Les armées fantômes de l’OTAN

Depuis février 2022 se déroule en Europe centrale une guerre de haute intensité entre pairs. Ce qui ne s’était pas produite depuis 1945. Ce conflit est dominé par la Russie.

 Le psychopathe incompétent qui nous sert de président continue ses rodomontades. Sans peur du ridicule, il annonce qu’il déclare la guerre à la Russie en brandissant des cartes sur papier A4. Continuant à se déconsidérer dans le monde entier, voilà que maintenant il paraît qu’il veut annoncer une « coalition la volonté » contre les Moujiks lors des cérémonies de commémoration du 6 juin. Les bredouillis de Biden sur l’autorisation de frapper la Russie dans la profondeur, les jappements des chihuahuas baltes, les piqûres d’épingle contre certaines installations de la triade nucléaire russe inquiètent. C’est compréhensible, et cela provoque chez nous quelques cris d’orfraie.

Le problème, c’est que les dirigeants occidentaux sont incompétents. Heureusement, quoi qu’en dise David Pujadas, les Russes sont rationnels et sensés.

Nous publions une analyse de l’état des forces, qui nous explique pourquoi l’implication de l’OTAN n’est pas réalisable.

Aurelien est le pseudonyme d’un spécialiste qui intervient sur Substack. On peut retrouver ici l’original de l’article.

Regis de Castelnau

Alors que la phase militaire de la crise en Ukraine entre dans sa longue phase finale, dont les conséquences sont désormais indubitables pour tous ceux qui ont des yeux pour voir, on pourrait espérer que les experts, quelles que soient leurs opinions personnelles sur l’équipe de football qu’ils aimeraient voir gagner, acceptent la réalité et commencent à critiquer l’Europe et le monde pour la victoire russe. Pourtant, l’emprise de la pensée conventionnelle et la peur d’abandonner les croyances sacrées sur le monde sont telles que cela se produit rarement. En effet, de tous les points de vue idéologiques, nous entendons parler d’une nouvelle étape menaçante dans l’évolution de la crise, celle de l’intervention de l’OTAN, ou, comme je suppose que nous devrions l’écrire, de l’INTERVENTION de l’OTAN. Pour certains, la seule façon de « vaincre » la Russie et « d’arrêter Poutine » est que l’OTAN « s’implique », tandis que pour d’autres, une telle intervention est un expédient impérialiste américain désespéré qui ne fera que provoquer une Troisième Guerre mondiale et la fin du monde.

Si vous avez lu certains de mes précédents articles, vous vous rendrez compte que ces deux arguments sont complètement faux. Mais même si moi-même et d’autres écrivains beaucoup plus éminents et largement lus, le disons depuis un certain temps, cela ne semble guère avoir été pris en compte. C’est donc un texte que je pensais ne jamais avoir besoin d’écrire, mais qui semble maintenant nécessaire. Cela entre dans ce que l’on pourrait appeler des détails atroces, mais dans ce genre de sujet, le diable est dans le détail, ou même dans le détail du détail. Cela dit, il y a beaucoup plus de niveaux qu’il ne couvre pas, sur lesquels des personnes qui sont de bien plus grands experts militaires que moi peuvent commenter, mais s’en tiennent plutôt à une vue d’ensemble. Donc….

Alors que je réfléchissais à la manière d’aborder cet essai, je suis tombé sur le fantôme du grand penseur militaire prussien Carl von Clausewitz et, un peu contre mes attentes, il a volontiers accepté de me livrer quelques réflexions d’ouverture. J’ai ensuite noté notre conversation, et elle s’est déroulée à peu près comme ceci :

Aurélien : Merci beaucoup d’avoir accepté de parler sur mon site, d’autant plus que je vous ai déjà fait appel à plusieurs reprises.

Clausewitz. Ah, pas du tout. Vous voyez, les gens me comprennent complètement et me citent mal depuis deux cents ans maintenant, et ça ne s’améliore pas. Ceci en dépit du fait que je ne pense pas que le tome I de De la guerre – le seul que je n’aie jamais vraiment terminé – pourrait être beaucoup plus clair, et que vous pouvez le lire et l’absorber en un après-midi.

Aurélien . Et quel est le message essentiel que, selon vous, les gens ne comprennent pas actuellement ?

Clausewitz. Écoutez, c’est très simple. L’action militaire est elle-même une affaire technique qui peut bien ou mal se passer, mais ce résultat n’a d’importance que dans la mesure où il est lié à un objectif politique que vous souhaitez atteindre. Par « politique » – puisque nous parlons en anglais – je n’entends pas la politique des partis, j’entends la politique de l’État lui-même : en d’autres termes, ce que le gouvernement essaie de réaliser. (En allemand, c’est le même mot.) Mais la condition préalable absolue est que le gouvernement ait une idée de ce qu’il veut réaliser et une idée de la manière dont cela pourrait se produire. En particulier, il doit identifier ce que j’appelle le centre de gravité, c’est-à-dire la cible la plus importante contre laquelle vous dirigez vos efforts, et qui permettra d’atteindre cet objectif pour vous. A mon époque, il s’agissait souvent de l’armée ennemie, mais cela pouvait aussi être la capitale, la force d’une coalition ou encore le moral de la population. En fin de compte, ce que vous visez réellement, c’est le processus décisionnel de l’ennemi. Comme je l’ai dit dans mon livre, la guerre consiste à forcer notre ennemi à faire ce que nous voulons, pas seulement une destruction inconsidérée. De nos jours, nous ne parlons pas de guerre à la légère et nous n’avons pas toujours de simples ennemis. Je dirais donc que « toute opération militaire doit avoir un objectif ultime, non militaire, sinon c’est une perte de temps ».

Aurélien . Alors, où allons-nous à partir de là ?

ClausewitzEh bien, bien sûr, il ne suffit pas d’avoir un plan stratégique, aussi bien défini et sensé soit-il. Vous avez besoin de capacités militaires, tant en termes d’équipements et d’unités que de formation et de compétences professionnelles, pour mettre en œuvre ce plan. Nous disons donc qu’au-dessous du niveau stratégique et de la planification stratégique, vient le niveau opérationnel, où vous essayez de rassembler toutes les activités plus détaillées de niveau tactique de vos forces individuelles, dans un plan cohérent, pour obtenir un résultat. qui rend l’objectif stratégique possible. Et historiquement, depuis l’époque d’Alexandre, c’est toujours la partie la plus difficile.

Aurélien Et dans la guerre actuelle ?

ClausewitzEh bien, la façon la plus simple de le dire est que, même si les deux parties ont eu des objectifs stratégiques, seuls les Russes ont réellement eu des plans stratégiques et opérationnels appropriés. L’Occident souhaite depuis longtemps renverser le système actuel en Russie et, plus récemment, ses dirigeants ont également craint la puissance militaire croissante de la Russie. Mais tout cela est très incohérent et semble désespérément et paradoxalement mêlé à des croyances de supériorité raciale et culturelle sur les Russes. Le résultat est qu’il n’y a jamais eu de véritable plan stratégique, au-delà de l’espoir que le renforcement de l’Ukraine, par exemple, affaiblirait d’une manière ou d’une autre le système russe. Et quant à l’Ukraine elle-même, eh bien, l’Occident n’a jamais vraiment eu de plan stratégique, encore moins opérationnel : juste beaucoup de postures et d’initiatives déconnectées. Si l’on veut, cela revenait simplement à maintenir la guerre dans l’espoir que la Russie s’effondre. Ce n’est pas une façon de mener une guerre à mon avis : les éléments ne sont tout simplement pas connectés entre eux, et dans ce cas, vous ne pouvez pas gagner. Et maintenant, je dois aller discuter avec Toukatchevski et Patton, qui sont toujours obsédés par la guerre de manœuvre en Ukraine.

Et c’est là que la conversation s’est terminée. Mais cela m’a fait penser que l’obstacle le plus fondamental à toute « implication » de l’OTAN en Ukraine est conceptuel. Personne ne sait vraiment à quoi cela sert ni, à quoi cela ressemblerait. Personne ne sait ce que cela serait censé accomplir, ni quel serait « l’état final », en langage technique.

C’est à peu près le cas depuis le début. À tout moment, au moins depuis la fin 2021, l’Occident a été surpris par les actions russes et a dû se démener pour suivre le rythme. Les projets de traités de décembre 2021 n’étaient pas anticipés et n’ont suscité aucune réponse occidentale cohérente. La constitution ultérieure des forces russes a été mal comprise : certains pensaient qu’aucune invasion n’était planifiée, d’autres ont mal compris la nature de l’invasion elle-même et quels en étaient les objectifs. Depuis lors, l’Occident a pris au moins un pas de retard, se surprenant continuellement et réagissant aux actions russes. En outre, bon nombre de ses propres actions ont été basées sur ce qui était réellement possible (attaquer la Crimée, envoyer certains types d’équipement) plutôt que sur des actions susceptibles d’aider l’Occident et l’Ukraine à rattraper les Russes, et encore moins à prendre l’initiative. Tout cela contrevient à l’un des principes éternels de la guerre, qui est la sélection et le maintien du but. L’Occident n’a pu identifier aucun objectif à son implication, sauf celui qui est par définition impossible sur le plan militaire (restauration des frontières de l’Ukraine de 1991) ou celui qui n’est qu’un fantasme politique (le retrait de Poutine du pouvoir). disent que l’Occident n’a pas d’objectifs en tant que tels, mais plutôt une série d’ aspirations vaguement définies.

Il existe un exemple légèrement technique mais intéressant qui a beaucoup contribué à clarifier ce genre de situation, alors permettez-moi de faire un bref détour. Pendant la guerre de Corée, de nombreux combats ont eu lieu entre des chasseurs américains F-86 et des MiG-15 pilotés souvent par des pilotes chinois et parfois russes. Les caractéristiques techniques de l’avion étaient très similaires et la différence dans les compétences des pilotes n’était pas grande. Pourtant, le F-86 est sorti vainqueur la plupart du temps. John Boyd, alors officier de l’US Air Force, a étudié le problème et s’est rendu compte que, dans une situation où les victimes ne pouvaient être obtenues de manière fiable qu’en se plaçant derrière l’ennemi, cela nécessitait de se tourner plus étroitement que votre adversaire. Il est apparu que le F-86 disposait d’un avantage modeste, mais en réalité vital, et qu’après plusieurs séries de manœuvres, il était généralement capable de se positionner derrière les avions ennemis. L’importance de ceci était que le pilote américain conservait l’initiative, tandis que le pilote ennemi essayait toujours de secouer le F-86 de sa queue.

Boyd a ensuite systématisé ce processus en le divisant en quatre étapes. Le premier est l’Observation (« que puis-je voir ? »), le deuxième est l’Orientation (« qu’est-ce que cela signifie ? »), le troisième est la Décision (« qu’est-ce que je vais faire ? ») et le dernier, bien sûr. , c’est l’Action. Et puis tu recommences. Collectivement, ces étapes sont connues sous le nom de cycle Boyd, ou plus familièrement la « boucle OODA ». Mais ce que Boyd a réalisé, c’est que celui qui réagit le plus rapidement peut en fait pénétrer dans la boucle de l’ennemi, de sorte qu’au moment où l’ennemi est prêt à agir, la situation a changé et le processus de décision doit tout recommencer. Cela s’applique de manière omniprésente, depuis le combat original entre avions jusqu’au niveau stratégique.

C’est en effet la situation dans laquelle se trouve l’Occident depuis le début de la crise : courir pour rattraper son retard. Les Russes ont prouvé (sans surprise s’ils étudient l’histoire) qu’ils étaient prompts à adapter leurs tactiques, à modifier et à introduire de nouvelles armes. Ce n’est pas le cas de l’Occident. Ainsi, nous voyons maintenant les Ukrainiens transférer frénétiquement leurs forces d’une manière ou d’une autre pour faire face à la dernière attaque, et ni eux ni leurs sponsors occidentaux ne savent avec certitude quelles attaques sont réelles et lesquelles ne sont que des feintes. En effet, il est peu probable que l’Ukraine et l’Occident aient jamais pris l’initiative de cette guerre : même la célèbre offensive de 2023, je dirais, a été essentiellement imposée à l’Ukraine par les Russes dans le but d’épuiser davantage leur propre armée, et les forces occidentales l’aide qu’ils avaient reçue.

Or, une explication de cette disparité nous ramène en réalité aux caractéristiques techniques : non pas des avions, cette fois, mais des organisations. Le groupe dispersé du Grand Ouest qui soutient l’Ukraine est divisé entre lui-même, et son acteur le plus influent, les États-Unis, est divisé en lui-même. La Russie est une puissance unique, dotée d’un degré manifestement élevé de cohérence. (L’unité de commandement est d’ailleurs un principe militaire dans certaines traditions.) Même dans des circonstances idéales, l’Occident sera donc plus lent à réagir que les Russes, et les circonstances sont loin d’être idéales. Les Russes ont donc, et auront dans un avenir proche, l’initiative et les avantages d’une boucle OODA plus rapide.

Parce que l’Occident n’avait pas de plan stratégique au départ, et seulement des objectifs stratégiques très vagues, et parce qu’il n’a jamais eu l’initiative et ne peut pas réagir aussi vite que les Russes, parler d’une « implication » de l’OTAN est fondamentalement vide de sens. Il est vrai, à un certain niveau, que l’OTAN pourrait se désarmer encore plus rapidement en envoyant quelques unités en Ukraine, pour y être anéanties par des bombes planantes et des missiles à longue portée sans voir l’ennemi, mais cela ne répond pas à la question de savoir ce que sera l’ennemi. Et ne répond pas non plus à la question de savoir à quoi servirait réellement le déploiement de telles forces.

Comme souvent, face à ce genre de problème, les dirigeants politiques se replient sur un brouillard de généralités. On nous dira que tel ou tel déploiement vise à « montrer à Poutine qu’il ne peut pas gagner » ou à « démontrer la détermination de l’OTAN à résister à l’agression ». Le problème, bien entendu, consiste à traduire ce genre d’aspiration trouble (puisqu’il ne s’agit même pas à proprement parler d’un objectif stratégique) pour le type de plans opérationnels et tactiques dont parlait Clausewitz. En pratique, cela revient généralement à faire quelque chose pour le plaisir de faire quelque chose, ce qui est une mauvaise idée infaillible, et conduit souvent à des décisions prises à travers le pseudo-syllogisme tripartite que j’ai souvent cité : il faut faire quelque chose, c’est quelque chose. Alors faisons-le.

Imaginez, si vous voulez, les trente-deux membres actuels de l’OTAN autour de la table, discutant de ce qui « peut être fait ». Même le principe de « faire quelque chose » serait controversé, et les États-Unis eux-mêmes risquent de toute façon d’être amèrement divisés sur la question et auront du mal à prendre position. Les pays qui ne peuvent pas ou ne veulent pas envoyer de troupes seront plus enthousiastes que ceux qui le peuvent. Les États-Unis voudront commander l’opération, même s’ils ne déploient aucune troupe. L’opération devra être commandée depuis Mons car il n’existe pas de QG dotés de capacités similaires ailleurs en Europe. Il y aura d’interminables débats sur qui commandera la force elle-même, qui contribuera à son QG, quelles seront les lignes hiérarchiques politiques et même quelles seront ses règles d’engagement, puisque les pays de l’OTAN ont des lois différentes sur l’usage de la force à l’extérieur. Pour un conflit armé général ? Oh, et que va réellement faire cette force ? Quel est son objectif et comment saurons-nous s’il a été atteint ? Il faudra probablement des jours de discussions pour déterminer quelles sont les décisions qui doivent réellement être prises.

De plus, la décision devra être unanime : toute velléité de désaccord interne « fera le jeu des Russes ». Un temps et des efforts énormes seront donc consacrés à des plans et des objectifs terriblement complexes et contradictoires, avec quelque chose pour tout le monde, et rien qui puisse prêter à de sérieuses objections. Nous sommes déjà venus ici : l’exemple classique est le déploiement de la FORPRONU en Bosnie de 1992 à 1995, qui souffrait du problème fondamental suivant : (1) de nombreuses nations voulaient que quelque chose « soit fait », mais pas par elles-mêmes, et (2), il n’y avait rien de valable qu’une force militaire puisse réellement faire. Cela a produit un mandat chaotique et fréquemment changeant, variant selon l’équilibre des forces au sein du Conseil de sécurité, qui était impossible à mettre en œuvre (les forces n’étaient tout simplement pas disponibles) et était inutile pour les commandants sur le terrain. Toute « implication » de l’OTAN serait bien plus compliquée que cela.

Mais supposons simplement que l’état-major militaire international soit envoyé pour préparer des options et qu’il découvre qu’il n’y en a que deux. Il s’agit (1) d’une force expéditionnaire destinée à combattre les Ukrainiens et de tenter de conserver, et si possible de récupérer, un territoire, et (2) d’être une présence purement démonstrative, quelque part dans une zone relativement sûre, dans l’espoir de « décourager » les Russes d’attaquer, ou du moins de faire valoir un argument politique, quel qu’il soit. Nous aborderons les aspects pratiques spécifiques des différentes options dans un instant, mais nous devons d’abord comprendre que, dans les deux cas, il existe un certain nombre de questions préalables courantes auxquelles il faut répondre.

Combien de temps est-ce que cela prendrait ? Non seulement il faut tenir compte du temps nécessaire à la formation et au déploiement, mais même dans ce cas, on ne peut pas laisser indéfiniment les forces sur le terrain en opération. Les nations effectuent généralement une rotation des forces après un déploiement de 4 à 6 mois. Cela signifie que quelle que soit la taille de la force envoyée, il doit y en avoir une autre derrière, qui s’entraîne et se prépare. Et derrière ça, un autre. Si vous n’y parvenez pas, les Russes n’auront qu’à attendre et vos forces rentreront chez elles. En fonction de la taille de la force qu’elle souhaite envoyer, l’OTAN constaterait probablement que, pour des raisons politiques et de ressources, elle pourrait soutenir un maximum de deux déploiements.

Quelle est la posture de forceLa situation juridique serait compliquée, c’est le moins qu’on puisse dire. Peu de pays de l’OTAN seraient heureux d’être explicitement parties au conflit, car cela exposerait leurs propres territoires nationaux à des attaques contre lesquelles ils n’auraient aucune défense, sans pouvoir frapper utilement la Russie. Il faudrait trouver une formule compliquée qui leur permettrait de répondre aux attaques russes, mais sans déclencher un conflit (ce qui serait de toute façon suicidaire). L’aéroport dont ils dépendent pour leur réapprovisionnement ? Que se passe-t-il lorsque des avions russes patrouillent continuellement juste en dehors de la portée d’engagement mais ne manifestent aucune activité hostile ? Que se passe-t-il lorsqu’un missile survole la force de l’OTAN et frappe une cible à cinq kilomètres ? Que se passe-t-il lorsque les troupes russes passent fréquemment, prennent des photos et exigent finalement que les troupes occidentales quittent la zone avant une certaine date sous peine de subir des conséquences non précisées ? Que se passera-t-il si les Russes coupent l’eau douce et empêchent l’approvisionnement en nourriture ?

Individuellement, ce type d’éventualités peut être géré par une seule nation avec des instructions claires. Le problème réside dans la recherche d’une sorte de consensus sur ce qu’il faut dire au commandant avant le début de la mission, et d’une manière de réagir aux développements inattendus. Le risque est d’envoyer des troupes armées d’une sorte de salade de mots qui dit tout et rien au commandant, et que lorsque quelque chose de véritablement inattendu se produit, le système se bloque, incapable de prendre une décision. Et nous pouvons supposer que les Ukrainiens tenteront d’impliquer l’OTAN dans les combats, par un subterfuge ou un autre, y compris, par exemple, en lançant des attaques depuis les territoires où les troupes de l’OTAN sont déployées, avec des armes occidentales.

Que se passerait-il si les choses tournaient malLa crédibilité d’un déploiement militaire dépend dans une certaine mesure de sa capacité à réagir aux événements et à faire face à des problèmes inattendus. Il est hautement improbable qu’une force de l’OTAN envoyée en Ukraine, quelle que soit sa taille, dispose de réserves facilement disponibles et ne puisse donc pas s’intensifier. Durant la guerre froide, il existait une unité militaire multinationale de l’OTAN portant le titre accrocheur de Force mobile (terrestre) du Commandement allié en Europe, familièrement connue sous le nom d’AMF(L). Il s’agissait d’une force facilement disponible, capable d’un déploiement rapide en cas de crise. Mais l’essentiel était qu’il ne s’agissait que de la pointe de la lance, et qu’elle pourrait être rapidement renforcée si la crise s’aggravait. Cela pourrait donc (selon l’OTAN) remplir une fonction de dissuasion. La même chose n’est pas possible en Ukraine, même en principe. Et si une force de l’OTAN était réellement attaquée ? Se retirerait-il ? Essayerait-il de se battre ? Jusqu’à quel niveau de victimes ? Que se passe-t-il s’il subit un bombardement d’armes telles que des missiles ou des bombes planantes, ou une attaque massive de drones, auxquels il est incapable de répondre ? Que se passe-t-il si, après quelques tirs démonstratifs, la force est menacée de destruction si elle ne se retire ? Non seulement cela provoquerait une crise politique au sein de l’alliance, mais il est tout à fait possible que des nations individuelles retirent leurs forces du commandement de l’OTAN et les ramènent chez elles.

Comment allons-nous fonctionnerAlors que Clausewitz s’éloignait, il tourna la tête et cria « n’oubliez pas la doctrine ! » Il avait bien sûr raison. La doctrine est ce qui indique aux militaires comment combattre, et elle doit être pratiquée régulièrement afin que les commandants à tous les niveaux la connaissent et n’aient pas besoin de se faire dire quoi faire. Durant la guerre froide, l’OTAN avait un concept de défense qui impliquait de se défendre le plus près possible de la frontière pour des raisons politiques et de se rabattre sur ses lignes d’approvisionnement et ses réserves. Pendant ce temps, les forces aériennes tenteraient de détruire les forces soviétiques de deuxième et troisième échelons, d’attaquer les centres logistiques et les aérodromes, tout en maintenant la supériorité aérienne sur l’Europe occidentale. Il existait des plans opérationnels très détaillés : par exemple, le 1er corps (britannique), renforcé à son effectif de guerre d’environ 90 000 hommes, était chargé d’arrêter la troisième armée de choc soviétique. L’espoir était qu’à mesure que l’Armée rouge avançait vers un territoire inconnu, plus éloigné des approvisionnements, elle pourrait éventuellement être stoppée à l’est de ce qu’on appelait la ligne Omega, où l’armée de l’OTAN aurait le droit de demander la libération d’armes nucléaires tactiques. Le point important à ce sujet est que toutes sortes de conséquences doctrinales en découlaient à différents niveaux, et que cette doctrine pouvait être écrite, enseignée, mise en pratique et révisée.

Rien de tout cela n’existe aujourd’hui. L’OTAN, en tant qu’alliance, ne dispose pas vraiment de doctrine militaire, et certainement pas adaptée à la situation actuelle. Le déploiement en Bosnie en 1995 n’était pour l’essentiel qu’une simple tentative, et le déploiement en Afghanistan représentait un type de guerre totalement différent. Il n’existe aujourd’hui dans aucune armée de l’OTAN aucun officier supérieur ayant l’expérience du commandement de grandes opérations et, comme la durée moyenne de service d’un soldat est généralement de 7 à 8 ans, la plupart des armées de l’OTAN n’ont aucun soldat ayant participé au combat, et probablement pas beaucoup. les officiers non plus. Les Russes ont certes retenu la doctrine militaire de l’ère soviétique pour les combats à grande échelle et de haute intensité, mais nous avons vu avec quelle rapidité ils ont dû la modifier en Ukraine. L’OTAN ne pourrait jamais s’attendre à une supériorité aérienne sur un champ de bataille en Ukraine, et elle n’a aucune doctrine (ni aucun équipement) pour combattre dans des conditions de supériorité aérienne ennemie. Il n’a pas de doctrine pour faire face aux bombes planantes lancées à partir de distances où l’avion lanceur ne peut pas être détecté ou du moins sa cible est inconnue, ni de doctrine pour faire face aux attaques par missiles balistiques et essaims de drones. (Oui, il dispose d’un équipement capable de détruire théoriquement des drones, mais d’aucune doctrine pour faire face à une attaque sophistiquée par essaim de drones à l’aide de leurres. Ses troupes ne sauraient tout simplement pas quoi faire.)

De plus, nous nous dirigeons vers une conception de guerre où les unités ennemies sont faciles à trouver et à détruire, et où l’un des principes de guerre – la concentration des forces – ne s’applique plus comme autrefois. D’après les vidéos disponibles, la plupart des attaques sont désormais à petite échelle, mais coordonnées sur une zone très vaste. Ainsi, la guerre ressemble aujourd’hui à un jeu d’échecs joué sur un échiquier de deux cents cases de côté, avec peut-être une centaine de pièces par joueur. Il s’agit d’un type de guerre qui confie d’immenses responsabilités aux officiers subalternes et aux sous-officiers, qui doivent tous être soigneusement formés à la même doctrine et disposer d’équipements de communication totalement interopérables et très sophistiqués. Et même alors, nous avons vu que les nouvelles unités employées par les Russes dans la direction de Kharkov commettent toutes sortes d’erreurs lors de leurs premiers affrontements avec l’ennemi.

L’OTAN n’a rien de tout cela : ses contingents nationaux ne peuvent même pas nécessairement se parler, ses troupes n’ont pas de doctrine commune et elle n’a absolument aucune idée institutionnelle de la manière de mener une guerre de ce type, même si, par miracle, un un objectif opérationnel pourrait être convenu. En fait, l’OTAN n’a jamais eu de doctrine opérationnelle offensive, ni de doctrine pour la défense des positions fortifiées statiques, comme l’a fait l’Ukraine. Sa seule doctrine consistait en une retraite combattante le long de ses propres lignes de communication. Il n’y a donc pas non plus de précédent historique à utiliser.

Jusqu’ici tout va mal, pensez-vous peut-être, mais ce n’est que l’aspect cérébral du problème, bien que sans doute le plus important. (Aucun équipement sophistiqué ne vous sera d’aucune utilité si vous ne savez pas quoi en faire.) Il y a au moins deux autres obstacles majeurs à surmonter, et le premier consiste en fait à rassembler une force : ce que les professionnels appellent la génération de force. À son tour, cela comporte une composante à la fois politique et militaire. Si l’OTAN devait un jour « s’impliquer », alors la force devrait ressembler à une force internationale, avec au moins des contingents symboliques provenant de la grande majorité des 32 pays de l’OTAN, et toutes les nations devraient apporter publiquement leur soutien politique. Dans le passé, cela a constitué un problème majeur : le déploiement international en Afghanistan en 2002 a été retardé pendant des semaines tandis que les députés allemands étaient rappelés des plages de Croatie pour donner l’approbation nécessaire à la participation des forces de leur pays. La plupart des pays doivent surmonter des obstacles juridiques ou parlementaires avant de pouvoir déployer des troupes en dehors du territoire national. Les chances qu’un obstacle politique majeur se dessine à un moment donné sont probablement de l’ordre de 100 %, même avec un petit déploiement.

Deuxièmement, la force doit avoir une structure crédible. Ce n’est pas une bonne chose que 25 des 32 nations se portent volontaires pour fournir un soutien logistique dans la zone arrière depuis la Pologne. L’état-major militaire international devra adopter le concept finalement convenu et développer une structure de force pour y répondre. Ensuite, ils devront demander aux nations de fournir les unités. Bien entendu, la politique, tant nationale qu’internationale, est également impliquée ici. Les nations pourraient très bien offrir, ou refuser d’offrir, des forces pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la mission ostensible. Certains types d’unités peuvent être rares : les communications stratégiques en sont un bon exemple. De nos jours, peu de pays ont l’expérience d’opérer en dehors de leur territoire national, et si vous disposez d’un seul régiment de transmissions opérationnel, risquez-vous de le perdre ? Il y aura également les habituelles disputes vicieuses sur le commandement. Dans la plupart des opérations internationales, il existe ce qu’on appelle une « nation-cadre », qui fournit le commandant et environ 70 % de l’état-major du quartier général, garantissant le bon fonctionnement des choses. Il est courant de changer de nation tous les six mois environ lors des missions internationales, mais cela pourrait poser un problème en Ukraine. À partir de tout cela, il faut construire une force correctement équilibrée, capable, du moins en théorie, de mener à bien une mission.

Et quelle serait cette mission ? Eh bien, nous arrivons ici au cœur du problème. Je pense qu’il est clair que l’OTAN ne peut rien faire d’utile sur le plan militaire pour influencer l’issue des combats. Par conséquent, tout déploiement sera essentiellement théâtral, visant autant l’opinion publique nationale que celle des Russes. Cette dernière affirmation peut paraître surprenante à certains, malgré ce que j’ai déjà dit, mais considérez simplement quelques éléments. Il est notoire que les armées occidentales ont laissé leur capacité à mener des guerres conventionnelles de haute intensité s’évaporer presque à néant. Comme je l’ai souvent souligné, c’est très bien tant que vous ne cherchez pas à contrarier un grand État qui ne l’a pas fait. Comme vous l’aurez compris au cours des discussions jusqu’à présent, l’OTAN serait confrontée à d’énormes problèmes de coordination, de doctrine et de génération de forces, même si elle parvenait à se mettre d’accord sur un objectif. Ses troupes ne sont pas entraînées pour ce genre de guerre et n’ont jamais opéré ensemble. Mais les unités sont là, n’est-ce pas ? Et le matériel ?

Pas vraiment. Il faudrait un essai séparé pour entrer dans les détails, mais vous pouvez vérifier par vous-même la taille et la composition des armées occidentales, et avec quelques calculs, vous pouvez voir que l’Occident aurait du mal à déployer une force. plus puissante que les neuf brigades entraînées et équipées par l’Occident pour la Grande Offensive de 2023, qui ont juste rebondi sur les forces russes sans rien réaliser de notable. Et ces brigades comprenaient un certain nombre d’unités et de commandants expérimentés. Une force de l’OTAN devrait couvrir de longues distances, sans couverture aérienne ni protection contre les attaques à longue portée, simplement pour être en mesure de combattre. Et une grande partie de son équipement ne serait pas meilleur, voire inférieur, à celui des unités participant aux attentats de 2023.

Mais qu’en est-il des Américains, me demanderez-vous ? Eh bien, on dit souvent que les États-Unis ont « cent mille soldats en Europe ». Mais si vous visitez le site Web du Commandement américain en Europe, vous verrez de nombreuses photos et vidéos astucieuses, des histoires réconfortantes d’activités de coopération et de formation, ainsi que des articles sur les rotations des troupes, les exercices et les plans visant à baser davantage de troupes américaines en Europe. Bientôt maintenant. Mais il n’y a presque rien sur la force de combat réelle, et de nombreux liens vers des niveaux inférieurs renvoient à des vidéos et à des articles de presse. En fait, si vous consultez des sites extérieurs, notamment Wikipedia , il est assez clair qu’il n’y a que trois unités de combat de l’armée américaine en Europe : un régiment de cavalerie Stryker en Allemagne, une unité aéroportée de la taille d’une brigade en Italie et une unité d’hélicoptères, également en Allemagne. Allemagne. Le tableau est confus par les rotations, les exercices, les structures d’entraînement et de commandement et les annonces de déploiements prévus (il existe désormais un QG de corps, mais pas de corps), mais le message est suffisamment clair. Les États-Unis ne disposent pas d’unités de combat terrestre en Europe adaptées à une guerre terrestre de haute intensité. Il existe bien sûr de nombreux avions, mais il serait impossible pour les unités aériennes européennes ou américaines d’opérer avec succès depuis des bases situées en Ukraine, et si elles étaient basées à l’extérieur, elles constitueraient en grande partie un symbole politique.

Avec suffisamment de temps, d’argent, de volonté politique et d’organisation, la plupart des choses sont possibles. Mais il n’y a aucune chance, répétons-le, que l’OTAN rassemble une force qui constituerait autre chose qu’une nuisance pour les Russes, tout en mettant de nombreuses vies en danger. Tout ce que je peux imaginer, c’est un déploiement purement politique, de forces non destinées à combattre. Les planificateurs proposeraient probablement deux options : une option « légère » qui pourrait être appelée quelque chose comme une « force de liaison » ou une « équipe de surveillance », et une « option moyenne » d’une force d’unités de combat, même s’ils ne s’attendaient pas à lutte. (Il n’y a pas d’option « lourde ».)

Même l’option « légère » nécessiterait une équipe multinationale, des interprètes, des agents de sécurité, des véhicules spécialisés en communication, des hélicoptères, une unité de soutien logistique et un approvisionnement garanti en carburant, nourriture et autres produits de première nécessité. A titre indicatif, la mission de vérification au Kosovo de 1998-99, sous les auspices de l’OSCE, comptait près de 1 500 observateurs, plus du personnel de soutien, avec des véhicules, des hélicoptères et des avions, pour un pays comparable en taille peut-être à la Crimée. Même alors, ils n’avaient aucune capacité de se protéger et ont été retirés pour leur sécurité avant le début des bombardements de l’OTAN. Le simple fait de tenter de couvrir les principales agglomérations de l’Ukraine représenterait un engagement massif, et la force devrait rester à l’écart des combats. Oh, et les Ukrainiens feraient tout ce qu’ils peuvent pour amener les Russes à cibler la mission, ou à donner l’impression qu’ils l’avaient fait.

Une force purement cérémonielle composée de quelques unités de la taille d’un bataillon, déployées autour de Kiev, pourrait être une option « moyenne » typique. Mais attendez : une telle force devrait être insérée, probablement par chemin de fer, sur des ponts qui pourraient ou non être intacts. Une grande partie du personnel devrait être transportée par avion vers des aéroports ou des aérodromes sous un risque permanent d’attaque. On ne pouvait pas compter sur les Ukrainiens pour un soutien logistique (ou quoi que ce soit d’autre) et cela devrait arriver par les mêmes chemins de fer et par les mêmes ponts. Et vous ne pouvez pas simplement envoyer quelques bataillons : vous auriez besoin d’un quartier général doté de communications stratégiques, d’une unité logistique, d’une unité de transport, d’une unité du génie, d’interprètes, de cuisiniers, probablement d’hélicoptères et d’une équipe de mouvements aériens. Et tout ce que vous obtiendriez serait une force incapable d’activités sérieuses, servant de cible pour les Russes et d’otages pour les Ukrainiens. Je pourrais continuer, mais je pense que cela suffit.

Ce qui nous amène au dernier point. L’Occident continue de se nourrir des investissements technologiques de la guerre froide. Ce n’est pas un hasard si même les chars et autres systèmes de combat les plus modernes envoyés en Ukraine sont des modèles des années 1970 et 1980 (bien que modifiés), ou bien développés pour être utilisés dans des pays comme l’Afghanistan. Il n’est pas évident que l’Occident dispose encore de la base technologique et du personnel qualifié pour concevoir, concevoir, développer, fabriquer, déployer, exploiter et entretenir des équipements nouveaux et sophistiqués pour les guerres de haute technologie. Il existe des types entiers de technologies, comme les missiles de précision à longue portée, pour lesquels l’Occident ne dispose pas actuellement de capacités et, en termes pratiques, il semble peu probable qu’ils les développent. (Il y a trop d’histoires de récents désastres technologiques militaires occidentaux pour même les énumérer ici.) Il n’est pas non plus évident que les États occidentaux soient en mesure d’attirer le nombre et la quantité de recrues dont ils ont besoin, et rares sont ceux qui se joindront avec enthousiasme pour se faire exploser en morceaux par les missiles russes…

En ce sens, l’Occident aurait intérêt à gérer les ressources dont il dispose, car elles sont en déclin et leur remplacement prendrait beaucoup de temps, si tant est qu’il puisse y parvenir.

 C’est peut-être l’argument le plus fort contre une « implication » de l’OTAN.

Régis de Castelnau

29 Commentaires

  1. Il y a une très grande différence entre regarder la façade d’un immeuble ou la plaquette du bilan annuel, et comprendre comment l’entreprise fonctionne et quelles sont en réalité ses vraies forces et faiblesses.
    Seuls ceux qui sont dans la structure le savent, et généralement ils sont tenus au secret.

    J’y pensais hier en regardant des pharmaciens défiler dans les rues et en les écoutant parler.
    J’y pensais ce matin en allant chercher un médicament dans une pharmacie de quartier.

    Souvenez-vous que si vous n’avez pas servi dans les structures de l’OTAN vous n’y connaissez rien. Et même en y ayant servi activement, déployé sur le terrain, vous n’en connaissez le plus souvent que pas grand chose.
    Cela force à la modestie dans les analyses.

    Le subjonctif, le conditionnel, ne donnent pas le style médiatique le plus vendeur.
    Ni en clics de souris, ni en pages de papier.
    Ce sont pourtant les plus crédibles.

    • Absolument ! Vous avez raison, pour pouvoir parler (en l’occurrence ce n’est pas de moi il s’agit d’ Aurélien) il faut avoir des responsabilités à l’OTAN. Sinon ça vaut pas. Le général Yakovlev par exemple. Super compétent. On peut aussi prendre l’exemple des 169 généraux limogés au mois d’août 1914 par Joffre pour incompétence. Ou celui de Gamelin, Navarre, Petraeus etc. etc.
      Franchement vous devriez nous dispenser de ce genre de conneries prétentiardes dont le seul résultat est de nous convaincre que vous êtes un âne.

      • Bonjour,
        Je crois que vous me donnez trop de galons et trop de titres.
        Je ne suis pas breveté, mais simplement diplômé.

        Vous m’écrivez bien mal, ce qui n’est pas dans vos habitudes.
        N’ayant jamais cherché à vous blesser, je met cela sur le compte de trop de messages méchants que vous avez pu recevoir avant de me lire.

        Sachez simplement que sauf pour les opinions politiques je ne suis en rien votre ennemi.
        Mon écrit n’est pas dirigé contre la personne qui écrit, mais pour répondre aux idées exprimées.
        Il se trouve que cette fois, je ne suis pas de l’avis de l’auteur, et j’ai quelques raisons pour cela.

        Ce n’est pas une raison pour me répliquer en des termes si vifs.
        L’injure est l’argument de ceux qui n’ont pas d’arguments.
        Si je ne vous appréciais pas un peu, au vu de ce que vous écrivez depuis des années, je vous jugerai mal et je parlerai mal de vous après vous avoir lu.

        Ce n’est pas le cas.
        Je persiste à garder de vous l’image d’un honnête homme.
        Un honnête homme qui a pu être heurté par les mots d’un imbécile quelques minutes avant et qui déverse sur le suivant (votre serviteur) le mal qu’on lui a fait et que je ne connais pas.
        Reprenez-vous.
        Vous êtes plus grand que cela.

        Pour la liste étoilée à laquelle vous m’associez aimablement, je partage votre avis concernant GAMELIN, qui a finalement eu une paisible retraite après avoir perdu la campagne de France.
        NAVARRE, en Indochine, n’était pas si mauvais que cela même si la bataille de Diên Biên Phù laisse une tache de sang indélébile sur l’histoire de sa vie.
        L’histoire n’aime pas les vaincus.
        PETRAEUS était bien meilleur – à mon avis – que ce que vous semblez dire de lui. Je crois en tous cas qu’il était meilleur que moi.
        Il a au moins eu le mérite de lire « contre-insurrection » du lieutenant-colonel français David GALULA et de le faire lire à ses petits camarades américains.
        Je n’ai pas dit qu’ils avaient compris et bien appliqué. Je dis juste qu’ils l’ont lu.
        Le grand tort de PETRAEUS c’est finalement de s’être fait embourber dans une affaire de cul qui n’est pas aussi simple qu’en apparence.
        Et ainsi, il a été viré.
        Les américains sont de grands enfants qui adorent les contes de fées.
        Or la fellation est la plus gentille des fées. Voyez l’affaire TRUMP, récemment.

        En résumé, merci pour l’expression de la considération que vous me portez.

        Si je puis me permettre un commentaire final, je laisse trois idées à votre appréciation:
        1/ Utilisez la méthode de Voltaire pour les lettres désagréables.
        Vous écrivez la lettre comme votre dernière réponse à mon attention.
        Vous pouvez même en rajouter en grossièreté, cela soulage.
        Ensuite vous la flanquez au feu, ou au broyeur, soyons modernes.
        Et après un temps de réflexion, vous en faites une seconde, si vous jugez utile de m’accorder tant d’attention après réflexion.

        2/ Si vraiment un message vous irrite, allez à la plus proche fenêtre.
        Prenez une pièce de monnaie (deux Euros, minimum) et jetez-là avec force au plus loin devant vous. Après avoir ouvert la fenêtre, évidemment.
        La pièce sera perdue. En revanche vous aurez tout de suite les idées plus claires. C’est tellement bête, de jeter l’argent par les fenêtres que de vous-même vous ne vous y ferez plus prendre sauf si vraiment vous êtes en rage.
        On n’exerce pas le métier d’avocat en étant enragé. On laisse cela aux chiens.

        3/ Il existe des messages privés. Des adresses de messagerie, et même un point de contact permanent sur Internet me concernant.
        Vous le savez. Nous nous sommes déjà écrit par le passé.
        En plus, c’était aimablement.
        Alors envoyez-moi un mot, quand vous êtes agacé, au lieu d’une lettre ouverte au monde entier. Vous me faites trop d’honneur.

        Je ne doute pas que dans notre « mondialisation » où l’on donne le même écho à un crétin qu’à un prix Nobel vous ayez trop souvent des âneries à lire.
        Soyez donc plus grand que ceux qui disent du mal de vous ou des articles que vous faites passer sur votre site.
        Ne vous abaissez pas à des attaques « ad hominem » qui vous dévaluent.

        Veuillez agréer l’expression de ma haute considération.

        Bien cordialement,
        Didier CODANI

  2. Tout simplement extraordinaire de clarté. Du grand art quand à la vulgarisation. Et puis c’est carrément bien écrit. FANTASTIQUE! Merci, merci, merci.

  3. CODANI
    Bravo pour votre commentaire.
    J’ai appris l’existence de De Castelnau en lisant un article du Canard Enchainé intitulé « les idiots utiles de Poutine » qui le citait.
    Pour me faire mon opinion, j’ai écouté ou lu ses « oeuvres ».
    J’hésite: « idiot utile » ou « agent d’influence »?

    • Bon le gars, déjà ces références ce sont les articles de commande du Canard enchaîné devenu l’organe atlantiste bien connu.
      Ensuite « j’ai appris l’existence de De Castelnau ». Déjà, au pignouf qui se pousse du col on va apprendre la syntaxe. Lorsqu’on cite un nom à particule sans le faire précéder d’un attribut, on ne cite pas la particule. Et puis on ne met jamais celle-ci en majuscule ! Donc en bon français c’est j’ai appris l’existence de Castelnau ». Donc pour utiliser la particule il aurait fallu la faire précéder de mon prénom (Régis) de ma qualification (Maître) de mon titre (Baron) de mon grade dans la Légion d’honneur (chevalier). Ce n’est pourtant pas compliqué.
      Vous auriez lu « mes œuvres » ! Vous parlez desquelles ? Par exemple : « La provocation » ? « Pour l’amnistie » ? « Le fonctionnaire et le juge pénal » ? « Portrait des chambres régionales des comptes » ? « Le droit des marchés publics ? » « Élites et sociabilité en France » ? « Le maire et le logement social » ? « Une justice politique » ? Franchement cela m’étonnerait.
      Alors vous parlez peut-être de quelques-uns des 1000 articles publiés depuis 10 ans ? Ou alors de l’écoute des centaines d’interventions télévisées, radios et vidéos ?
      Et vous en auriez tiré une conclusion à la mesure de votre niveau : « célérusses » ?
      Alors en ce qui me concerne, au terme d’idiot qui s’impose spontanément à vous lire on ajoutera l’adjectif inutile.
      Merci dans ces conditions de nous éviter votre présence lourdement intempestive sur ce fil.

      • Me de Castelnau, réjouissez-vous, vos ennemis qui sont aussi ceux du peuple français et de l’humanité disent du mal de vous, preuve de votre pertinence et de la nécessité de vos propos et de votre travail colossal de réinformation face à la machine de propagande milliardaire des agents fascistes,nazis,ukronazis, sionazis et ad nauseam de la bourgeoisie qui matraquent l’opinion publique de leurs discours nauséabonds avant que de censurer, emprisonner et assassiner.
        Chaque fois que je lis,entends ou voient l’un ou l’autre des ces laquais au nez brun, je suis enthousiasmé de constater l’absence d’arguments, de faits,voire de la moindre substance à leurs délires débiles.
        Avec tout mon respect et mon admiration, j’ose vous suggérer humblement d’ignorer ces cancres au service de notre ennemi de classe, il ne prouve que leur soumission à leurs maîtres comme les bons clébarts qu’ils sont: «les chiens jappent, la caravane passe ».
        Encore merci de nous informer,SVP, continuez votre excellent travail avec vos précieux collaborateurs: Hervé Carresse et les autres.
        Ps: à quand une entrevue avec Jacques Bau, de loin l’un des meilleurs experts qui soit et j’en prend pour preuve qu’il n’est jamais invité sur LCI ou sur les merdias mainstream.
        Au plaisir de vous lire encore,encore et encore.

          • C’est un honneur et un devoir que de rendre à César ce qui est à César…et à un authentique communiste, ce qui est à un authentique communiste.
            HASTA LA VICTORIA SIEMPRE.✊(Che Guevara).

      • Virez-les, Maître, une bonne fois, ce peloton de prétentieux qui viennent ici vous insulter de manière arrogante – sans doute pour les raisons que vous évoquez : nom, fonction, grade, légion…

        • Alors Bonnal !
          On fait le vide autour de soi puis on appelle ça la démocratie.
          Laissez-les s’exprimer comme le permet ce rare site sur la toile. Ceux qui ont quelque chose entre les oreilles sauront faire la part des choses mais il est vrai qu’il n’y en aurait que 1% comme vous l’avez souvent supposé sur votre blog.

    • Je n’ai aucun grief personnel contre l’auteur de l’article, ou Régis de CASTELNAU.

      Juridiquement parlant, Régis de CASTELNAU est l’auteur d’analyses et de synthèses brillantes à de nombreuses reprises.

      Je suis certainement un adversaire de ses idées politiques de vieux communiste.
      Mais je ne suis absolument pas un ennemi de l’individu.
      Au contraire, je l’apprécie bien plus quand il prend des positions personnelles (car il a souvent le courage d’en prendre) que quand il suit une sorte de « ligne du parti ».

      Tenu à quelques vieilles obligations de réserve et de discrétion, je ne peux répliquer comme j’aimerai le faire, quand je lis des choses que je considère au vu de ma modeste expérience comme fausses.
      C’est mon point de vue, il souffre la contradiction et je n’oblige personne à être d’accord avec moi.
      Je l’écris en respectant mes contradicteurs, c’est cela, la liberté d’opinion à mon sens.

      Ce que je regrette c’est cet emportement déplacé qui tourne à l’attaque personnelle.

      Je peux comprendre qu’il arrive de répondre trop vite et trop fort.
      C’est un défaut que j’ai eu maintes fois et qui m’affecte encore de temps en temps.
      Oui cela arrive, et il faut avoir l’honnêteté de le constater et parfois de le rectifier.

      Je crois Régis de CASTELNAU avec assez d’honnêteté intellectuelle pour apprécier et reconsidérer la violence inutile de son propos, qui tourne à l’injure sans raison.
      Ce ne sera peut-être pas immédiat, mais il se relira et saura se reprendre.

      Peut-être même aura-t-il la grandeur de présenter ses excuses ?
      Ce n’est pas à exclure; il est assez grand et courageux pour cela.

      Merci en attendant pour votre appréciation.
      Bien cordialement,
      Didier CODANI

  4. Maître !
    « Donc pour utiliser la particule il aurait fallu la faire précéder de mon prénom (Régis) de ma qualification (Maître) de mon titre (Baron) de mon grade dans la Légion d’honneur (chevalier). Ce n’est pourtant pas compliqué. »
    Ce n’est aussi pas compliqué de nous dévoiler le nom de la loge à laquelle vous appartenez comme le fit publiquement l’énarque Eric Verhaeghe sur son site « Le courrier des stratèges ». Mince ! Ce n’est pourtant pas compliqué.

    • Vous n’avez donc rien compris. Je n’ai eu dans ma vie que que trois appartenances : ma patrie, ma famille, et le vrai PCF. Vous me prêtiez l’envie de me déguiser avec un tablier, et d’adhérer à un réseau pour faire du business est tout à fait insultant. Ce que font ceux qui veulent faire du négoce ne me concerne pas. Pour ma part je n’ai jamais dérogé. Eric Verhaeghe que je connais bien et qui est complètement fou porte ça comme un signe extérieur de richesse. Je répète que votre imputation est simplement imbécile. On m’a accusé d’être un agent du KGB, pourquoi pas, mais franc-maçon faut-il ne rien comprendre.

      • Maître,
        Disons que je joue un peu l’idiot utile.
        Car avec cette déclaration officielle comme un « coming out » face au monde, vous devenez quelqu’un de vraiment sympathique, du moins à mes yeux. Ne faudrait-il pas demander à toutes les personnes de pouvoir en France de cocher cette case comme vous venez de le faire ? Ça ferait sans doute avancer la démocratie… Mais rêvons…
        Quant au « vrai » PCF, encore faut-il savoir de quelle période il s’agit ! Certainement pas celle de Doriot qui avait retourné sa veste mais laquelle alors ?
        Pour « l’anecdote historique », mon oncle maternel ancien résistant « officiel » en France avait pris 5 ans de prison pour anti-communisme dans les années 50 après son retour en Pologne en 1948.

  5. Sur la forme : il est difficile sur le Net de trouver de bonnes traductions d’articles anglo-américains , qui ne tombent pas dans le travers de rendre à tout prix le moindre maniérisme du texte original ; cette écriture typiquement blogueur américain qui se veut à la fois simple et en même temps chargée d’informations a du mal à passer en français .
    Ces petites considérations esthétiques évacuées , sur le fond : article très intéressant et bien documenté qui remet les choses en place quant aux capacités actuelles de l’Otan . De là à enterrer le soldat Otan avant de l’avoir tué , il y a une marge . En 2022-2023 on prédisait joyeusement la défaite de la Russie , on a vu ce que cela a donné .
    Je souhaite personnellement que ce conflit cesse dans les meilleurs délais, et considère que le Maidan 2014 a été une catastrophe pour l’Europe et sa vocation naturelle de travailler avec la Russie . La démonstration de la bêtise occidentale depuis lors me rend prudent jusqu’à la paranoïa . Bien malin celui qui peut prédire aujourd’hui l’issue de cette guerre , certainement pas moi ni même Codani avec ses allusions aux rouages cachés de la machine otanienne .

  6. Avec égard pour l’opinion contraire et particulièrement, l’excellent travail «tactique» de Me de Castelnau dont les antécédents familiaux s’expriment à travers cette analyse, je crains qu’il ne soit victime de l’erreur idéologique fondamentale de l’idéaliste Carl von Clausewitz à l’effet que «la guerre n’est rien d’autre que la continuation de la politique par d’autres moyens» alors qu’en réalité «la guerre n’est rien d’autres que la continuation de l’économie par d’autres moyens».
    En définissant la guerre en fonction de la politique, Clausewitz mets la vérité sur sa tête et rends inexplicable la finalité de toutes guerres: s’emparer des richesses de ses adversaires même au sacrifice de ses propres richesses comme un simple calcul capitaliste: combien j’investis de mon capital (constant et relatif) et combien je réalise de plus-value.
    Pour se convaincre de la véracité de la finalité économique de toutes les guerres, il suffit d’en examiner les origines, les étapes et les conséquences.
    Il serait fastidieux et au-delà de mes compétences d’analyser chacune des guerres depuis l’avènement de la civilisation qu’il suffise d’en que quelques unes célèbres.
    Rome a affronté Carthage dans 3 guerres puniques de -264 à -146 afin d’obtenir la domination de la Méditerranée et les richesses y afférentes.L’avenir prouvera que ce fut payant pour Rome et ruineux pour le reste du monde qui fut tantôt réduit en esclavage, tantôt occupé et condamné à des impôts exorbitants contre la «pax romana» soit que Rome ne vous détruise pas, une vraie mafia romaine.
    Le royaume de France a affronté celui d’Angleterre et son allié gascon lors de la guerre de 100 ans de 1338 à 1453 pour la domination du sol français, l’imposition de la domination et l’exploitation féodale de «son» roi et l’expulsion des anglais et l’asservissement de son allié gascon.
    La première guerre mondiale n’a eu pour but que de permettre à la puissance allemande,austro-hongroise et ottomane d’obtenir des marchés au détriment des puissances franco-russe-britannique qui contrôlaient le monde colonial.(Lénine:«impérialisme, stade suprême du capitalisme»).
    La seconde visait à détruire et asservir l’URSS par le LEBENSRAUM à l’Est au profit de l’Allemagne, la domination japonaise en Asie et italienne en Afrique contre les puissances coloniales dominantes qu’étaient la France, l’Angleterre, les U$A et l’URSS.
    La troisième aura pour but de repartager les marchés entre la puissance occidentale dominante U$ et ses vassaux contre celle des aspirants orientaux Chine-Russie-Iran.
    La quatrième si elle a lieu se fera avec «des pierres et des silex» ( Einstein) et opposera des zombies pour survivre aux radiations atomiques.
    L’analyse de la conjoncture militaire actuelle à la lumière de sa finalité économique à la différence de celle politique permets de comprendre que malgré les changements politiques: démocrates-républicains, travaillistes-conservateurs,libéraux-conservateurs,République en marche (arrière)-Rassemblement national,gauche-droite,les «verts-bruns-noirs-rouges…»,Poutine,Biden,Xi,Trump et tutti quanti ad nauseam, la montée du militarisme se poursuit inexorablement.
    Chaque événement apparemment contradictoire se complète.
    Ainsi, en détruisant NordStream, les U$A,Norvège,Danemark ont chassé les russes du marché européen et l’ont remplacé à leur profit et poussé les allemands à la crise, les encourageant à se mobiliser pour la guerre afin d’envahir la Russie et lui voler son gaz comme pour le LEBAUSRAUM.
    En terrorisant les européens, l’argent est détourné au profit des capitalistes du complexe militaro-industriel.
    En attaquant la Russie par le proxy ukrainien et éventuellement européen avant que d’attaquer la Chine, les U$A/U€/OTAN copie Hitler qui a attaqué la France pour obtenir sa collaboration pétainiste et terroriser l’Angleterre avant l’opération Barbarossa LEBENSRAUM contre l’URSS, son objectif ultime: réduire en esclavage les soviétiques ou les exterminer et s’emparer de ses richesses naturelles.
    Chaque geste posé et chaque parole prononcée peut s’expliquer parfaitement dans ce contexte de guerre économique pour peu qu’on les analyse et les changements de parti capitaliste n’y changeront rien car les vrais décideurs, les faiseurs de présidents, de premier ministre et tous les larbins du crétinisme parlementaire bourgeois »blanc bonnet et bonnet blanc» n’y changeront rien.
    Seul l’avènement du socialisme authentique qui n’a rien à voir avec celui d’URSS, de Chine, de Corée du Nord ou de tous ces régimes mensongers ou la social-démocratie des capitalistes pour faire payer aux pauvres l’enrichissement des capitalistes sauvera le monde de sa destruction nucléaire imminente.

    • « En attaquant la Russie par le proxy ukrainien et éventuellement européen avant que d’attaquer la Chine, les U$A/U€/OTAN copie Hitler qui a attaqué la France pour obtenir sa collaboration pétainiste et terroriser l’Angleterre avant l’opération Barbarossa LEBENSRAUM contre l’URSS, »
      En fait, les oligarques français ont laissé l’Allemagne vaincre la France après « la drôle de guerre (Sitzkrieg) ». Dr. hab. Annie Lacroix-Riz en fait le récit effarant.

  7. Je dis souvent que Vladimir Poutine ne voit pas le monde comme nous. Il le voit de cette façon. Militaire et tactique. Mais pas seulement. Il est resté dans la hantise de l’encerclement – mer noire accès stratégiques – et l’humiliation. Quand on le sait, il vaut mieux éviter de se rapprocher de ses frontières. Je ne sais pas pourquoi on nous rabâche qu’il faut oublier sa sphère d’influence. Lui ne l’oublie pas.

    • « … Je ne sais pas pourquoi on nous rabâche qu’il faut oublier sa sphère d’influence. … »

      Définissez qui est le « On » et vous trouverez qui sont les rigolos … 😉

  8. Le texte oublie le principal : les américains NE VEULENT PAS ENVOYER DE SOLDATS. Ils veulent plus simplement envoyer les missiles nucléaires sur Moscou à partir de l’Ukraine, pensant que les russes sont moins culottés qu’eux – ou qu’ils se contenteront de raser l’Europe (voir les menaces de Poutine sur les « petits » pays. Caitlin Johnstone rappelait que les USA sont plus forts car (rappelle Caitlin, citant nûment Keyser Sose et Usual suspects) « ils osent faire ce que les autres n’osent pas faire » – cf. Gaza-Hiroshima-Dresde-Berlin-Vietnam-Bagdad-etc… “One story the guys told me, the story I believe, was from his days in Turkey,” he says. “There was a gang of Hungarians that wanted their own mob. They realized that to be in power, you didn’t need guns or money or even numbers. You just needed the will to do what the other guy wouldn’t.”

    https://nicolasbonnal.wordpress.com/2024/06/01/oser-faire-ce-que-lautre-nose-pas-faire-la-cle-satanique-du-pouvoir-apocalyptique-americain-il-ne-faut-pas-avoir-le-droit-de-mener-une-guerre-il-faut-etre-le-plus-fort-et-tue/

    • « You just needed the will to do what the other guy wouldn’t.” avec comme exemple récent un certain Macron qui se contre-fiche de la constitution : « Qu’ils viennent me chercher ». Et aucun général n’a eu le courage de lui répondre : « Chiche ».

  9. Du sacrifice à l’anti-sacrifice.

    La foule désigne un coupable et, unanime, veut sa perte.

    Le phénomène est connu.

    Cependant, il en va parfois autrement désormais : la foule désigne une victime et, unanime, veut son salut.

    Net et remarquable progrès.

    Sinon quand le résultat est, non pas le salut de la victime, mais sa perte.

    C’est le cas de l’Ukraine : la foule occidentale voulait le salut de l’Ukraine mais elle l’a conduite à sa perte.

    Face à cette perspective imprévue, renversante, la foule occidentale, pétrifiée, hésite à s’en prendre au bourreau russe. Comment le pourrait-elle ?

  10. Bonjour,
    ce texte, que j’ai lu intégralement dans sa version originale, me semble obéir à la volonté de l’auteur de nous amener où il veut, en donnant une impression de scientificité et de pondération, sans toutefois prendre en compte d’évidents arguments contradictoires.
    Après avoir énoncé qu’il n’existerait pas d’objectifs politiques, il limite une intervention de l’OTAN à une intervention terrestre dont il serait difficile de déterminer les contours et les implications et impossible d’assurer la coordination.
    L’objectif politique (quoiqu’on en pense) des occidentaux, semble de plus en plus clair: renvoyer la Russie dans ses frontières de 1991, en permettant aux FAU de la battre sur le terrain et de la chasser manu militari.
    Il est évident que les FAU ne peuvent atteindre ce but seul.

    Pour cela, elles sont déjà aidées par l’OTAN.
    D’abord dans la sphère informationnelle et de prise de décision: l’engagement des moyens OTAN (et d’abord, US, mais pas seulement), est déjà massif dans le domaine du renseignement « électronique » (SIGINT, ELINT, écoutes, cyber sûrement, imagerie satellitaire, alerte aérienne avancée), qui aide à optimiser les moyens, coordonner les actions, identifier, prioriser, traiter les cibles. Il s’agit d’un domaine qui est peu visible (on peut difficilement dénombrer l’effort engagé) mais essentiel à l’efficacité des armes. Il représente de plus en plus la capacité déterminante, structurante, ce qui fait d’ailleurs que les USA sont bien plus puissants, au sein de la sphère occidentale, que la proportion d’armements qu’ils y mettent en oeuvre.
    Deuxième type d’aide les formations d’unités, les armements et munitions. Certes ceux-ci sont peu nombreux en quantité quoique de qualité, mais cette qualité n’est pas toujours un atout quand elle signifie complexité et que l’adversaire même s’il n’aligne pas d’équipements de même niveau dispose toutefois de moyens pour en gêner la pleine exploitation.
    Il faudrait se référer à un conflit « étalon » en matière de guerre de haute intensité qui a vu l’occident déployer ses armements dernier cri: la Guerre contre l’Irak en 1991. Dans certaines capacités majeures (blindés, aviation de chasse et d’attaque), la coalition anti-Irak à 90% anglo-saxonne, a mis en ligne entre dix et vingt fois plus d’armements que ce qui est transféré à l’Ukraine (un chiffre: près de 2000 chars Abrams envoyés en Arabie Saoudite). Le tout mis en oeuvre par des professionnels ultra entraînés depuis 10 ans, dans une armée cohérente et de très haut niveau lancée contre une armée hétéroclite et de standard très inférieur. On peut se demander pourquoi l’occident ne livre pas cette masse critique d’armements qui ferait la différence sur le terrain.
    Une première raison est que, homothétiquement, il faudrait des centaines de milliers de soldats professionnels avec une logistique préparée sans être sous le feu, pour mettre en oeuvre des milliers de chars et de VCI, d’hélicoptères, d’avions, de canons, etc. Une deuxième raison est que les pays européens (bien plus que les Etats-Unis) sont « à l’os » en matière d’armements, ou en tout cas, que s’ils donnent davantage que les quelques transferts homéopathiques, ils renoncent définitivement à leur capacité dans le domaine en question. Si la France, ou l’Allemagne, ou le RU, ou l’Italie, donnent leurs 200 chars, ils auront donné une force localement significative, mais ils auront donné l’outil de travail de leurs unités. Il est possible que les militaires de ces pays s’y refusent, surtout après 1/4 de siècle de désarmement.
    En ce qui concerne certaines munitions, une plus grande générosité ne détruirait pas la compétence des unités, mais certainement leur capacité à mener des opérations guerrières avant de très longues années (temps normal de fabrication des munitions qui ne sont plus en production de toute façon…).

    Admettons que l’engagement direct mais peu visible (renseignement, coordination, prise de décision) OTAN soit déjà proche du maximum, que l’engagement par les transferts ait montré ses limites sauf à choix d’intervention directe, reste la possibilité de cette dernière sans présence au sol.
    Les ukrainiens, aidés par la géographie urbaine du front qui leur permet de s’accrocher aux villes pour saigner les russes, font déjà preuve d’une capacité de résistance assez exceptionnelle avec leur seule armée terrestre sous équipée et en déficit d’hommes, et dont la capacité aérienne est limitée par le nombre de systèmes de DCA fournis par l’occident, le nombre et le « bridage » opérationnel des missiles longue portée sol-sol ou air-sol fournis par l’OTAN et mis en oeuvre par le reliquat d’aviation ukrainienne, et les performances des très nombreux drones qui sont surtout efficaces au niveau tactique. Les russes disposent du plus formidable réseau de SAM jamais vu, mais même avec cela doivent encaisser les coups d’attaques audacieuses et bien pensées.
    L’armée russe opère actuellement comme les alliés en France en 1944, comme l’armée Rouge dans la seconde partie de la 2èGM, comme la coalition anti-irakienne en 1991: sans recevoir quasiment aucun coup donné par les airs, et encore moins de campagne de bombardement aérien ou assimilé planifié et exécuté de manière cohérente – contrairement à l’armée allemande à l’ouest ou l’armée irakienne en 1991.
    On peut donc concevoir que l’armée russe, qui a énormément de mal à éroder les FAU et pouvoir conduire des percées-exploitation qui permettraient de détruire des pans entiers du dispositif ukrainien (ce n’est vraisemblablement pas un choix de retenue – j’anticipe l’argument; cependant si au cours des prochains mois l’armée russe parvient à faire s’effondrer en 6, 8, 10 semaines, sur des centaines de km du front, le dispositif ukrainien, je concéderai mon erreur), n’a pas besoin de se prendre des centaines de bombardements touchant ses lignes d’approvisionnement, infrastructures arrière, dépôts, centres de commandement…

    Or, c’est justement pour cette tâche que l’OTAN excelle et ce, sans mettre un pied au sol. L’Irak à deux reprises (deux coalitions quasi-OTAN), la Serbie, la Libye (deux coalitions OTAN d’ampleur limitée), ont encaissé des semaines de bombardements qui les ont amenés à capituler ou ont fait s’effondrer leur dispositif, qui n’a plus eu ensuite qu’à s’affaisser sous les coups d’une offensive terrestre. « Aurélien » balaie cette hypothèse en deux phrases (« Il existe bien sûr de nombreux avions, mais il serait impossible pour les unités aériennes européennes ou américaines d’opérer avec succès depuis des bases situées en Ukraine, et si elles étaient basées à l’extérieur, elles constitueraient en grande partie un symbole politique. »). Or, techniquement, l’OTAN même avec une direction US limitée à la dimension coordination, à l’issue d’un déploiement mené en quelques petites semaines, est capable de faire très mal aux FAFR en Ukraine et Crimée, tout en déléguant un certain nombre de frappes sur sol russe aux FAU. Certes, il y aurait des pertes, d’un autre niveau que celles (quasi nulles) de 1999, 2003, ou 2011, et bien supérieures même à celles de 1991. (Mais en quoi les forces aériennes russes qui ont été incapables d’annihiler la défense aérienne et l’aviation d’attaque ukrainienne, et ne parviennent à arrêter toutes les attaques ukrainiennes menées par les airs, seraient-elles capables d’affronter des centaines de chasseurs de l’OTAN? D’autant que les USA fourniraient quelques capacités : capacités dont il faut rappeler que la plus grande partie furent dimensionnées pour une guerre en Europe et sont inutiles dans un conflit contre la Chine). A mesure que les FAFR seraient affaiblies, les pays européens de l’OTAN seraient enclins à transférer de plus en plus de capacités simples à mettre en oeuvre aux ukrainiens pour « pousser » au sol (étant donné que la « menace » russe diminuerait)

    Le souci, bien évidemment, c’est que si la Russie est amenée à « perdre » cette guerre – ie sortir des frontières ukrainiennes de 1991 suite à effondrement de son armée – elle ne se laissera pas faire et cherchera à rééquilibrer le jeu en engageant du nucléaire tactique contre les bases OTAN qui seraient les pivots et points de départ de l’attaque contre elle.

    Ma contribution est longue et tortueuse, désolé.

    • Bon on ne sait pas trop si vous êtes pour ou contre la Russie ! Mais apparemment contre !
      Vous pensez bien que les Russes utiliseront l’arme nucléaire tactique bien avant tout ce que vous avez imaginé en terme de déploiement de l’Otan ne se produise.
      Le peuple russe ayant été lessivé lors de la 2ème guerre mondiale par les Allemands à raison aussi bien des civils que des militaires : environ 21 millions de morts, c’est-à-dire 70 fois plus qu’aux Etats-Unis, ne peut se permettre de renouveler ce genre de tragédie.
      « Environ 2,8 millions de prisonniers de guerre soviétiques ont été tués par les forces armées allemandes et d’autres unités spéciales entre juin 1941 et février 1942, principalement à cause de la famine délibérée et de l’exposition aux éléments . Il s’agit de l’un des actes d’atrocité humaine les plus choquants de l’histoire. » On se demande encore comment les Russes ont pu pardonner cela aux Allemands !!!!
      Poutine accomplit donc un acte de sagesse en protégeant ses soldats. Que l’on prend pour un acte de faiblesse… à l’ouest.
      Comme le précise Nicolas Bonnal, c’est le premier qui aura les c…lles de l’attaque surprise qui vaincra par ko. Ou alors on sera tous morts.

      • Vous croyez que des eurowokes atlantistes prendraient la peine d’écrire de manière argumentée ici?

        Néanmoins, vous devriez écrire des choses plus raisonnables. Ce ne sont pas les russes qui ont eu 21 millions de morts mais les soviétiques. Je sais que des millions de prisonniers soviétiques sont morts de faim. De là à dire que Poutine protège ses soldats, quand même pas.
        J’espère que nous n’interviendrons pas, l’Europe ne mérite pas la catastrophe qui suivrait. Et si Poutine utilise le nuc, les américains ne laisseront pas faire et alors là… on ne sait pas jusqu’où ça ira

    • « On peut donc concevoir que l’armée russe, qui a énormément de mal à éroder les FAU et pouvoir conduire des percées-exploitation qui permettraient de détruire des pans entiers du dispositif ukrainien… »
      Vous êtes très fort. Vous connaissez mieux la stratégie russe que l’état-major russe lui-même. Votre démonstration repose sur la volonté furieuse de se rassurer. Désolé mais l’Occident a déjà perdu cette guerre, comme il est en train de perdre celle du Moyen-Orient, et comme il perdrait évidemment une guerre contre la Chine.
      La troisième guerre mondiale a commencé avec l’arrivée des Russes en Syrie. Et l’Occident va la perdre.

      • Cher Maître,

        sachez que je lis vos productions depuis des années. Et j’écoute vos programmes de « réinformation » sur la guerre en Ukraine, quand j’en ai le temps – ils ont leurs bons et leurs mauvais côtés car vous et vos invités, cherchez aussi à « vous rassurer » ainsi que ceux qui partagent vos préférences.
        Je suis également assez expérimenté vous concernant pour savoir que vous avez un caractère de cochon tendant sur la méchanceté pure quand votre mauvaise foi légendaire est égratignée.
        Passons.

        Où avez-vous vu que je défends la domination occidentale? Vous m’avez mal lu.

        Concrètement, à l’aune de grandes opérations militaires des précédentes guerres mondiales (Overlord/Cobra en Normandie, Uranus ou Bagration à l’est, Desert Storm/Desert Sabre dans le désert irakien), il n’y pas, depuis deux ans et l’échec de la tentative de submerger les FAU sur 8 axes et la stabilisation du front, de réussite significative de l’armée russe à percer le dispositif ukrainien et le détruire substantiellement, provoquant l’effondrement de pans entiers du front. Il s’est désormais passé plus de temps depuis le début de l’OMS qu’entre la reddition de Paulus et celle de Dönitz… Passés les succès initiaux, pour partie consolidés, le long de la mer d’Azov et dans le Donbass, pour partie complètement effacés, à l’ouest du Dniepr, autour de Kiev et de Kharkov, la Russie patine. Alors je veux bien que la Russie prenne son temps pour ne pas attirer l’attention mais ce n’est qu’une hypothèse, et il n’est pas sûr que faire durer les choses soit à son avantage.
        (Cela dit, peut-être que la méthode des « mille coups de canif » provoquera soudain, cet été, ou dans un an, l’effondrement ukrainien. On verra…).
        Pour l’instant, cette performance poussive n’a été atteinte que face à un adversaire largement dépourvu de capacités d’attaque aérienne. Si en plus de livraisons substantielles de certains armements, l’OTAN engageait une partie de ses forces aériennes – et une bonne partie des objections de « Aurélien » ne seraient guère pertinente pour ce type d’opération – contre les FAFR présentes en Ukraine format 1991 et leurs infrastructures support, il est vraisemblable que l’armée russe serait amenée à reculer, localement ou partout.

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