le dos une fois parvenu au pouvoir politique.

Congrès de Tours : les raisons d’une scission

Le parti socialiste dont il sera question est celui né de la scission du congrès de Tours en décembre 1920, qui gardera le nom de SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière) jusqu’en 1972 où il prendra le nom de « Parti socialiste » au congrès d’Épinay.

La SFIO sera créée en 1905 sous l’impulsion de Jean Jaurès par la fusion de cinq partis du mouvement ouvrier. Ce sera surtout un parti d’élus qui choisira le 2 août 1914 au lendemain de l’assassinat de Jaurès, la voie de « l’Union sacrée » en rentrant au gouvernement et en votant les crédits de guerre. Très minoritaire au départ, l’opposition à cette stratégie ne cessera de grandir durant le conflit, de 20 majoritaire après l’armistice. C’est dans ces conditions que va se dérouler en décembre 1920 le fameux congrès de Tours qui va voir une majorité écrasante se prononcer pour l’adhésion à la troisième internationale créée par les bolcheviques après la révolution d’Octobre. On présente toujours ce congrès comme une adhésion au modèle bolchevique pour le passage socialisme, ce n’est pas la réalité. C’est bien l’affrontement entre deux lignes politiques nationales qui s’y est déroulé, les tenants de la IIIe internationale voulaient d’abord et avant tout prendre le pouvoir sur l’organisation au détriment de ceux qui étaient considérés comme complices de la catastrophe avec la stratégie « d’Union sacrée ». De façon significative, le parti ne deviendra « communiste » qu’en 1924 et les dirigeants à l’origine de l’adhésion finirent par être tous épurés pendant les années 20 qui vient la mise en œuvre de la « bolchevisation » menée en parallèle de la mainmise de Staline sur le parti soviétique et l’internationale communiste. Léon Blum fut le minoritaire qui acta la scission et la création du nouveau parti socialiste. Qui termina son admirable discours par les phrases suivantes : « Nous sommes convaincus, jusqu’au fond de nous-mêmes, que, pendant que vous irez courir l’aventure, il faut que quelqu’un reste garder la vieille maison. Nous sommes convaincus qu’en ce moment, il y a une question plus pressante que de savoir si le socialisme sera uni ou ne le sera pas. C’est la question de savoir si le socialisme sera, ou s’il ne sera pas. » Cent ans plus tard, le parti socialiste ayant rejoint le parti communiste dans l’effondrement, force est de constater le double échec. D’aucuns diront qu’il trouve sa source dans le fait que le PCF était « plus à l’est qu’à gauche », et que le PS quant à lui a toujours évité d’être réellement de gauche.

Prendre le pouvoir ou l’exercer ?

La SFIO conservera essentiellement le tissu d’élus locaux et deviendra un parti de notables essentiellement tourné vers le parlementarisme qui s’impliquera dans presque toutes les combinaisons politiques des IIIe et IVe Républiques. Ce fut le cas avec le cartel des gauches de 1924 et un soutien sans participation ministérielle à une expérience qui tourna rapidement court avec une première capitulation « devant le mur de l’argent » et le rappel de Raymond Poincaré. Revenus dans l’opposition, les socialistes vont prendre la première fois la direction du gouvernement avec la victoire du Front Populaire aux élections de 1936. Léon Blum avait clairement indiqué que si le Front populaire l’emportait, seul le programme électoral de celui-ci serait appliqué. Il sera nommé Président du conseil au début de juin alors même que la France connaît depuis près d’un mois un mouvement social d’une ampleur considérable. La plupart des lois qui seront adoptées dans les semaines suivantes ne seront pas la mise en œuvre du programme mais la traduction législative de ce qui aura été obtenu par les grèves. Profitant de cette dynamique, quelques réformes furent adoptées dans les domaines économiques, de l’éducation, du sport et des loisirs. Le Front populaire fut confronté dès le mois de juillet 36 à la révolte militaire contre le gouvernement républicain en Espagne. Dans le but de conserver les radicaux dans sa coalition et de ménager la Grande-Bretagne, Léon Blum refusera d’apporter le soutien de la France au gouvernement espagnol légal. Dès février 37 il instaurera une « pause » dans les réformes, abandonnant les plus importantes. Le 21 juin suivant, un vote négatif du Sénat, et alors qu’aucune règle constitutionnelle le lui imposait, Léon Blum présentera la démission de son gouvernement, laissant le radical Chautemps lui succéder. L’échec rapide du front populaire a obéi à un schéma expérimenté pour la première fois avec le premier cartel des gauches, qui est le fruit du raisonnement de Léon Blum selon lequel, si le Parti socialiste était destiné à « prendre » le pouvoir pour instaurer le socialisme, il ne pouvait le faire que si le rapport de force le lui permettait. Sinon il devait se contenter de « l’exercer », en tentant si possible de faire adopter des réformes. Et c’est ainsi qu’il s’engagera jusqu’en 1983 dans une dialectique de la capitulation et de la trahison dont l’effondrement politique du Front populaire est l’illustration. En moins d’un an, celui-ci était consommé, le problème étant qu’il fut suivi d’une série de trahisons qui trouveront leur aboutissement d’abord avec le soutien affirmé aux accords de Munich, puis la participation approuvée par Léon Blum de ministres socialistes au gouvernement de capitulation formée par Pétain le 16 juin 40. Enfin avec l’abolition de la république et les pleins pouvoirs au même Pétain voté par la majorité du groupe socialiste à Vichy 10 juillet suivant.

Après la Libération, le choix de l’atlantisme et le refus de la décolonisation

Le parti socialiste paya son tribut à la Résistance et joua son rôle dans la Libération du pays, ce qui lui permit de surmonter la catastrophe de 1940. Aux élections de la première constituante de 1945, le PCF doublant son poids politique d’avant-guerre est devenu le premier parti de France mais la SFIO le suivait d’assez près, et les deux organisations qui représentaient 35 % des électeurs en 1936 frôlaient la majorité absolue. Socialistes et communistes s’entendirent pour proposer au référendum, qui le repoussera, un projet de Constitution très marquée à gauche, et ce contre l’avis du MRP et du général de Gaulle. Cette convergence sera matérialisée par un « Comité d’entente » réunissant les deux partis et allant même jusqu’à envisager une réunification ! L’arrivée de la guerre froide mettra fin brutalement à cette alliance, le président du conseil socialiste Paul Ramadier renverra les ministres communistes au printemps 1947 pour une alliance exclusive avec le MRP centriste. Choix qui sera maintenu jusqu’à la signature du « Programme commun de gouvernement » avec les communistes en 1972. Dès le départ, la SFIO fera le choix d’un atlantisme sans faille et d’un refus de prendre en compte les exigences de la décolonisation et de la fin de l’empire français. Ce sera dès 1947 sous l’égide de Ramadier l’adhésion sans réserve au plan Marshall, Léon Blum signant quant à lui avec Jean Monnet le fameux « Accord Blum-Byrnes » inscrivant la France dans l’orbite économique et culturelle des États-Unis. Puis les débats, pour aboutir au vote d’un statut de l’Algérie, à l’issue desquels la SFIO abandonnant ses positions, acceptera une solution qui se révélera incapable de traiter le problème algérien pour aboutir sept ans plus tard au début de la guerre. Il en sera de même avec les débuts du conflit indochinois, avec un Léon Blum disant : « Il n’existe qu’un moyen et un seul de préserver en Indochine le prestige de notre civilisation, notre influence politique et spirituelle et aussi ceux de nos intérêts matériels qui sont légitimes : c’est l’accord sincère sur la base de l’indépendance, c’est la confiance, c’est l’amitié… ». En fait d’amitié et de confiance, ce sera la guerre sans issue, que la SFIO soutiendra jusqu’à la catastrophe de 1954. On retrouve là cette mécanique politique propre au parti socialiste qui le voit élaborer et défendre des positions que l’on peut qualifier « de gauche » lorsqu’il n’est pas au pouvoir pour leur tourner le dos dès qu’il y accède. Il n’est bien sûr pas le seul à pratiquer cette dialectique perverse, mais elle prend chez lui une dimension particulière. Car non seulement il trahit ses engagements et ses promesses, mais il le fait par un refus d’assumer sa nature revendiquée de parti ouvrier, en ralliant les forces qu’il prétendait combattre. La tragédie algérienne va malheureusement en être une illustration paroxystique.

Comment amener la France au bord de la guerre civile

En janvier 1956, les élections législatives donnent une victoire électorale à un « Front républicain » au sein duquel la SFIO dirigée par Guy Mollet est dominante. Pendant la campagne marquée par la tragédie algérienne, il affirme que pour lui la guerre d’Algérie est pour lui « imbécile et sans issue » ; l’indépendance étant dictée par le bon sens. Il nomme Georges Catroux, seul général d’armée à avoir rallié Charles de Gaulle en 1940, au poste essentiel de Ministre résidant en Algérie. Puis se rend le 6 février à Alger où il est accueilli par une manifestation d’Européens excités qui jettent des tomates sur le cortège officiel. La capitulation est immédiate, Georges Catroux est écarté de façon humiliante. La trahison suit immédiatement quand Mollet nomme le socialiste Robert Lacoste partisan de la répression la plus brutale. Politique qu’il conduira en donnant dans ce domaine tous pouvoirs à l’armée, avec deux conséquences tragiques. D’abord avec le dévoiement déshonorant qu’une partie de l’armée acceptera de mener notamment pendant la répression de « la bataille d’Alger ». Ensuite en laissant basculer celle-ci dans une dérive factieuse qui mettra la France au bord de la guerre civile. La SFIO n’eut plus d’autre choix que d’appeler au pouvoir le général de Gaulle car c’était selon Mollet, le seul moyen d’éviter « une guerre civile sans armée républicaine ». Entre-temps, adepte de la politique de la canonnière, en novembre 1956, Mollet avait quand même trouvé le moyen d’engager la France dans une expédition militaire absurde contre l’Égypte à la suite de la nationalisation du canal de Suez. Malgré ce bilan calamiteux il restera premier secrétaire de la SFIO jusqu’en 1969, juste avant le congrès d’Épinay en 1971, quand François Mitterrand qui n’avait jamais été socialiste s’empara de ce parti.

Contrairement à ce qui fut alors prétendu et affirmé avec constance par la suite, le Parti socialiste d’Épinay n’était que la continuation de l’organisation issue de la scission du congrès de Tours. Le changement de nom, malgré l’arrivée à sa tête d’un homme, pourtant largement compromis dans les errements antérieurs, permis de passer un large coup d’éponge et de se refaire une virginité politique à gauche.

L’union de la gauche pourquoi faire ?

François Mitterrand s’était opposé à la constitution de 1958 et à l’élection du Président de la République au suffrage universel. Mais il en avait parfaitement compris le mécanisme politique et la nécessité des alliances pour parvenir à ce qui était son seul objectif, la prise du pouvoir. Les gaullistes occupants la droite et le centre du spectre, Mitterrand décida d’utiliser la gauche en construisant une alliance avec la principale force qui l’occupait. Ce fut en 1972 la signature du programme commun de gouvernement avec le PCF, support d’une stratégie électorale qui finit par se révéler gagnante. Il faut se rappeler ce que furent les discours du parti socialiste et de ses dirigeants entre 1972 et 1981, à base de lutte des classes, de transformation du capitalisme et de passage au socialisme ! Les relire aujourd’hui permet de mesurer très exactement le sens des mots de reniement et de trahison. François Mitterrand alla jusqu’à affirmer : « Celui qui n’accepte pas la rupture avec l’ordre établi, avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, ne peut être adhérent au Parti socialiste. » Les deux premières années du mandat de François Mitterrand élu en 1981 furent celles de la mise en œuvre de quelques-unes des mesures sociales de son programme, mais comme d’habitude, cette orientation fut vite abandonnée avec le fameux tournant de mars 1983. Cette fois-ci, ce ne fut pas à cause d’un parlement rétif ou d’une bourgeoisie hostile qu’intervint la capitulation. En effet la France était confrontée à une situation économique délicate liée à la contradiction entre les politiques budgétaires et monétaires. Le choix proposé par Jacques Delors et ordonné par François Mitterrand fut celui de la rigueur et de l’austérité parce qu’il permettait le maintien de la France dans la construction européenne. Le tournant portait en lui-même la trahison, puisque les socialistes violaient leurs engagements au profit d’un premier abandon de souveraineté. Ce fut en ce qui concerne le parti socialiste une conversion au néolibéralisme dont il devint par la suite le principal fourrier pour la France. Les années 80 offrirent le spectacle d’un effondrement moral à base d’argent fou et de corruption politique ou les socialistes n’étaient pas les derniers impliqués. François Mitterrand en tête, ils poussèrent les feux d’une construction européenne dont l’objectif évident, dès le traité de Maastricht, était la mise en place d’un dispositif institutionnel visant à priver les états membres de leur souveraineté économique en la faisant échapper à la délibération démocratique. Pierre Bérégovoy fut chargé dans la perspective de la monnaie unique d’appliquer la politique du « Franc fort » et de la « désinflation compétitive » au prix de centaines de milliers de chômeurs. Ces politiques furent poursuivies par Lionel Jospin quand il revint au pouvoir, en continuant le démantèlement de l’appareil industriel français public et privé et en dirigeant le gouvernement qui aura le plus privatisé dans l’Histoire de France.

Profitant de l’effondrement et de la quasi-disparition du PCF, débarrassé de toute concurrence sur sa gauche, ayant abandonné les couches populaires, le PS est devenu l’outil de la déconstruction de l’État-providence à la française et de l’abandon de la souveraineté de la France. Il n’avait plus besoin désormais de commencer par capituler, il incarne lui-même la trahison.

François Hollande en mode liquidateur ?

On ne s’étendra pas sur le mandat présidentiel calamiteux de celui dont il faut quand même rappeler qu’auparavant, en tant que premier secrétaire du Parti socialiste, il fut un des principaux acteurs de la forfaiture politique de la violation de la décision référendaire de 2005 et de l’adoption du traité de Lisbonne auquel il apporta son appui et celui de son parti. Son passage à l’Élysée fut une humiliation pour le pays devant lequel il ne put même pas se représenter, préférant favoriser l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée et prêtant probablement la main au coup d’État judiciaire qui l’a permis. Le parti socialiste semble avoir entamé une dérive groupusculaire que la candidature d’Anne Hidalgo pourrait précipiter.

 Il faut quand même noter, qu’à ce stade de la campagne électorale, outre la maire de Paris, deux autres candidats sont d’anciens membres du PS et ont été peu ou prou associés à tous les reniements et les trahisons que nous venons d’évoquer. Comme Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon et Arnaud Montebourg n’assument rien, ne reconnaissent rien de leurs responsabilités pourtant lourdement engagées. C’est Anne Hidalgo enfilant les phrases creuses à base de vœux pieux sans prise avec la réalité. C’est Jean-Luc Mélenchon vitupérant le bilan du PS en oubliant le rôle qu’il y a joué comme par exemple avec son soutien au traité de Maastricht. Précisément celui qui a décidé la création de la monnaie unique, véritable boulet, rendant quasiment impossible la mise en œuvre du programme qu’il propose. C’est Arnaud Montebourg qui fait semblant d’être souverainiste en préconisant une réindustrialisation de la France, alors qu’il a contribué à l’arrivée à la présidence de François Hollande, et à celle de Manuel Valls au poste de premier ministre, pour déplorer aujourd’hui les conséquences des politiques de ceux qu’il a servis.

Aquilino Morelle n’est pas candidat, ce qui ne l’empêche pas de procéder de la même façon en publiant un livre extraordinaire. Violent réquisitoire contre les socialistes qu’il accuse, excusez du peu, d’avoir « permis au libéralisme de conquérir la planète », d’avoir commis un « coup d’Etat fédéraliste » en 1983, et « d’avoir défait la France sans faire l’Europe ». Touché par la grâce souverainiste il affirme « La réhabilitation de la Nation, réalité anthropologique et politique indépassable, s’impose ». On se frotte les yeux en se rappelant que cet homme a fait toute sa carrière au Parti socialiste, qu’il fut conseiller de Lionel Jospin premier ministre et de François Hollande à l’Élysée. Est-il possible de mieux se moquer du monde ? Cet exemple révèle finalement un des aspects de la nature profonde du Parti socialiste. Fruit de la scission du congrès de Tours il est devenu une organisation de notables sociologiquement liée aux couches moyennes. Son lien avec les couches populaires était celui d’une représentation alors que le PCF dans sa composition, sa direction et ses élus étaient une organisation authentiquement ouvrière. Cette concurrence contraignait la SFIO d’abord et le PS ensuite, à afficher des engagements « de gauche » pour arriver au pouvoir, et prestement les abandonner une fois installés. La disparition de la concurrence du PCF lui a permis de se débarrasser autant que faire se peut, du préalable des engagements de gauche, et d’assumer ce qui est finalement son ADN politique celui d’un banal parti de droite. Suivant la distinction de Léon Blum, le Parti socialiste n’a jamais voulu « prendre » le pouvoir mais « l’exercer », c’était plus confortable.

Il n’y a pas à s’étonner que ce soit probablement au prix de son effondrement.

Régis de Castelnau

31 Commentaires

  1. Je souscris entièrement aux analyses que je viens de lire. Ma conviction est que celles et ceux qui veulent sauver ce pays, la France, de toutes les déchéances, et cela, non pas, ou pas prioritairement, pour la gloire mais pour le bien-être et la sauvegarde de son peuple, ne peuvent aujourd’hui se satisfaire d’un combat pour « la gauche ». Pour sortir ce pays de son accablement, « il conviendrait de refonder la gauche ». Et ainsi de suite. Ce sont des illusions et ceux qui se refondent à gauche sont le plus souvent de misérablse crapules.

    Il faut, me semble-t-il, sortir de cette ornière électorale, qui transforme un ensemble de partis se réclamant de « la gauche » en partis électoralistes, en partis uniquement tournés vers les élections et qui se nourrissant du verbiage que Régis de Castelnau rappelle sur ce site avec la constance et la solidité de l’argumentation qui le caractérisent.

    Il faut sortir de l’idée d’un changement profond par les élections, changement impossible dans le cadre de la démocratie bourgeoisie, et orienter la réflexion et l’action vers l’idée d’un changement révolutionnaire.

    Cela dit, si je viens d’énoncer ces quelques phrases, c’est pour soumettre à Régis de Castenau et à celles et ceux qui l’entourent ou l’accompagnent, de contribuer, si cela présente un quelconque intérêt à leurs yeux, mais ce sont des juristes, et sans vouloir borner leurs analyses, à la réflexion sur la nécessaire rupture avec le mode électoral bourgeois de gestion de la société et sur la non moins nécessaire intégration de ce mode de fonctionnement dans le processus révolutionnaire. Jean-Claude Delaunay.

  2. Sacré Morelle ! Un de ces Kerviel de là Politique qui, pour évacuer ses responsabilités personnelles et surtout le fait qu’il a été pris la main dans le sac ( s’il ne l’avait pas ete, croyez bien qu’il aurait continué), accuse « Le Système » et se découvre une Virtu républicaine dont la scansion est supposée l’exonerer de tout.
    Un pur produit du Flanbysme, c’est à dire de l’ultime, et très nauséabonde,décomposition du Mitterrandisme, dont l’Islamo-Freriste Mechancon se réclame.

  3. François Mitterrand alla jusqu’à affirmer : « Celui qui n’accepte pas la rupture avec l’ordre établi, avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, ne peut être adhérent au Parti socialiste. »

    Ce Petainiste fervent, titulaire de la Francisque, qui donna les ordres qu’il faut pour que son pote Bousquet n’ait pas d’ennui judiciaire (jusqu’au très opportun – d’aucuns diraient la Divine Surprise- assassinat d’Icelui par un simple d’esprit) eut le culot, devant les idiots utiles de l’antijudaisme mitterrandien – Attali et Badinter notamment – (souvenons nous des critiques répétées de Mitterrand envers ce qu’il appelait avec mépris  » le lobby Juif » -cf les entretiens acec D’Ormesson), de vituperer Chirac qui, lui, et quelque soit ses défauts, ne pactisa jamais avec le vieux Tribun Fasciste Le Pen.

    Mechancon, Masstrichtien notoire, est le digne contibuateur de Mitterrand, son mentor revendiqué.

    Le cadavre de la Gôche peut continuer de puer, avec ce sinistre Sire.

  4. Une fois de plus une passion mauvaise vous égare s’agissant du 10 juillet 40: 1) que faisait le PC-SFIC alors? Il contactait les nazis! 2) dans la liste des 80, certes trop peu nombreux, faites le ratio gauche/droite, idem pour les 569 pour: https://fr.wikipedia.org/wiki/Vote_des_pleins_pouvoirs_constituants_%C3%A0_Philippe_P%C3%A9tain 3) pas d’anachronisme, en juillet 40 quel % de Français derrière Pétain, qui n’était pas encore l’homme de Montoire ni n’avait présenté la Révolution dite nationale?
    Pour le reste, oui, la gauche socialiste ne mérite plus guère d’être qualifiée de gauche (vous non plus, du reste, et votre publique ici serait plutôt d’extrême-droite), notamment depuis que Mitterrand a installé le néo-libéralisme, mais seuls les naïfs croient qu’il était de gauche. En fait il partageait assez vos idées.

    • Les communistes n’ont pas rencontré les nazis. Ils étaient interdits et pourchassés. Pétain lui et la droite avait déjà contacté des nazis en Espagne dt il soutenait franco comme ambassadeur d’une république défaite. En 1938 tt les partis sauf communiste et de kerillis ext droite voteront la remise de la Tchécoslovaquie à Hitler après que les dirigeants anglais et francais lui eurent serré la paluche à Berlin. C’était avt 1940. Ajoutons bonnet qui à la demande de l’Allemagne nazie confirme que le parti communiste sera interdit. C’était avt les accords germano soviétique. Et après 1940 la guerre en Grèce en Yougoslavie virent les communistes résister non? Alors vos manipulations pour cacher que le fascisme c’est l’état terroriste capitaliste pour détruire les syndicats ouvriers les partis ouvriers les libertés ouvrières et la guerre à caractère colonial

  5. « De façon significative, le parti ne deviendra « communiste » qu’en 1924 »

    L’Humanité devient « Journal communiste » le 8 avril 1921, le PS SFIC devient le PC SFIC le 1er Septembre 1921. L’Humanité devient « l’organe central du PC (SFIC) le 8 février 1923. Le XIXème congrès du Parti socialiste – 1er congrès du Parti communiste a eu lieu du 26 au 30 décembre 1921 (Vérifiable sur le site de la BNF).

    Quant à la citation « les communistes ne sont pas de gauche, il sont à l’est », elle est du grand homme de gauche Guy Mollet, l’homme de Suez et de l’envoi du contingent en Algérie.

  6. Belle leçon d’Histoire Politique à la Française.
    On attend la suite menant à Macron 2

  7. Excellent papier. Ne pas oublier que l’effondrement du PCF est due en grande partie à son mode d’organisation et à la médiocrité des ses « cadres » dont bien souvent l’unique « qualité » était la docilité.

  8. N’oublions pas le rouleau compresseur que soit devenue de nos jour la machine de propagande bourgeoise. C’est elle qui entre autres confine l’Université dans des analyses politiques « classiques » telle que celle-ci, et qui supposerait que les processus de décisions soient toujours dominés par des conflits idéologiques alors qu’ils sont absolument tous soumis à l’approbation du pouvoir bancaire. Aucun changement n’est à attendre sans mise en place de protection concrète des besoins vitaux du peuple émancipée du pouvoir financier. Ceci en tenant compte du fait que la souveraineté nationale n’offre en elle-même aucune alternative à la systémique de pillage des pays pauvres par les pays riches. Nul besoin d’être marxiste ou communiste pour comprendre que la calamité à laquelle nous soyons confrontés soit tout simplement la logique de compétition et non de coopération qui épuise plus et plus chaque jour les moyens de vivre du plus grand nombre et les ressources naturelles. Il n’y a plus, de fait, d’échappatoire « locale ». Ce qu’il nous faut inventer c’est toute une logique d’organisation de la société qui cesse de mettre en compétition la prospérité des peuples et l’enrichissement financier privé. Non pas seulement parce que les grands intérêts impérialistes agissent en tout uniquement en faveur du second, mais parce que l’intérêt financier privé est une abstraction quand les vies humaines en cours soient des réalités factuelles ancrées dans le présent. Ce qui implique une rupture avec les logiques politiques traditionnelles cherchant en priorité à établir dans la durée des « systèmes », suivant une optique de projection. A contrario il faudrait sans doute s’encourager à la construction d’un ordre pragmatique focalisé sur la satisfaction des besoins vitaux globaux du présent. Or le propre des stratégies partisanes et des systèmes de représentation c’est qu’ils aient vocation à tout sauf au pragmatisme, puisqu’ils impliquent structurellement et des processus de compétition et des « programmation ». Il n’y a donc rien à en attendre quel que soit le parti, quel que soit le programme.

  9. Belle analyse, mais il faut aller plus loin sur certains points assez révélateur. La cause de la scission en effet est la fracture entre les socialistes qui ont soutenu la guerre de 14 (appelés socialistes aux mains rouges » et les autres qui s’y étaient opposés. La figure de Lacoste est intéressante. Il est connu pour son rôle en Algérie mais il était bien avant la guerre un « cheval de troie » du patronat, aux côtés de Bélin et Froideval. C’est documenté par le livre Henry Ehrman « la politique du patronat français ». Mais l’adhésion au modèle américain et l’atlantisme ne datent pas de 1945. Léon Blum était déjà fasciné par ce modèle dès avant guerre. Les accords Blum-Byrnes ont eu un premier essai en août 1936 avec la loi sur le cinéma. Ces accords ont marqué l’adhésion de la France à l’atlantisme et ça n’a plus cessé depuis. Blum lui même était entouré de gens qu’on qualifierait d’élites aujourd’hui et c’est peu connu mais il était détesté par la plupart des députés SFIO avant guerre pour ses manières hautaines et dédaigneuses. Quant aux accords de Munich; la politique française était arrêtée en coulisses par des représentants de la SFIO qui voyaient quotidiennement Daladier (l’allusion des communistes que les responsables SFIO couchaient sur le paillasson de Daladier n’est pas dépourvue de fondement cf : »Ci Devant » d’A. De Monzie publié en 1941). Par contre il est inexact de dire que Blum a lâché l’Espagne sur pression anglaise. les archives démentent cette idée. les anglais n’ont rien fait pour l’en dissuader. C’est une décision française prise par Blum dès le début de la rébellion. Le comité de non intervention qu’il a initié était une combine pour justifier son attitude. Les archives publiées de la Wilhemstrasse sont formelles. Les ronds de jambes qu’il fit à Shacht ministre nazi en août 1936 à Paris le confirment. N’oublions pas la loi Sérol – député SFIO et ministre de la Justice de Daladier, punissant de mort la propagande communiste votée le 9 avril 1940. La SFIO s’est jointe à la curée contre les députés communistes en septembre 1939. C’est même un député SFIO qui proposait de leur mettre une balle dans la nuque en séance publique. Bouhey le seul député SFIO a avoir voté contre les accords de Munich a fait l’objet de représailles au sein de son parti. Enfin mais il faut que j’abrège, la SFIO de Blum a approuvé la violente répression contre les mineurs en grève à l’automne 1947. Blum condamnant la motion de soutien des syndicats américains aux grévistes. Dans le même temps il demandait de l’argent pour son journal le Populaire à D. Dubinsky proche de la CIA et de Irving Brown alors qu’il savait que Dubinsky; d’origine allemande, était un ancien du « Bund » ligue pro nazie des américains d’origine allemande avant guerre. On n’en finirait plus;..Fidèles à cette tradition les députés PS étaient absents de l’hémicycle ou se sont abstenus lors du vote tenant en échec la prolongation du pass sanitaire au début de cette semaine.

  10. Excellent article sur les faux-scialistes. Il faut quand même un avocat du diable, je vais donc m’y coller.

    D’abord, c’est presque toujours avec des gouvernements socialistes que des mesures sociales et anticapitalistes ont été prises en France. Les communistes ont toujours effrayé les français a cause de leurs projets antidémocratiques ou démagogiques. Le PC était bête et discipline. Moi même, j’ai été promptement éjecté de la JC dès que j’ai évoqué le parlementarisme et la liberté d’expression. On m’a traité de réformiste, un qualificatif sans appel. Le PS au moins tolérait les débats.

    La NUPES pourrait sauver le PS en lui donnant une caution de gauche comme au temps du programme commun. A partir de maintenant, c’est le PS qui va réaliser les gains électoraux, pas LFI qui est présenté comme extrémiste et n’a plus aucune marge de progression.

    Mélenchon est un ancien socialo, mais aussi un ancien trotskard, ce qui lui a donné une capacité d’analyse marxiste. Ces successeurs n’auront pas ce cadre. Il a voté Maastricht mais a reconnu son erreur depuis longtemps.

    Pour Blum, qui était un modèle de probité et d’humanisme, je dois dire qu’il a bien fait de choisir les Américains contre Staline. En ce temps là, l’Amérique semblait un modèle de socialisme et de liberté.

  11. Pour ne pas continuer les trahisons du PS et des communistes mêmes, il eut fallu qu’après guerre, GDG engage un « Nuremberg » de cette obédience pour sanctionner les crimes contre l’humanité perpétrés et amplement mérités. Ils sont passés hors du filet des coupables et seuls les nazis ont été punis; et pourtant ils ont commis autant d’infamies.
    C’est en contradiction de toute logique ou lucidité pour la souveraineté de notre pays que cet attelage énonce sans scrupule la destruction de tout ce qui a permis la paix pendant 70 ans.
    Sans nommer le parti « écologiste » qui est une utopie car le respect de la nature est intrinsèque à l’éducation dès l’enfance etc… Ces moignons de tarés survivent par l’avènement de cette « nouvelle société » woke sans foi ni loi..

  12. Helas, Maitre Regis de Castelnau dit la vérité. Voir par exemple l’ouvrage de Simon Epstein, « Un paradoxe francais ».

  13. trés interessant de ne pas perdre de vue l’origine du PS et au moment ou le tweet de mathilde panot sur la réhabilitation de petain par macron fait polémique ne pas oublier que les députés socialiste votent comme un seul homme les pleins pouvoirs à pétain en 1940

  14. Boris Vallaud nous refait le coup de la « farce » pour reprendre l’expression de Karl Marx : « l’Histoire se répète : la première fois, c’est une tragédie, la seconde fois, c’est une farce ».

    En ce qui me concerne, j’estime que c’est aussi une diversion.
    J’ai déjà rappelé sur ce blog ce qui suit.
    En mars 2002, le président Chirac et le premier ministre Jospin (qui avait 4 ministres PCF) ont signé les accords de Barcelone qui détruisent les services publics. Réactions des syndicats ? Rien : le 1er mai 2002, c’était uniquement de « l’antifascisme de pacotille » contre la présence de JM Le Pen au 2e tour.

    Notons aussi que pendant l’Occupation, il y eut des gens de droite (et d’extrême-droite) collaborateurs, vichyste, mais aussi, il y eut parmi eux des résistants.

    Idem à gauche.
    J’ai plusieurs fois rappelé que des socialistes furent hostiles à Vichy mais que d’autres furent des partisans de ce régime.

    Parmi les socialistes vichystes (et même collabos chez certains), on peut citer :
    – Paul Faure (1878-1960), secrétaire général de la SFIO de 1920 à 1940.
    – André Delmas (1899-1979), secrétaire général du SNI (syndicat national des instituteurs) (1).
    – Les syndicalistes René Belin (1898-1977) ministre du travail de Vichy jusqu’en avril 1942 et Georges Dumoulin (1877-1963).
    – Charles Spinasse (1893-1979).
    – Ludovic Zoretti (1880-1948), syndicaliste enseignant.
    – Léon Emery (1898-1981).
    – Félicien Challaye (1875-1967), vice-président de la Ligue des Droits de l’Homme (2).

    (1) Mais Georges Lapierre (1886-1945) fondateur de « l’Ecole Libératrice » (journal du SNI) fut résistant et mourut à Dachau.

    (2) Mais Victor Basch (1863-1944), président de la LDH, fut assassiné (ainsi que son épouse) par la Milice.

  15. franchement s’est de la merdouille
    lorsque j’écoute ce stabab mater authentique
    rien indique que l’on connait l’auteur Pergolesi
    Vivaldi à asseyez de le reprendre
    D’où est né les 4 saisons
    à 9,25 Vivaldi arrive à comprendre Pergolesi (https://www.youtube.com/watch?v=qzOmPUu-F_M)

    Brel à d’ailleurs suivi avec l’homme de la mancha

    Du latin stabat mater (« sa mère était debout »).
    comme quoi souvent .

    le reste des infos s’est de la merdes

  16. Faire l’analyse historique de la propension des partis français se réclamant du socialisme à « exercer le pouvoir » et non à y prendre, lorsque cette responsabilité leur fut dévolue par le suffrage, universel, les mesures qu’impliqueraient une transformation socialiste de la société ou à tout le moins le maintien d’une responsabilité active de la collectivité nationale, à travers la puissance publique, pour la préservation réelle et durable des droits civils et sociaux de chacun de ses membres, a le mérite de replacer la réflexion politique dans le temps long de l’histoire nationale. Mais dans le monde où nous vivons, et singulièrement depuis la création après la Seconde guerre mondiale des organisations interétatiques de coopération économique, liées aux Communautés européennes ou découlant des Accords de Bretton Woods, il reste important de s’interroger sur la dimension internationale que revêt la décision politique dans un pays comme la France. Les engagements internationaux pris par les gouvernements français depuis la Libération entendaient exprimer la conscience qu’une association du pays avec ceux qui lui étaient les plus proches par la géographie, l’histoire et la philosophie politique, ferait pièce aux tentations pour les communautés nationales historiques du repli, de la rivalité et de l’hostilité qui avaient tant sévi depuis le début du XXème siècle. Le Général de Gaulle, revenant au pouvoir en 1958, avait déclaré que s’il y avait été au moment de la discussion et de la signature du Traité de Rome, en 1957, il ne l’aurait pas accepté dans ces termes mais ne voulut pas révoquer la signature de la France; s’il refusa avec la plus constante détermination le fédéralisme et la perspective d’une fusion des nations, il était loin d’être hostile à l’idée d’une solidarité européenne. Il parvint à imposer la règle de l’unanimité pour l’adoption des politiques communes, ce qui équivalait à l’affirmation d’un droit de veto pour chacun des gouvernements des Etats membres. Il put également imposer l’extension des politiques communes au secteur agricole. Si le cours pris par l’unification européenne depuis l’Acte unique européen de 1986, le Traité de Maastricht, et celui d’Amsterdam, qui apparaît aujourd’hui, contrairement aux idéaux solidaires et culturels qui ont été inscrits dans certaines dispositions de ces textes et en ont fait accueillir l’augure par une partie de l’électorat français, essentiellement monétariste, est infiniment critiquable par nombre d’aspects, si un bilan de l’application des normes appliquées aux politiques des Etats associés mériterait un bilan, si la question de la réalité de la souveraineté démocratique nationale est d’une actualité irrécusable, est-il concevable d’envisager que la France adopte un cours solitaire, alors qu’elle se trouve au carrefour de l’Europe ? Cette implication ne doit pas éluder la question des moyens de restaurer une responsabilité réelle de l’Etat démocratique, pour remédier en particulier aux détresses et aux inquiétudes sociales, économiques, écologiques, éducatives, aux impératifs de la défense des intérêts moraux et matériels de la collectivité. Il appartient pour l’instant à la représentation nationale, telle qu’elle est issue des plus récentes consultations électorales, et malgré les défiances qu’elle peut inspirer a priori, de se saisir de ces questions, en se tenant à l’écoute de ce que le peuple, dans sa diversité, attend d’elle et lui réclame.

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