Mort de Gorbatchev et fin des empires.

L’abondante littérature qui a suivi la mort de Mikhaïl Gorbatchev a constitué une nouvelle illustration de ce que disait le grand historien Marc Bloch à propos de l’histoire : « En vérité le proverbe chinois est sage qui énonce : les hommes ressemblent plus à leur temps qu’à leur pères ». Ajoutant que les faits historiques étaient par essence des faits psychologiques. Alors si on le comprend, les usages du passé, prétendant le clarifier, ne seraient que politiques, et la mémoire le masque de l’idéologie ? Ce que semble nous confirmer Michel Foucault selon lequel le passé nous réserverait toujours des surprises puisque que « on montre aux gens non pas ce qu’ils ont été, mais ce qu’il faut qu’il se souvienne qu’ils ont été. »

Chacun était à son poste. Le discours dominant étant celui de l’hagiographie pour un homme considéré comme étant celui qui, avec Jean-Paul II et chacun à sa façon, avait chassé le diable communiste et sauvé la planète. On en trouvait même au sein de cette cohorte pour reprendre Fukuyama annonçant la fin de l’histoire et la victoire triomphale du néo-libéralisme. Il y avait aussi ceux qui tout en saluant la victoire du camp du bien en 1991, émettaient quelques réserves au vu du bordel auquel la mondialisation est aujourd’hui confrontée. Non pas pour en faire porter une quelconque responsabilité au malheureux Gorbatchev mais pour dire que l’on n’avait pas été très efficace après la « victoire » sur le mal. Une mention particulière quand même pour les gens du faux PCF, Roussel en tête pour trouver le moyen de prendre Reagan et Thatcher par la droite. Une apostasie assez indigne qui ne leur fait pas peur quand il s’agit de conserver quelques gamelles chapardées dans l’héritage du mouvement ouvrier français dont ils trahissent sans vergogne la mémoire. Le sommet politique sera atteint avec la publication de la une de l’Huma en anglais et strictement identique à celle de Libération le journal de l’oligarque Drahi.

Il y a aussi une poignée de nostalgiques qui disent que ce n’est pas comme ça qu’il aurait fallu faire, mais que personne n’écoute.

J’ai personnellement rencontré Gorbatchev. La première rencontre s’est produite en 1987, et il incarnait encore la puissance du PCUS. Je l’avais quand même trouvé trop sensible à la flagornerie occidentale. Par la suite, j’acquis le sentiment que nous n’avions pas affaire à un homme d’État. Cette analyse s’est aggravée au fur et à mesure pour aboutir à une véritable conviction face à son attitude lors de la tentative de coup d’État d’août 1991 et la façon dont il s’était laissé humilier publiquement par Eltsine. Concernant ce dernier, on savait déjà depuis un moment et notamment lorsqu’il fut secrétaire du Parti à Moscou que l’on avait affaire à un ivrogne corrompu.

Donald Westlake détournant le « De mortuis nihil nisi bonum » latin (des morts : rien sinon le bien) disait « d’un mort, si vous ne pouvez pas en dire du mal ne dites rien ». J’ai attendu et j’aurais pu d’ailleurs m’abstenir.

Mais l’idée que j’avais envie de faire passer est la suivante : ma dernière visite en Union soviétique eut lieu en décembre 1990. J’affirme qu’en juillet 91 avant la grotesque tentative de coup d’État du début du mois d’août, personne, je dis bien personne, n’imaginait que six mois plus tard, l’empire des tsars, conservé par les bolcheviques, deuxième puissance militaire du monde allait complètement s’effondrer et disparaître corps et biens.

L’empire assyrien est mort, les empires égyptiens sont morts, l’empire romain est mort, l’empire ottoman est mort, les IIe et IIIe Reich raoust, l’Austro-Hongrois pareil, l’empire du Milieu a eu un gros coup de fatigue au XXe siècle, il n’est pas sûr que l’empire américain maître de l’Occident soit en très bonne santé. La tournure géostratégique prise par « l’opération spéciale » russe en Ukraine constitue un drôle de symptôme.

J’invite à suivre attentivement ce qui se passe actuellement aux États-Unis, sorte d’Empire romain devenu fou…

Régis de Castelnau Edit profile

Régis de Castelnau

15 Commentaires

  1. Concernant l’empire américain on peut se demander si l’envahissement du Capitole le 6 janvier 2020 n’est pas le prélude à une guerre civile américaine surtout si Trump est à nouveau élu en 2024; nous allons en avoir une idée en fonction du résultat des élections de mi-mandat en novembre prochain.

    • Elle pourrait bien se déclencher avant si le ministère de la justice ne se débine pas . . . Sa prise de décision ne doit pas être aisée vu les conséquences que l’on peut redouter.

  2. effectivement les empires finissent par mourir mais certains durent plus longtemps que d ‘autres….. l’empire romain 1500 ans avec l’empire de Bysance ,hitler 4 ans , cela devait durer 1000 ans …. 70 ans pour les bolcheviks ,beaucoup plus longtemps qui on inclut l’empire des tsars depuis yvan le terrible 1600 , gorbatchev a été adulé en occident ,laissant tomber honneker de la rda dès 1989 qui voulait mater son peuple : le mur de Berlin tombe mais 6 mois auparavant déjà la frontière entre la Hongrie et l’Autriche etait ouverte par Gorbatchev ; ce n’est pas par ailleurs Gorbatchev quia mis fin à l’urss mais cet ivrogne d’elsijne donnant l’independance à l’ukraine , bielorussie e kazasthan
    , en fait hai par les russes eux-m^mes , ses refromes glasnost et perestroika des echecs économique , gorbatchev avait compris que l’ère desempires etait révolu , mal recompensé par l’occident qui le laisse tomber financièrement ….. ….

    • URSS n’a jamais été un empire
      La preuve sa fin. Les empires st en général détruit là ns avons une trahison politique y compris et surtout au sein des pc d’Europe dt l’italien et le Français. Ns a ions depuis 20 le refus d’entendre les leçons de Lénine et la propension aux alliances merdiques avec la racaille socialiste la division ds le prétexte de stalinisme la connerie suprême desvendus.

  3. Je n’ai pas de sympathie pour Ségolène Royal.
    Je n’ai pas voté pour elle ni au 1er ni au 2e tour en 2007.
    Je n’ai pas apprécié, en 2020, sa critique contre la jeune Mila.

    Pourtant, cette fois-ci, sur la guerre Russie-Ukraine, Ségolène Royal a un langage différent de celui de la bien-pensance de bon nombre de nos politiques et de la majorité des médias.
    Contrairement à eux, elle ne fait pas du tout l’éloge de Zelensky.
    Elle pense même qu’un « crime de guerre » russe contre une maternité dénoncé par le président ukrainien ne serait qu’une fausse nouvelle destinée à rompre toute négociation.
    https://www.lefigaro.fr/international/segolene-royal-fait-polemique-en-remettant-en-cause-les-crimes-de-guerre-en-ukraine-20220902

    Bien sûr, les bien-pensants dont un journaliste de BFMTW et les inévitables Olivier Faure (du PS) et Raphaël Glucksmann (député européen apparenté PS) sont « vent debout » contre elle.

    Je rappelle que Raphaël Glucksmann est le fils d’André G. (décédé en 2015). Ce dernier était maoïste à l’époque de mai 68. Plus tard, comme bon nombre d’anciens maos (cf Kouchner et autres), il était un chaud partisan du « devoir d’ingérence » des USA. Contrairement à Chirac, il était partisan de la guerre en Irak en 2003.

    Un côté « amusant » pourtant chez Ségolène Royal. Elle semble critiquer les Etats-Unis qui ont fait aussi de la propagande mensongère pour justifier leurs interventions militaires (1). Or, quand Chirac a refusé de suivre les USA en 2003, on sait que l’ancien compagnon de Ségolène R., François Hollande était allé (avec Pierre Moscovici) présenter ses excuses à l’ambassade des Etats-Unis.

    (1) Fait-elle allusion aux « armes de destruction massive » qu’aurait eues Saddam Hussein, d’après les mensonges américains;

    • Ses échecs ont ruinés sa valeur aux yeux de ses maitres,
      Elle essaie donc de se recréer une légitimité populaire.
      Tactiquement elle a raison pour elle…
      Ceci dit, c’est à ce genre de rats que l’on compte les fissures, soutenont la pour élargir la fissure.

  4. Les unes de l’Humanité et de libération font référence à l’excellent film : « Good Bye, Lenin ! »
    A voir et revoir sans modération aucune

  5. Vous oubliez l’empire brittanique liquidé par Churchill avec l’aide interessée de Roosevelt…

  6. Les empires meurent, mais les nations vivent. L’empire des tsars puis l’empire soviétique ont disparus, mais la nation russe est toujours là!

    • Les russes st pour le retour de l’URSS. Ils ont bien raison. Retour aux droits ouvriers un bien plus gde égalité. UE est la prison des peuples et s’appuie sur des nazis. Trahirez vs la République ?

  7. Si j’etais un adepte des voies de la synchronicité, ou comme les Romains précédemment cités, des augures, je verrai dans le décè de celui qui fut l’artisan avec Reagan de la fin de la guerre froide, ainsi que l’initiateur des traités de non-prolifération et de désarmement, quelques jours après que les USA aient révisé leur doctrine d’emploi du feu nucléaire, de sombres, sombres ..Très sombres hospices…Mais fort heureusement ce n’est pas mon cas…;)

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