J’ai toujours été favorable à la parité en politique et je voudrais saluer ici les performances récentes de deux personnalités à la tête de grandes villes. Mesdames les maires de Cologne et de Paris viennent de se signaler de façon assez impressionnante. Madame Henriette Reker tout d’abord, qui dirige la ville de Cologne, théâtre d’incidents sérieux la nuit de la Saint-Sylvestre, où malgré le black-out les médias français dans un premier temps, on apprend que des « hommes d’origine étrangère » au nombre paraît-il d’un millier se seraient livrés à certaines privautés envers des dizaines de femmes : violences, vols, attouchements et autres tentatives de viols. Ce qui a suscité une certaine émotion, en clair a foutu un sacré bazar. Madame Reker, pleine d’à-propos, alors qu’elle s’exprimait devant les journalistes, s’est d’abord indignée de l’attitude des jeunes victimes qui n’auraient pas appelé la police « par peur de se faire voler leurs smartphones ». Elle a ensuite insisté sur les mesures de prévention, invitant les jeunes femmes à avoir un comportement « mieux adapté », puis préconisé l’élaboration d’un « code de conduite ». Avant de proposer l’utilisation d’une technique imparable : que les femmes se tiennent à distance de bras d’un potentiel agresseur… On savait déjà que le yard était la mesure du bras du roi Henri Ier, mais Madame Reker affine encore la méthode. Inutile de décrire dans quel état de ravissement s’est trouvée plongée immédiatement la planète féministe. Et, comme souvent maintenant, les réseaux qui se sont déchaînés avec un humour réconfortant. Sur Twitter, avec le hastag #einearmlaenge, on déniche un certain nombre de perles dont ma préférée est celle-ci.
Probablement stimulée par les exploits de sa collègue germanique, Anne Hidalgo a décidé de ne pas être en reste. Tout d’abord, annoncée à grand son de trompe dans le cadre des cérémonies du premier anniversaire, l’inauguration par le Président de la République d’une plaque commémorative pour le massacre de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015. Triple catastrophe qui en dit long sur le niveau des gens qui entourent Madame Hidalgo. Tout d’abord, l’impardonnable faute d’orthographe sur le nom de Wolinski. Naturellement, la seule défense du cabinet fut de dire que c’était de la faute du marbrier, sans simplement imaginer qu’un esprit de responsabilité élémentaire imposait de vérifier la plaque avant qu’elle fut posée. Le libellé de la plaque elle-même, où sont mélangés sans ordre des noms et des pseudonymes. Charb à côté de Bernard Maris dont le nom de plume était « Oncle Bernard », Cabu orthographié sans t, alors que Wolinski est affublé de son prénom… N’importe quoi. Comment priver de sens un symbole pourtant important. Mais le pire, alors qu’il y a sur cette plaque, à juste titre, le nom du policier Franck Brinsolaro, c’est l’absence d’Ahmed Merabet que la planète entière a vu achevé comme un chien sur un trottoir, alors qu’il faisait son devoir en affrontant les massacreurs de Charlie. Ce n’est pas un oubli, c’est un choix puisque le sacrifice d’ Ahmed Merabet a fait l’objet d’une plaque installée à l’endroit où il est tombé. Séparé des autres dans l’hommage, bravo. Multiples impairs qui disqualifient ces communicants rémunérés dont l’ignorance et la désinvolture finissent par devenir des insultes. Heureusement, un artiste de rue s’y est collé et a réalisé sur un petit transformateur de ce trottoir, et en présence de la famille et des collègues de Merabet, une superbe peinture ou les trois couleurs ont leur place. J’y suis passé tôt ce matin sous une pluie battante, il y avait des fleurs, les gens s’arrêtaient pour se recueillir ou photographier. J’ai trouvé ça réconfortant.
Mais j’ai vite été rappelé à la réalité par un tweet de Madame Hidalgo qu’il est impératif d’intégralement citer : « #Parisdemain nous créerons une maraude spécifique pour les migrants en situation de rue. » Il semble qu’en raison de la bordée de sarcasmes sur les réseaux, ce concentré de jargon accablant ne soit plus disponible et qu’il faille se contenter d’une capture d’écran. Certes il y a le précédent de Talamoni, avec son discours en patois génois à l’Assemblée de Corse, mais Madame hidalgo, ce n’est pas une raison pour ne pas respecter l’article 2 de la Constitution qui fait du français la langue de la République.
Ne nous plaignons pas trop, cette nouvelle saillie a permis aux humoristes de Twitter – et il y en a d’excellents – de s’en donner à cœur joie. La palme revenant à celui qui a proposé à Madame Reker, maire de Cologne, de s’inspirer de sa collègue parisienne pour rassurer sa population féminine avec le tweet suivant : « #Colognedemain nous créerons une maraude spécifique pour les migrants en situation de rut. »
Avez vous fait des « maraudes », monsieurs? Avez vous vécu dans la rue, ou du moins, rencontré de façon longue des personnes dans les rues? Ou des migrants dans un squatt qui n’ont pas de chaussure ou de médicament? Je vous demande cela pour être certain que vous avez compris ce qui est créé? Si c’est seulement le jargon qui gène, bon. Après tout. On aurait pu éviter « la situation de rue ». Bravo pour le jeu de mot. Mais ils sont dans la rue. Et… En fait, je ne sais pas vous le dire mieux. Autant vous avez raison pour la plaque, autant, sur le tweet, j’éprouve un malaise non pas à lire le tweet, mais à vous lire.
Cordialement
Pouvez vous m.en dire plus sur votre définition du « patois génois » qui tente impudemment de survivre, vous qui me sembliez bien connaître son île?