Les jeux olympiques c’était mieux avant. En 1968 par exemple ceux de l’année terrible. Bon, maintenant fric et dopage aidant c’est devenu un peu n’importe quoi. L’opération de propagande politique avec l’exclusion des Ruskoffs, le « régime change » organisé par les Américains pour se débarrasser de Dilma Roussef, l’aspect barnum mal foutu, tout cela provoquait le malaise. Et puis il y a le décalage horaire qui n’arrange rien, même si on se console en regardant le résumé du matin sur Canal et qu’on est accueilli par une bombe atomique, à savoir Muriel Hurtis et ses dreadlocks assortis à la couleur du satin qui lui sert de peau.
Il y a aussi toute une série d’affaires chelous où l’on voit à l’évidence qu’il n’y a pas que les moujiks à être chargés. N’est-ce pas amis britanniques qui avaient commencé à faire du cyclisme de compétition il y a 10 ans ? Je mets compétition au singulier, parce que comme Lance Armstrong ne faisait qu’une compétition par an, le Tour de France, Froome qu’il suffit de regarder pour comprendre à quoi il fonctionne, Froome aussi n’en fait qu’une, et la même. Les pistards quant à eux sont absents de toutes les compétitions sauf les Jeux où ils arrivent frais comme des gardons et gagnent tout. Avant de se planquer à nouveau pendant quatre ans.
Bon, comme Lavillenie, je suis mauvais joueur mais il y a quand même quelque chose que je remarque et qui me fait plaisir, c’est la composition de la délégation française. Heureusement qu’on a nos Antillais, mais aussi nos maghrébins, et nos Africains, immigrés de deuxième génération. L’intégration en sport, dites donc, ça marche à fond.
Ce qui est marrant, c’est qu’ils investissent désormais tous les sports. Pour l’athlétisme, avec les Antillais on avait l’habitude, et pour la boxe aussi, avec les gamins des cités dans le sillage de Brahim Asloum. Mais maintenant, on les voit dans tous les sports, les « culturels » comme l’escrime ou les deux tiers de l’équipe d’épée championne olympique sont formée d’athlètes noirs ou métis, le concours complet d’équitation, ou le judo où la France est pourtant depuis longtemps fille aînée de l’église japonaise. Dans ce dernier cas c’est probablement aussi dû à l’incroyable locomotive Teddy Riner. Et que dire des sports collectifs ou les équipes sont à l’image de celle du football. Première observation tous ces gamins et gamines ne laissent pas leur part aux chiens. Ils font tout à l’arrache, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne volent pas leur avoine. Regardez les filles jouer au foot, au basket ou au handball, vous verrez des fauves. Et ce qui est bien avec elles en plus, au-delà du fait qu’elles sont belles, c’est que quand elles perdent, elles pleurent mais quand elles gagnent aussi. J’ai deux chouchous dans cette olympiade, tout d’abord la championne olympique de judo toutes catégories Emilie Andeol, très émotive ce qui n’est pas un avantage lorsque l’on fait de la haute compétition. Mais si on gagne, derrière c’est exubérance et chutes du Niagara, surtout quand on monte sur le podium enroulé dans le drapeau français et que l’on sanglote en chantant la Marseillaise. Et puis, sorti des quartiers, il y a le boxeur Sofiane Oumiha médaille d’argent des moins de 60 kg, qui trimballe sa silhouette fine et élégante sur les rings. Doté, ce qui est normal pour qui pratique l’escrime des poings, d’un appendice nasal à la Cyrano, et fier de représenter la France. Nous aussi mon gars, on est fier. Surtout en ce moment, des gens comme vous, ce n’est pas du luxe.
« – Alors comme ça, toi, si on s’enroule dans le drapeau français, et si on chante la Marseillaise en pleurant sur un terrain de sport, tu marches ?
– Oui Monsieur, je marche. »