Les médias français et une partie de l’opinion publique entretiennent avec l’image de Donald Trump une relation qui frise la pathologie. Clown, guignol, parvenu, abruti, inculte étaient les qualificatifs dont il était gratifié avant même l’élection. Leur a succédé une propagande bizarre, où l’on nous affirme à peu près tous les matins qu’il va être « empêché » par le congrès le lendemain et que la planète en sera débarrassée. Le sommet de l’OTAN, suivi du G7 a permis de battre des records dans l’adoration niaise d’Emmanuel Macron présenté comme le David qui avait pulvérisé le Goliath à brushing. L’annonce par la Maison-Blanche du retrait des États-Unis de « l’Accord du climat » a permis de le transformer en véritable Satan. Est-il possible de redevenir rationnel ?
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« L’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche a provoqué la stupéfaction dans le monde entier. Comment celui que tous les médias nous ont présenté comme un aventurier semi-débile a-t-il pu battre Sainte Hillary Clinton ? Le traumatisme a obscurci les esprits et il était très difficile, sans un travail assez fastidieux de recherche, de savoir ce qui nous attendait avec l’arrivée au pouvoir de cet homme politique atypique et des équipes qui l’entourent depuis déjà un bon moment. Pour appréhender les enjeux de cette élection, il faut faire l’effort d’échapper aux considérations morales et à l’impasse cognitive dans laquelle nous plongent des médias inconsolables du départ de Barack Obama. Et lorsque l’on fait cet effort, on constate une chose extraordinaire c’est que Donald Trump fait ce qu’il avait dit respecte ses engagements devant les électeurs américains.
Dissidents “made in” Goldman Sachs
Dans l’histoire récente des Etats-Unis, la conquête du pouvoir par les Républicains a toujours marqué une volonté de changement de l’ordre mondial. L’abandon des accords de Bretton-Woods par Nixon pour financer la guerre du Vietnam, la mondialisation néolibérale de Reagan pour financer la course aux armements contre l’URSS, les croisades de George W. Bush pour confirmer l’hégémonie mondiale des Etats-Unis, sont autant d’illustrations de cette vision des choses. L’alternance démocrate ne faisant que poursuivre le nouveau dispositif mis en place quitte à l’amender à la marge. Les déceptions des mandats Obama trouvent leur origine dans ce constat : Guantanamo est toujours ouvert, en Afghanistan rien n’est réglé, le Moyen-Orient est à feu et à sang.
Donald Trump a surpris avec la nomination prématurée de son équipe destinée à gouverner. Celle-ci laisse apparaître une vraie rupture avec les idées jusqu’alors dominantes dans les sphères militaires, financières, énergétiques et même religieuses. Le dénominateur commun de ces nominations hétérodoxes est tout d’abord une proximité ancienne avec le nouveau président, et l’originalité dissidente de ces personnages dans leur sphère d’influence habituelle.
Avec l’avènement du capitalisme financier au début du mandat Reagan, toutes les administrations successives ont eu recours à des figures de Wall Street. Obama n’a pas fait exception en nommant Hank Paulson pour sauver le système lors de la crise des subprimes. Sous les quolibets des commentateurs français ignares, Donald Trump a donné l’impression de poursuivre cette tradition en s’entourant d’anciens de Goldman Sachs tels que Gary Cohn, Steven Mnuchin, ou encore Steve Bannon. Sauf que, Goldman Sachs, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ne représente pas l’archétype de l’élite financière américaine. Celle-ci est incarnée par les banques de dépôts traditionnelles (Merrill Lynch, Morgan Stanley, Bank of America) et non par la banque de financement et d’investissement qu’est Goldman. Ce groupe d’intellectuels (car ils le sont tous) veut promouvoir un capitalisme ultralibéral au niveau national, un marché du travail non régulé, l’abandon de l’Obamacare, l’annulation du Dodd Franck Act qui prévoyait la régulation du système financier.
Dans le domaine international, ce sera en revanche un dirigisme éventuellement coercitif. A priori, la nouvelle administration n’a pas l’intention de réduire la dette publique, dont l’ampleur équivaut à l’épargne mondiale soit vingt mille milliards de dollars. Sa stratégie semble s’orienter vers une augmentation nominale de la dette avec une inflation supérieure à l’augmentation des taux et des salaires.
Quant à la dette externe, d’environ huit mille milliards de dollars, l’objectif est de la convertir en dette interne en rapatriant les capitaux de l’étranger, dont le tiers est détenu par les firmes transnationales américaines. Il n’est pas sûr que cela leur soit demandé gentiment.
Une haine assumée de l’islam
Autre particularité de cette nouvelle administration, la présence de nombreux hauts gradés de l’armée pour le moins atypiques. Tous sont des dissidents très politisés de l’establishment militaire. On les a connus exaspérés par les frustrations générées par la présidence Obama.
Passons brièvement en revue les profils de ceux qui viennent d’arriver aux commandes : James Mattis, secrétaire général de la Défense, surnommé le « chien fou » ou encore le « moine soldat », en raison de sa rigueur morale, de son célibat sacerdotal et de son mépris pour le Pentagone et sa bureaucratie. Michael Flynn, contraint de démissionner de l’armée en raison de critique émises à l’encontre de ses supérieurs, qui réclamait de mettre Hillary Clinton en prison et dont la préoccupation principale est la guerre contre l’islam. John Kelly qui refuse de fermer Guantanamo ; Mike Pompeo, niveau directeur de la CIA, favorable à la collecte massive des données de communications des citoyens ; sans oublier le retour en grâce de David Petraeus, ex-patron de la CIA (en désaccord total avec la stratégie d’Obama) dont la carrière s’était brutalement interrompue à cause d’un scandale en partie sexuel.
Le dénominateur commun de ces militaires est une haine assumée de l’islam. Ils ne sont pas interventionnistes et il est probable que leur volonté de domination se dispensera d’interventions militaires directes, chat échaudé craignant l’eau froide. Cela laisse présager l’utilisation de dissuasions par intimidation, et de rodomontades à connotation nucléaire. Comme l’a déjà fait Donald Trump pendant sa campagne. Et comme l’ont démontré le bombardement de la base syrienne, et les moulinets contre la Corée du Nord.
Le réchauffement? Quel réchauffement?
En matière énergétique, la nouvelle administration basera sa politique sur un concept simple : être autosuffisant en quelques années. Ce qui signifie produire 12 ou 13 millions de barils par jour. Pour ce faire, elle vise trois objectifs :
a) Poursuivre l’extraction du gaz de schiste en faisant table rase des normes antipollution de l’air et de l’eau (d’où la présence de climato-sceptiques dans cette Administration).
b) Laisser passer le pipeline Keystone de l’Alberta vers le sud des Etats-Unis.
c) Subventionner les producteurs pétroliers aux dépens des autres énergies.
Un retour à l’esprit originel du capitalisme
À moins que la Russie ne fasse du dumping, cette stratégie devra s’accompagner d’une hausse du prix du baril à 70 dollars ou plus. La volonté d’intimidation de Trump ne pourra se faire qu’en réalisant cet objectif d’indépendance énergétique car depuis la guerre du Vietnam, les Etats-Unis savent qu’ils dépendent des autres pays producteurs. L’expérience cuisante du Moyen-Orient leur a fait mesurer encore un peu plus cette faiblesse.
Le désordre et la confusion que provoqueront ces changements, notamment la très probable baisse des salaires des plus modestes, dont la partie blanche a massivement voté pour Trump, devront être compensés par un retour du discours religieux, moyen d’assurer la cohésion sociale.
La religion et le conservatisme sont des éléments structurant du discours républicain (et même parfois démocrate) aux Etats-Unis. Cette dynamique fut poussée à l’extrême sous George W. Bush qui revendiquait un conservatisme moral. Cependant, jamais cette rhétorique n’a désigné d’autres religions. Or, le discours de cette nouvelle administration, mis en musique par Steve Bannon a des accents mystiques, une liturgie médiévale à peine voilée et prône une guerre des civilisations judéochrétiennes contre les autres. Autrement dit, chrétiens capitalistes contre islam fascisant.
Un retour aux fondements de l’éthique protestante et de l’esprit originel du capitalisme est donc à prévoir aux USA dans les années à venir, délaissant les opérations militaires à l’extérieur pour se concentrer dans une guerre interne contre l’islam et les athées.
Le nouveau pouvoir qui a pris les rênes de la Maison blanche possède incontestablement des traits claniques : il est familial (tous se connaissent et partagent la même « dissidence »), religieux et puissant dans un pays très endetté. Misant sur la coercition, pas nécessairement militaire, de l’ensemble du monde, cette administration laisse présager des années de pressions psychologiques afin qu’elle puisse assurer l’hégémonie américaine en imposant un nouvel ordre mondial sans intervenir. Jouant sur son imprévisibilité, Trump et ses hommes pensent gagner cette partie à moindre coût. La phase de la mondialisation néolibérale lancée dans les années 80 avec la présidence de Ronald Reagan est bel et bien terminée. La démondialisation que veulent initier Donald Trump et ses amis risque d’être assez rock ‘n’ roll. »
Trump roi
On s’interroge sur Donald Trump.
Il intrigue au plus haut point.
Il multiplie les provocations.
Il vient de se livrer, devant les caméras du monde entier, à un crime abominable, se retirer de l’accord sur le climat, provocant une dénonciation radicale et unanime. Dénonciation radicale et unanime au point d’être teintée de jubilation. Lui-même avait annoncé ce retrait avec une parfaite détermination. Parfaite détermination teintée aussi de jubilation.
Pour un lecteur de René Girard et de sa théorie sur l’origine des cultures et des religions, cet accord unanime entre l’accusé et ses accusateurs est très évocateur. Il fait penser à une cérémonie rituelle, par exemple à celle qui voit le roi sacré de la tribu se livrer en public, devant tous, rituellement, à un inceste, crime abominable.
Le roi des tribus primitives est un personnage sacré, divin, mais aussi, d’abord, une victime en instance de sacrifice. Vénéré, tout-puissant, obéi, il est aussi accusé des pires crimes, condamné, haï – et à la fin sacrifié.
Si l’on voit l’humanité comme une tribu de nations, son roi sacré est l’Amérique. Les Etats-Unis ne sont-ils pas tout à la fois vénérés, tout-puissants, obéis, et accusés du pire, condamnés, haïs ? Ne rêve-t-on pas, ici et là, à leur élimination ? Ne craignent-ils pas eux-mêmes d’être jeter à bas de leur piédestal ?
Trump, brillamment élu et aussitôt menacé d’impeachment, incarne à la perfection son pays-roi sacré du monde. On ne pouvait pas rêver mieux ! Aucune fausse note ! Le roi sacré est dans son rôle, la tribu des nations dans le sien.
Ces croyances du temps jadis, aussi irrationnelles violentes et injustes qu’elles aient pu être, ont été efficaces, elles ont permis le développement des cultures humaines. Faut-il pour autant s’y abandonner ? Nous savons désormais de science sûre à quel point elles sont irrationnelles, violentes et injustes. Ce qui nuit beaucoup à leur efficacité, et ce qui nous rend complices des violences et injustices qu’elles suscitent.
Quoi faire ?
Poursuivre, c’est-à-dire s’aveugler, jusqu’au sacrifice final ?
Ou affronter la situation telle qu’elle est, dire les choses telles qu’elles sont ?
Violence ou vérité ?
La France devrait choisir, en toute connaissance de cause, et faire le bon choix.
Une analyse du NYT fort intéressante:
How G.O.P. Leaders Came to View Climate Change as Fake Science
https://www.nytimes.com/2017/06/03/us/politics/republican-leaders-climate-change.html?smprod=nytcore-ipad&smid=nytcore-ipad-share
The party’s fast journey from debating how to combat climate change to arguing against its existence is a story of big political money and Democratic hubris.
En fait il a tenu son engagement en échange du soutien financier que lui a fourni M. Koch ( Président de Koch Industries, Inc. est une importante société privée non cotée basée à Wichita au Kansas avec des filiales dans des domaines très variés : génie pétrolier, génie chimique, finance, courtage de matières premières, élevage. En 2013, c’est la seconde plus grosse société non cotée des États-Unis avec des revenus annuels estimés à 115 milliards USD, derrière Cargill1.), et de M. Murray (Pdt de la Société Murray qui emploie 160.000 personnes dans le domaine minier, entre autre : charbon et qui était en procédure de faillite).
PM. La Cour Supprime des USA, en avril 2014, a mis un terme à la législation US limitant le financement des Partis Politiques par les Sociétés industrielles US, aussi il suffit de payer pour légiférer aux USA ! 29% des Républicains s’intéressent aux problèmes liées au climat alors 46% des démocrates s’impliquent ! Comme Obama avait transposé l’accord de Paris sous le régime de Décret « Règlement Administratif » le Congrès n’avait pas été impliqué et Trump peut tout simplement révoquer ce décret !
Vive le Dollar !
Ils étaient même prévenus avant l’élection de Donald Trump. Les Républicains avaient annoncé qu’ils ne ratifieraient pas l’Accord de Paris de la COP21. En outre, les réactions sont largement hypocrites pour plusieurs raisons. La première est que l’Accord de Paris n’est pas contraignant. Il n’y a aucune sanction de prévue envers celui qui refuserait de l’appliquer. A quel titre aurait-elle été faite ? La deuxième est que les acteurs qui le soutiennent sont totalement hypocrite. Ce sont les grandes entreprises et les multinationales. Elles donnent des leçons de morales alors que non seulement elles sont les premières à s’asseoir dessus mais en plus elles investissent très peu dans l’énergie renouvelable. La troisième est que les pays développés demandent des efforts considérables sur l’utilisation des énergies fossiles alors qu’ils en ont besoin pour leur développement. Sans compter que nous refusons de changer de mode de consommation. La quatrième est purement politique. Emmanuel Macron n’a jamais parlé d’écologie pendant la campagne et elle ne figurait pas dans son programme. La nomination de Nicolas Hulot ne changera peut-être pas grand chose. C’est sûrement un coup de communication: ces pouvoirs risquent d’être très faibles.
c’est d’ailleurs le point intéressant de cette élection. peut-on mener une autre politique que tina, dans nos démocraties occidentales, sans avoir recours à un putsch ? le brexit éclairera également sur ce point: peut-on sortir du modèle tina européen sans trop de dégâts ?