Ceux qui fréquentent ce blog, auront remarqué plusieurs évolutions.
Tout d’abord son activité est articulée avec celle d’une chaîne YouTube qui diffuse sous le même nom. Ensuite nous travaillons en liaison plus étroite avec les différents réseaux sociaux. Et enfin en publiant plus régulièrement des interventions d’auteurs extérieurs.
Nous avons décidé de poursuivre différentes ouvertures en initiant un partenariat avec la revue « Antigone » lancée par des gens soucieux de faire vivre la pensée de René Girard. Son neveu Benoît Girard, pilote cette aventure après avoir publié son premier ouvrage « Une tragique espérance ».La revue est un concept dit de « Revue de bibliothèque ». Elle en est à son numéro 2 qui vient tout juste de sortir. J’y ai publié un article sur le conflit israélo-palestinien. Vous le trouverez ici à titre de « bonnes feuilles ». Pour l’obtenir il faut en faire la commande par Internet.
Benoît Girard nous explique ci-dessous le sens de sa démarche et la nature de son projet.
Regis de Castelnau
Un avocat pour Antigone
Comme la rencontre d’Œdipe et de son père sur la route de Thèbes, Antigone aura surgi au carrefour des circonstances et de la nécessité.
Du domaine des circonstances relève le bouillonnement intellectuel qu’occasionna le centenaire de René Girard, le penseur de la violence et du sacré, tout au long de l’année 2023. Au chapitre de la nécessité s’impose le constat d’un manque : celui d’un organe de presse capable de faire vivre la pluralité des expressions et d’ouvrir une troisième voie entre les vulgarisations hâtives d’un journalisme avarié et la vanité aride des spécialisations parcellaires.
C’est dire si la présence de René Girard au cœur d’Antigone ne se veut pas celle d’un système clos sur lui-même ni de quelques formules percutantes dont le ressassement aurait valeur de réponse universelle. Sous aucun prétexte nous n’entendons mettre René Girard à toute les sauces.Avant même l’anthropologue et le philosophe, le René Girard que nous aimons, celui sous la figure tutélaire duquel nous entendons nous placer, n’est autre que l’écrivain dont la sensibilité littéraire exprime et explore la présence du tragique parmi nous.
Aucun pessimisme démobilisateur ni goût malsain de souffrir ne sont à débusquer chez les responsables d’une telle déclaration ! Le personnage d’Œdipe ne raconte pas d’abord la fatalité dramatique d’une rencontre malheureuse mais la cité malade de la peste, représentée en train de se chercher un coupable. Par conséquent, loin de se réduire aux artifices de la situation initiale et de son dénouement, le tragique se confond plutôt avec le pas de côté par lequel se laisse repérer derrière toute mythologie un récit d’accusation qui l’a emporté sur les autres. Cette situation ne se règle jamais par l’avènement d’un surplomb omniscient et arbitral, qui ne serait qu’une pièce supplémentaire jetée dans la machine, mais par la conscience émancipatrice du récit comme récit. Voilà comment René Girard est conduit à soutenir, contre Hölderlin, que le tragique intervient là où « s’effondrent ensemble et les illusions des partis et celle de l’impartialité ». Y a-t-il devise à la fois plus exigeante et plus humble pour une revue naissante ?
J’ai rencontré Régis de Castelnau à l’aube du centenaire. Cette coïncidence relève des circonstances nécessaires qui précipitent un projet, au sens le plus chimique du terme. Si Régis de Castelnau n’est pas un girardien de formation ni de conviction – un matérialiste athée face à un converti au christianisme : l’attelage aurait même de quoi surprendre ! – tous deux sont faits de la même pâte culturelle qui nous constitue comme Français. « Pâte culturelle » ne s’entend pas ici au sens de la relique poussiéreuse qu’on exhiberait de temps à autres au mardi gras de nos carnavals identitaires. Il s’agit bien d’une mémoire vécue et actualisée, d’une puissance qui n’a pas renoncé à s’effectuer, d’un rapport à l’histoire tissé de tradition assumée et d’horizons à conquérir, de fidélité qui oblige et de critique qui ne s’autorise aucune concession. Entre le masochisme et la clôture identitaire qui s’alimentent réciproquement à la source du même malaise culturel, il y a une faille par où s’engouffre le vent du large et que la plume de Castelnau, en écho à celle de René Girard, habite avec bonheur.
Les circonstances, encore elles, ont mis ces beaux principes à l’épreuve des faits. Quand j’ai proposé à Régis de Castelnau de restituer la manière dont il envisageait la situation en Palestine après le cauchemar du 7 octobre, il n’a pas hésité un seul instant à monter en ligne. Le texte vibrant qui résulte de cette commande pourrait constituer à lui seul une charte éditoriale pour la jeune Antigone : d’abord parce qu’il accepte de prendre le risque du dialogue avec le grand girardien américain Mark Anspach ; ensuite parce qu’il déploie avec tact et sensibilité un souci de la victime qui n’a rien à voir avec le monopole victimaire dont s’autorise l’Occident terminal pour semer la désolation sur la planète entière.
Grâce à Régis de Castelnau, Antigone a donc vécu – et je crois pouvoir dire : réussi – son baptême du feu. Il va falloir maintenant continuer d’explorer cette ligne de crète, sans jamais renoncer au pari initial : celui d’une revue indépendante, à taille humaine, façonnée avec le cœur et les mains comme du bel ouvrage qui ne rougit pas de son caractère artisanal.
Que Régis de Castelnau soit remercié ici d’avoir bien voulu ajouter sa voix au chœur de la nouvelle Antigone.
Benoit Girard
« Nous avons décidé de poursuivre différentes ouvertures en initiant un partenariat avec la revue « Antigone » lancée par des gens soucieux de faire vivre la pensée de René Girard. Son neveu Benoît Girard, pilote cette aventure après avoir publié son premier ouvrage « Une tragique espérance« «
Benoit Girard devrait arrêter
Il veut faire le malin, mais ses textes longs et abscons, balafre l’œuvre de son oncle
C’est une bonne nouvelle.
La théorie de l’origine des cultures de René Girard n’explique pas tout, bien sûr, mais il est des cas où ne pas tenir compte du savoir qu’elle exprime est de l’obscurantisme pur et simple.
« Et pourtant elle tourne » aurait dit Galilée.
« Et pourtant l’homme est envieux, accusateur et meurtrier » aurait pu dire René Girard à ceux qui ne voulaient pas entendre ce qu’il disait. A ceux qui ne voulaient pas entendre ce qu’il disait… car il le disait d’eux, justement, car il le disait de nous tous, hommes, c’est-à-dire aussi d’eux qui ne voulaient pas l’entendre.
« Des choses cachées depuis la création du monde » : la bible est un traité d’anthropologie, un miroir tendu qui nous montre tels que nous sommes, et dans lequel nous avons, eh oui… forcément…, quelques difficultés à nous regarder.
Si nous voulons nous voir et voir le monde tels qu’ils sont, la ré-information fait partie des efforts indispensables.
Bravo à VuduDroit pour ce partenariat avec Antigone !