Guerre d’Irak : les belles âmes en première ligne… mais à l’arrière

Toutes les occasions sont bonnes pour nous donner des leçons de morale

L’Irak est un pays martyr. Il y eut la dictature de Saddam Hussein, l’atroce guerre Iran/Irak, la première guerre du Golfe, le blocus alimentaire – qui, à la satisfaction de l’Américaine Madeleine Albright et du Britannique Tony Blair, tua des enfants par milliers -, l’agression américaine, et pour finir (pour l’instant) l’abomination islamiste de Daech. Ce qui tient lieu d’État récupère difficilement la maîtrise de son territoire et fait passer en jugement les criminels avérés. Un certain nombre d’entre eux ont été condamnés à mort. Aussitôt, glapissements des officines américaines et des belles âmes de chez nous.

les « no border » sont aussi « no limit »

Ce qu’il y a d’intéressant avec ces gens, qui prennent leurs coquetteries pour des convictions, c’est qu’ils sont « no limit ». Capables de s’emparer de n’importe quelle cause pourvu qu’elle leur permette de donner aux masses qu’elles méprisent des leçons de morale. Compte tenu de la profusion récente, on ne va pas dresser une liste, qui aurait rapidement l’épaisseur du catalogue de La Redoute.

En Irak, Daech, qui dispose encore du pouvoir de nuire, a enlevé huit citoyens innocents pris au hasard et réclamé en échange de leur vie la libération des condamnés. Devant le refus du gouvernement irakien, Daech a exécuté les huit innocents et publié la vidéo de leur martyre. Pour mettre fin à ces chantages, les autorités irakiennes ont procédé aux exécutions des criminels condamnés. À partir d’un raisonnement difficilement réfutable : ainsi leurs libérations ne pourraient plus être revendiquée. Ameutées par Libération, toutes les belles âmes de chez nous se sont précipitées pour protester au nom de leurs principes supérieurs, non pas contre l’exécution des otages mais contre celle des condamnés. Dressées sur leurs ergots, brandissant plumes et stylos, elles caquettent en donnant des leçons de morale à un peuple martyrisé. En évitant soigneusement de dire comment il faudrait faire pour protéger les Irakiens. Parce que, quelle est la seule question posée ? Celle de l’arbitrage que doit rendre le gouvernement d’Irak entre la vie d’abominables massacreurs et celle de citoyens innocents. Il a choisi celle des innocents. Et c’est là où le bât blesse pour nos professeurs d’humanisme qui eux prennent le parti du sacrifice de ces derniers au nom du respect des principes à eux qu’ils ont. Et qui sont supérieurs à tous les autres puisque ce sont les leurs !

Petit rappel: l’Irak est un pays en guerre

Reprenons notre sang-froid et, dans le souci du débat démocratique, rappelons-leur d’abord une évidence : l’Irak est un pays en GUERRE. Et que, s’il existe un droit qui organise la façon de la faire, ce n’est pas pour rien. Rappelons-leur aussi quelques petites histoires. Après la bataille de Bir Hakeim, où les Français libres s’étaient distingués, l’Etat-major allemand avait fait savoir qu’il considérerait les combattants français libres faits prisonniers comme des « irréguliers sans uniforme » et qu’ils seraient tous exécutés. De Gaulle avait répondu que si l’armée allemande entendait se déshonorer de cette façon, elle s’exposerait à la réciproque, et que tous les prisonniers allemands subiraient le même sort. Ce qui calma les nazis qui renoncèrent à perpétrer leur crime. Aux yeux de nos petits mondains, Charles de Gaulle est donc un assassin avide de vengeance. Il avait pourtant simplement fait la même chose que Lincoln durant la guerre de sécession, quand les confédérés firent savoir que tout officier yankee, commandant à des troupes noires, et fait prisonnier, serait exécuté. Lincoln fit répondre qu’un même nombre de prisonniers confédérés seraient alors passés par les armes. Et les sudistes firent marche arrière. Plus récemment, les troupes américaines, confrontées en décembre 1944 à la contre-offensive allemande dans les Ardennes, constatèrent le massacre de prisonniers américains par des unités SS à Malmédy. Sans formalité particulière, elles reçurent l’ordre de fusiller tous les SS qui se rendaient. Est-il aussi nécessaire de rappeler l’existence du tribunal de Nuremberg, et des condamnations à mort exécutées des dirigeants nazis ? Ou la pendaison d’Adolf Eichmann en Israël, pays qui avait pourtant aboli le châtiment suprême dès sa création ?

La bonne conscience au prix du sang des autres

Il est en revanche nécessaire de qualifier clairement les choses. Nos faux-humanistes, manipulant leurs arguments boiteux, font plus que renvoyer des belligérants dos à dos, ils font la leçon à ceux qui sont du bon côté, et qui ont subi et subissent encore l’horreur. C’est une attitude que l’on connaît et que l’on peut qualifier de purement pétainiste. Une attitude qui renvoie aussi à celle de ces trotskistes dévoyés qui disaient aux FTP combattants les nazis : « N’oublie pas camarade que, sous l’uniforme SS, il y a un travailleur allemand. »

Il faut le savoir et le dire, nos belles âmes nous font une nouvelle démonstration qu’elles ne sont jamais économes du sang des autres dès lors qu’il s’agit de s’acheter une bonne conscience et de prendre la pose.

 

 

Régis de Castelnau

15 Commentaires

  1. D’accord avec tout cela, tout en ne comprenant pas le rapport avec le pétainisme… Peut-être ai-je raté quelque chose ?

  2. Tellement vrai et pertinent. Mais sur ce sujets comme d’autres, ce sont les belles âmes qui sont les seules à pouvoir pérorer dans les médias complices.

    • ARNAUD
      « Tellement vrai et pertinent ».
      Et les péroraisons dans les médias complices. Qu’attend-on d’ailleurs pour dissoudre ces ligues? bonté divine.
      De quoi parlons-nous?
      Belles âmes n’est que la désignation polémique de ceux qui auraient l’outrecuidance de penser différemment, à tort ou à raison.
      Je n’ai d’ailleurs pas observé que les promoteurs de cette stupidité se soient réclamés à aucun moment du camp des âmes laides pour se distinguer.
      Gardons nous autant que possible des opinions d’emprunt, ou de la reprise sans recul des slogans du champ médiatique. Notre hôte en est, même si vous ne l’apercevez pas, et le point de vue de Monsieur de Castelnau sur ce sujet précis, n’est pas à proprement parler le point de vue de Sirius.

      Et pour les arguments d’autorité, les bras m’en tombent.
      De Gaulle faisant reculer les nazis dont la sensibilité de cœur n’est sans doute plus à démontrer. Voila qui se rapproche plus de l’arrangement avec l’histoire que de la vérité.
      Misère de l’historicisme.

      • Les bras vous en tombent? Du haut de l’armoire.
        Concentré de prétention jargonnante. Qui témoigne de deux choses. D’abord que l’auteur de ce poulet n’a rien compris. Et ensuite que lorsqu’on veut faire le malin, la moindre des choses est de faire clair.
        Ce qui se conçoit bien… etc…

        • Sauf votre respect, Monsieur le pontifieur béni, je ne vois rien dans ce billet qui ait pu échapper à la compréhension de quiconque.

          A savoir qu’il reste dans le droit fil de votre mission sacrée qui consiste à essayer de couper des têtes probablement plus solides que la votre, puisque aux dernières nouvelles, elles seraient encore là.

          Que vous puissiez avoir une nette inclination pour les hommages à vous adressés, cela n’a rien d’illégitime. Il reste que, la critique et la réserve peuvent aussi se concevoir. Et ça, Monsieur n’aime pas trop. Désolé.

          En quoi est-ce injurieux de suggérer que Monsieur de Castelnau pourrait ne pas être le mieux placé pour jouer les maîtres d’école sur ce sujet si complexe.

          Ce qui est injurieux, c’est bien suggérer à demi mot que certains, juste parce qu’ils prennent des positions qui n’ont pas l’heure de vous plaire, seraient les complices objectifs des égorgeurs de Daech. Procédé de stalinien .
          Mais vous m’expliquerez aussi que je n’y comprends rien, en stalinisme. Ce en quoi vous pourriez avoir raison. L’expert c’est vous, après tout.

          Deux séjours avec une ONG dans les camps de réfugiés d’Erbil Kurdistan irakien instruisent mieux sur le sujet que toutes les sources où vous puisez votre savoir infaillible de sniper mondain.

          • Vous voyez que j’ai eu raison de demander un peu plus de clarté. Maintenant avec cette façon de brandir vos petites références béachéliennes, nous savons à qui nous avons affaire. Un petit monsieur qui a fait deux (!!!!!) séjours dans des camps de réfugiés. Formidable ! Donc il croit que cela lui permet de ramener sa fraise. Et prendre des grands airs.
            Avant d’être sniper (mondain, hi hi hi), comme vous dites j’ai parcouru la planète dans tous les sens, souvent en prenant des risques physiques (en particulier en Amérique latine pendant la période des dictatures, sans oublier l’Afrique et Moyen-Orient) pour aller y défendre les droits de la personne. Quand vous aurez fait, ne serait-ce que le 10e, on en reparlera.
            Quand on veut toiser, Il ne faut surtout pas monter sur un tabouret, on a rapidement l’air d’un con.

  3. C’est la chaleur, où quoi?
    Troskystes, Eichmann, De Gaulle, Lincoln et Pétain convoqués pour dézinguer l’esprit Libé…
    Oscours… écrit le blogueur quand il se veut taquin… Car le sujet en vaut il encore vraiment la peine? Pire, est-ce réellement le sujet?

    • Je n’envisage pas de faire le bilan des pays parcourus, même quand j’aurai à votre âge.

      « Extermination des gauchistes du même type ».
      Vous me faites penser à Ugolino della Gherardesca, ce personnage de la divine comédie qui mangeait ses enfants pour survivre.
      Je ne sais s’il convient d’avoir peur pour eux, ou si on peut se contenter de sourire de tant d’abjection.

      Très franchement, je m’élèverais contre toute idée de vous exterminer. Pas plus que quiconque, d’ailleurs.

      Comme quoi on ne se distinguera pas seulement par l’épaisseur du CV.

      Bonne fin de journée.

  4. Eradication? Extermination des gauchistes?

    Triste lexique…

    S’il y a une urgence, c’est de retrouver son calme et le goût du débat d’idées, loin des égouts d’âmes fourbues par leur désappointement face à l’état du monde tel qu’il ne va pas.

    Car un sniper sachant sniper doit savoir sniper sans sniffer l’insulte, les vociférations et l’outrance, tarte à la crème des réseaux que l’on dit sociaux.
    Et puis, pour clore avec un clin d’œil l’inutile chapitre du cinquantenaire de 68, éradication, extermination, piège à cons!

  5. POUR VOUS SEUL – A NE PAS PUBLIER

    La vidéo de leur martyre (et non de leur martyr)

    Cordialement

  6. Un pfffff… Pour sûr, c’est la chaleur

    Deux pffff… Assurément, c’est de la suffisance

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