Jean-Claude Trichet : la finance contre la démocratie

 

Jean-Claude Trichet ou la faillite du Cercle de la Raison

Il y a quelque chose de savoureux, mais aussi de passionnant, dans le fait d’entendre l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, défendre son bilan à la tête de cette institution capitale de l’Union européenne, qu’il a dirigée entre 2003 et 2011, après dix ans passés à la tête de la Banque de France. Passionnant, à plusieurs titres : M. Trichet, passé par l’école des Mines de Nancy puis par l’Ecole nationale d’administration, a en effet été aux commandes du navire amiral, lors de la survenue des deux évènements essentiels de l’histoire de la jeune Union économique et monétaire qu’ont été l’instauration de l’euro fiduciaire, au 1er janvier 2002, puis la crise financière mondiale qui a secoué la planète à partir de 2007, mettant en sérieux péril la monnaie unique européenne au cours des années suivantes. Savoureux, parce que la façon dont M. Trichet défend son bilan, se refusant obstinément à reconnaître le début du commencement d’une erreur au cours de son mandat, illustre à merveille cet orgueil si français consistant à brandir ses diplômes d’abord, les objectifs chiffrés qu’on aurait atteints ensuite, pour se dédouaner de toute responsabilité humaine et morale.

L’attitude de M. Trichet rappelle à certains égards cette phrase de l’économiste libéral – à vrai dire, l’une des dernières incarnations de ce que l’on nomme le capitalisme rhénan – Charles Gave : “Comment voulez-vous qu’un haut fonctionnaire se remette en cause, alors que ces gens-là sont premiers de leur classe depuis tout petits ?” Pour caricaturale qu’elle soit, cette idée n’en possède pas moins une certaine part de vérité ; il suffit d’observer la façon dont François Hollande lui-même ou Pierre Moscovici, pour ne citer que deux exemples récents, sont tellement incapables de remettre en cause leur infaillibilité que le premier prépare son retour en politique au mépris de ses échecs et du rejet massif dont il fait l’objet par l’opinion, pendant que le second met en garde l’Europe entière contre la montée d’un fascisme italien soi-disant apparu ex nihilo, sans daigner évoquer l’éventuelle responsabilité des traités, institutions et choix politiques européens dans ce scénario chaotique de réveil populiste. Ces trois personnes ont ceci de commun : elles n’ont, selon elles-mêmes, pas failli une seconde ; ce sont au choix les peuples, l’opinion, ou tout simplement les autres, qui n’ont pas été capables de les comprendre. La belle affaire.

 

Une banque centrale pourquoi faire ?

S’agissant de M. Trichet, il faut replacer brièvement son mandat dans le contexte de naissance de la BCE, et faire un peu d’économie. Dans les faits, une banque centrale peut être considérée comme la source monétaire ultime : en premier lieu, le niveau auquel elle place ses taux directeurs contribue, parmi d’autres facteurs, à fixer le coût de l’argent, c’est-à-dire le prix que vont devoir payer les banques commerciales pour accéder à ce que l’on appelle de façon courante la “monnaie banque centrale”. Ces banques commerciales sont ensuite chargées d’octroyer des prêts aux entreprises et aux particuliers à des taux qui seront fonction de celui qui aura été fixé par la banque centrale. Plus ce dernier est bas, plus la banque commerciale pourra, à son tour, prêter à un taux faible aux acteurs économiques, contribuant ainsi à l’expansion du crédit. Dans un tel système, si le banquier central constate une inflation dangereuse du crédit, qui peut notamment se manifester par l’apparition de bulles (“bulle internet” dans les années 1990, “bulle immobilière” dans les années 2000), il est censé relever ses taux pour couper court à une situation dont le brutal retournement pourrait avoir de dramatiques conséquences. A l’inverse, s’il craint un assèchement de l’économie du fait de l’impossibilité d’accéder au crédit, il doit baisser ses taux pour permettre à l’argent d’irriguer correctement les différents acteurs : banques commerciales, entreprises, consommateurs.

La crise de 2007-2008 est, à ce titre, exemplaire : bénéficiant des taux directeurs extrêmement faibles de la Fed (banque centrale des États-Unis) pendant les années 2000, les banques commerciales américaines entreprennent de prêter massivement aux ménages américains, y compris peu solvables, n’hésitant pas dans les années précédant la crise à maquiller les profils d’emprunteurs en réalité fragiles, pour pouvoir continuer à les inonder de crédits, notamment immobiliers. Face à cette situation de bulle, en 2006, la Fed relève brutalement son principal taux directeur, qui passe alors de 1% à 5% : des millions d’emprunteurs se révèlent alors incapables de payer des mensualités devenues subitement bien supérieures à ce qui était prévu lors de la souscription de leur crédit, puisque cette augmentation des taux directeurs est répercutée sur les taux de leurs propres emprunts. En effet, aux Etats-Unis, ce sont des crédits à taux variable qui étaient traditionnellement accordés aux ménages fragiles : les désormais célèbres subprimes. Lorsque ces ménages ne peuvent plus payer, s’enclenche un jeu de dominos : les banques leur ayant prêté, puis les diverses institutions financières auxquelles elles avaient revendu les titres de dettes de ces ménages sous formes de produits financiers dérivés subitement dépourvus de toute valeur puisque les titulaires des emprunts ne sont plus solvables, se trouvent alors menacés de faillite si la banque centrale, ou l’Etat, n’interviennent pas, notamment en leur fournissant de l’argent frais.

 

Jean-Claude Trichet, moine obtus de la stabilité des prix

C’est ici que nous retrouvons Jean-Claude Trichet, qui est placé dès 2008 face à une tâche délicate : piloter un navire à peine sorti du chantier, la zone euro, se trouvant confronté derechef à un ouragan de première catégorie. Et alors qu’outre-Atlantique, la Fed procède immédiatement à neuf baisses de taux, échelonnées entre l’été 2007 et l’automne 2008, ayant immédiatement compris qu’elle faisait face à un assèchement drastique des conditions de crédit, M. Trichet choisit, à rebours de toute logique économique, d’augmenter les taux directeurs de la BCE. Pourquoi une décision aussi absurde en apparence ? La réponse est à la fois dans les traités européens, et dans le logiciel intellectuel présidant aux décisions de Jean-Claude Trichet. En effet, selon l’art.119-2 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), le principal mandat de la BCE est de viser à la stabilité des prix. Dans une Europe traumatisée par l’hyperinflation incontrôlable des années 1970, l’inflation a acquis le statut d’ennemi public numéro un ; et si l’on remonte le fil de l’Histoire, elle rappelle également à nos voisins allemands l’apocalypse inflationniste des années 1920, née du recours massif à la planche à billets de la République de Weimar pour payer les gigantesques réparations de guerre décidées lors de la signature du Traité de Versailles. De ces épisodes est née une doctrine, dont l’Allemagne et les Etats-Unis ont été les pionniers : une banque centrale doit être totalement indépendante du pouvoir politique, notamment pour éviter à ce dernier toute tentation de financer des dépenses publiques immodérées, ou de rembourser sa dette, en contraignant son banquier central à imprimer des billets dont la valeur diminuera d’autant, déclenchant des poussées inflationnistes nuisibles à l’ensemble de l’économie. D’où le théorème suivant, installé depuis les années 1990 : la banque centrale doit non seulement être indépendante, mais ajuster ses taux directeurs selon le taux d’inflation souhaité.

En bon petit soldat, M. Trichet a donc décidé de se conformer à l’objectif européen : de la stabilité des prix avant toute chose, au mépris des circonstances. Malgré la crise, qui s’annonçait gigantesque, il a choisi de garder les yeux rivés sur son objectif initial. Il est d’ailleurs tout à fait frappant de constater qu’aucune interview, ou presque, de l’ancien président de la BCE n’échappe à ce rappel, fait par lui-même : sa mission de maintien de la stabilité des prix a été “impeccable” (sic). On lui avait demandé une inflation proche de 2%, et légèrement inférieure ? “L’inflation moyenne au cours de mon mandat a été de 2,03%”, affirme, avec un léger sourire de satisfaction, l’ex-banquier central. Les résultats de cette gestion “impeccable” ne se sont pas fait attendre : en réalité, ils ont aggravé une situation déjà explosive. Dès après le relèvement des taux de la BCE, en juillet 2008, passant de 4% à 4,25% (contre 1% aux Etats-Unis !), l’Irlande entre en récession, suivie par l’Espagne, l’Islande et le Royaume-Uni, dont la croissance se trouve réduite à la portion congrue. Les faillites bancaires se précipitent en Europe. Face à cette situation, en octobre, la BCE diminue son taux directeur, mais de 0,25 point seulement, bien en-deçà de ce qui eût été nécessaire. De la stabilité avant toute chose. Ce n’est que huit mois plus tard, une éternité dans un tel contexte, que M. Trichet estime devoir ramener ce taux à 1%, et seulement en mai 2010, sous la pression de banques commerciales européennes exsangues, qu’il accepte d’autoriser les banques centrales européennes (Banque de France, Bundesbank…) à racheter des dettes publiques des Etats de la zone euro à ces dernières, afin de leur permettre d’accéder à de l’argent frais qui leur permettra de rembourser leurs propres dettes, mais aussi d’accorder des prêts aux acteurs dans une économie déjà menacée par la récession. De la stabilité avant toute chose. On avait demandé à M. Trichet de garantir une inflation voisine des 2% ? Il va s’y employer. C’est un fabuleux exemple de primat de la carte sur le territoire : l’individu se conformant aux religieuses prescriptions du traité sacré, préférant la satisfaction primaire procurée par le fait de cocher les cases du formulaire à un exercice sain et salutaire de son sens de l’observation, sinon de son esprit critique.

 

Se tromper, se tromper et encore se tromper

Plus grave encore, la crise financière, en Europe, s’est doublée dès novembre 2009 d’une crise des dettes publiques amorcée avec l’annonce par Georges Papandréou, nouveau chef du gouvernement grec, d’un déficit public de près de 13%, soit le double du chiffre officiel. A cela s’ajoutait la découverte d’un maquillage constant des déficits publics par l’Etat grec depuis la fin des années 1990, avec la bienveillante collaboration de Goldman Sachs qui quittait le navire en 2005 après avoir empoché, au passage, la coquette somme de 5,1 milliards d’euros pour services rendus. Le but de la manœuvre grecque ? Satisfaire aux saints critères posés par le Pacte de stabilité et de croissance, comportant la fameuse règle des 3%, une règle dont le respect était censé permettre à la Grèce d’être admise au sein de la zone euro. Et ce malgré de sévères inquiétudes, pudiquement évacuées à l’époque au nom de la nécessité d’un élargissement rapide de l’Union économique et monétaire, sur la capacité de son économie à supporter une brutale réévaluation de sa monnaie. M. Trichet s’est alors mué en une impitoyable courroie de transmission des désirs des pays d’Europe du Nord, au premier rang desquels l’Allemagne : il fallait punir la Grèce. Timothy Geithner, secrétaire du Trésor américain de 2009 à 2013, a relaté dans un ouvrage assassin (Stress Test, 2015) l’obstination du président de la BCE à maintenir une logique punitive, assise sur des motifs purement moraux – quitte à toucher du doigt l’absurdité économique. En effet, en maintenant la tête du gouvernement grec sous l’eau (“ils voulaient leur distribuer des coups de batte de baseball”, selon le mot de Geithner), l’UE envoyait en réalité un signal très négatif aux marchés, à savoir que tout ne serait pas fait pour sauver la zone euro. Pour les investisseurs, les conséquences étaient limpides : il leur faudrait à tout prix éviter de prêter le moindre sou aux Etats européens en difficulté, puisque l’Union elle-même laissait entendre qu’elle préférait laisser s’enchaîner les défauts de paiement publics plutôt que de contribuer à leur sauvetage. Qui voudrait prêter à une entreprise dont les garants annoncent à grand cris qu’ils refuseront d’assumer ses pertes ? Cette attitude revenait tout simplement à priver les Etats moribonds d’accès aux marchés financiers. Il faudra le remplacement de Jean-Claude Trichet, en novembre 2011, par Mario Draghi, pour que l’avenir de la zone euro soit officiellement garanti par le nouveau président de la BCE en juillet 2012, par une formule devenue célèbre (“nous sauverons l’euro, quel que soit le prix à payer”). Mais jusqu’aux dernières secondes de son mandat, M. Trichet n’aura reconnu aucune erreur de jugement : sa gestion, a-t-il répété, passablement en colère lors de l’une de ses dernières conférences de presse en septembre 2011, a été “impeccable”. Le fait que sa politique, caractérisée par un formidable mélange d’inertie et de dogmatisme, ait été jugée contre-productive par des personnalités aussi respectées que Timothy Geithner ou l’économiste Paul Krugman, qui avait brillamment prédit dès 1993 les dysfonctionnements à venir de la zone euro, ne semble pas avoir atteint M. Trichet. Le fait d’avoir accompagné, à la tête de la BCE, la mise en oeuvre d’une politique punitive vis-à-vis de la Grèce au mépris de l’intérêt économique plus large de la zone euro ne semble pas hanter l’ancien inspecteur des finances.

 

Quand Monsieur Homais donne des leçons

Dans une récente intervention médiatique, Jean-Claude Trichet s’est même offert un réquisitoire en règle contre le budget présenté par le gouvernement italien et refusé, comme on sait, par la Commission : selon lui, le gouvernement italien “joue avec le feu”. Interrogé par David Jacquot, journaliste peu enclin à lancer des appels à la collectivisation des moyens de production, sur le “mandat souverain” donné au gouvernement italien par le peuple, M. Trichet se fait même narquois. “Qu’est-ce que vous voulez dire par “mandat souverain” ? (Le journaliste : ils ont été élus !). Mais vous savez, ce gouvernement a aussi été élu pour gérer au mieux son propre pays, et pour donner le meilleur pour son propre peuple”. En bon français, les décisions populaires pèsent peu de chose face à la “crédibilité de la signature” d’un pays. Comme si, en déconnectant les banques centrales de l’autorité politique au cours des dernières décennies pour les raisons évoquées plus haut, les prédécesseurs intellectuels des gouvernants européens actuels, parmi lesquels M. Trichet, n’avaient pas été capables d’imaginer que les Etats souverains allaient de facto se trouver placés dans une situation de dépendance absolue vis-à-vis de marchés financiers devenus leurs prêteurs hégémoniques, ces derniers modulant les taux auxquels ils acceptent de leur accorder des prêts en fonction du jugement qu’ils portent sur leurs politiques publiques, hors de toute légitimité démocratique.

Ainsi, imaginons un Etat européen endetté, comme la France ou l’Italie, décidant aujourd’hui de lancer un plan massif de transition énergétique, financé par de la dette, mais amorti à échéance de dix ans par une réduction drastique de ses importations d’hydrocarbures  : le budget de cet Etat sera immanquablement rejeté par la Commission, au nom des différents traités européens (PSC, mais aussi TSCG de 2011) ; le taux auquel cet Etat emprunte chaque jour explosera – celui de l’emprunt italien à 10 ans a doublé au cours de ces six derniers mois, pour atteindre aujourd’hui 3,4% ! – et sa dette, mécaniquement, sera condamnée à augmenter par un effet “boule de neige”. Car les intérêts des prêteurs ne sont pas ceux des gouvernants : ils cherchent des rendements immédiats et des garanties de remboursement, là où l’Etat est censé rechercher la réalisation de l’intérêt général à long terme, quitte à alourdir momentanément la dette publique – faut-il rappeler que la dette de l’Etat français a augmenté de 50% en dix ans, notamment du fait de l’explosion des dépenses sociales entraînée par l’incurie du monde financier ayant provoqué la crise de 2008 ? Or, les “marchés” font et défont les rois: ce sont leurs critères, leurs exigences, leurs objectifs de rendement qui dictent leur conduite à des Etats qui, sans la confiance des marchés, ne peuvent plus aujourd’hui fonctionner. Quelle ironie, lorsqu’on sait que ce sont les Etats qui financent les conséquences des banqueroutes mais également qui assurent, via les titres de dettes qu’ils émettent, la présence d’actifs financiers solides et prisés par les investisseurs. La boucle est bouclée.

Dans ce gigantesque jeu de dupes, où les marchés sont juge et partie, les perdants sont tout désignés : ce sont les Etats et les peuples. Les marchés ont besoin des Etats pour garantir leur fonctionnement ; ils ont besoin des titres de dette publique pour disposer d’actifs sûrs qui leur servent de valeurs-refuges et alimentent fonds de pensions et assurances-vie, recherchant des placements stables ; ils ont besoin de l’intervention publique pour prendre leurs pertes en cas de malheur, mais aussi pour indemniser les dizaines de millions de chômeurs dont chaque crise financière accouche (une simple observation des vagues d’augmentation des déficits publics suivant chaque crise financière, depuis trente ans, permet de s’en convaincre). Mais ils n’ont de cesse, malgré cela, d’appeler les Etats, en modulant les taux auxquels ils acceptent de les financer selon l’appréciation qu’ils font de leurs politiques publiques, à ignorer les choix populaires, choix qui ont la fâcheuse habitude de répondre à des besoins socio-économiques qui ne sont absolument pas les leurs. Et au sein de ce jeu, les Pierre Moscovici, les Jean-Claude Trichet – ou Juncker, les Emmanuel Macron, ont choisi leur camp en même temps qu’ils ont désigné leur ennemi : le suffrage universel, et les institutions démocratiques qui l’accompagnent. Cette vassalisation des Etats et des décisions souveraines par les intérêts économiques, bien loin de constituer un phénomène neuf, n’en a pas moins pris une dimension extrêmement préoccupante depuis trois décennies, qui voit aujourd’hui les chefs d’Etats eux-mêmes reprendre les éléments de langage de la sphère financière.

 

Perseverare diabolicum

En définitive, et c’est en cela que la façon dont Jean-Claude Trichet balaie l’idée même de la légitimité du peuple italien est si frappante, la question n’est sans doute pas de savoir si l’on aime ou pas ce gouvernement italien, si l’on approuve son programme : la question, comme l’a rappelé cette semaine Jean-Luc Mélenchon dans un élan de lucidité en appelant à soutenir la position italienne face à la Commission, est plutôt de savoir si les choix populaires doivent continuer à primer sur la cupidité. Sans doute faudra-t-il attendre la prochaine crise financière, une crise que des montagnes de dettes d’une ampleur largement supérieure à celles de 2008 nous préparent en ce moment même, pour espérer voir le politique choisir clairement le camp de l’intérêt public, un intérêt dont la défense commande parfois de couper court à des exigences financières incapables de se projeter au-delà d’un horizon temporel désespérément court. Alors, on peut rêver, peut-être quelques décideurs du cercle de la raison se laisseront-ils aller, et avec eux M. Trichet, à reconnaître qu’ils se sont constamment trompés au cours des trois dernières décennies, en chérissant amoureusement les causes financières dont ils déplorent si bruyamment les effets dans les urnes.

Régis de Castelnau

42 Commentaires

  1. Cher Maître.
    est-il exact que, alors président de la Banque de France, Mr.Trichet avait validé les comptes du Crédit Lyonnais qui,suite à des malversations avait subi des pertes colossales, payées ensuite par les contribuables français, dindons de la farce comme d´habitude.
    Merci.
    Salutations
    Arnaud de Vendeuvre.

  2. Comme l’explique Coralie Delaume dans son livre  » le couple franco-allemand n’existe pas » les élites françaises sont fascinées par l’Allemagne et son obsession de la stabilité monétaire pour l’importer dans notre pays dont la culture politique, historique, et monétaire est .si différentes. Ce faisant ils servent les intérêts de l’Allemagne comme entre 1940 et 1944.

    • Nous devrions remercier l´Allemagne qui nous montre le chemin du plein emploi au lieu de continuer à proférer les absurdités socialistes sur le déséquilibre budgétaire et l´endettement public , causes de notre triste situation et du chômage massif en France.L´Europe et l´Euro sont une chance de nous moderniser. Le retour au Franc, aux frontières nationales et au protectionnisme seraient une excellente occasion de s´enrichir en remboursant notre dette en monnaie de singe mais l´apauvrissement économique et industriel ne pourraient que s´agraver , la masse des chômeurs et la pauvreté augmenteraient de manière insupportable.Ayant été un directeur de banque brésilienne alors que l´inflation atteignait 80 % par mois je vous écris en connaissance de cause.
      Salutations.
      Arnaud de Vendeuvre

      • Une inflation à 80% par mois, jamais la France n’a connu ni même approché de près ou de loin de tels records d’inflation, même dans ses accès les plus fous de relance keynésienne. Et la lutte contre l’inflation ou la dette publique en Europe ne saurait en aucune façon justifier d’ignorer l’opinion des peuples exprimée lors des élections de leurs représentants et de leurs dirigeants. A mépriser les règles élémentaires de la démocratie pendant des lustres, par exemple en instituant des banques centrales indépendantes de tout contrôle politique et en obligeant les états à faire financer ses investissements par les marchés, l’Union Européenne brade les intérêts publics au profit d’intérêts privés mondialisés: elle doit impérativement et rapidement être réformée (renégociation des traités et du fonctionnement de l’Euro). Si vous pensez vraiment que l’on peut continuer longtemps comme cela sans qu’une résistance populaire ne s’organise un peu partout -et pas seulement en Italie, en Hongrie, en Autriche, etc-, pour mettre fin à de tels agissements, 2019 va vous réserver quelques surprises et déconvenues. A bon entendeur…

      • Il n’est pas sujet à débat, quand on se penche sur la science économique, que l’Euro est la principale source d’appauvrissement en France depuis 15 ans. La parité monétaire entre France et Allemagne a saigné l’industrie française de façon spectaculaire (parce que les pays sont différents, n’ont pas la même compétitivité ni les mêmes règles fiscales etc.).
        Les excédants commerciaux allemands en sont le principal témoin. Du point de vue économique, un pays qui fait 8% de son PIB en excédant commercial et qui ne fait rien contre peut être considéré à raison comme un État voyou.

        Je ne peux donc pas vous laisser dire que « l’Euro [est] une chance ». C’est factuellement inexact. Encore faut-il se donner les moyens de le constater et ne pas s’en tenir aux slogans et à la propagande.

        Je fais deux remarques supplémentaires en anticipation de la contradiction :
        – la dévaluation interne (réduction des charges, de la dépense publique) a un effet très faible, et ne supplante absolument pas la vraie arme classique, la dévaluation, qui, elle, a le mérite de ne pas faire couler la demande interne ;
        – pour faire fonctionner l’Euro, plusieurs possibilités existent : (1) les Espagnols et les Français etc. émigrent massivement en Allemagne (vont-ils être aussi productifs que les Allemands? rien n’est moins sûr) ; (2) l’Allemagne accepte d’augmenter massivement ses prélèvements et compense ses excédants commerciaux par des flux financiers dans le sens inverse (pour payer les retraites et les chômeurs des autres pays notamment). Est-ce qu’un tel degré de solidarité est imaginable de la part des Allemands? Par conséquent, est-ce qu’une telle union monétaire pouvait (et peut) fonctionner?

  3. Je n’ai aucun souvenir d’une hyperinflation Européenne, dans les années 1970?

    Etrait wikipédia de l’article Hyperinflation:

    « « L’hyperinflation est révélée par certaines caractéristiques de l’environnement économique d’un pays qui comprennent, sans s’y limiter, les points suivants : 1/ la population en général préfère conserver sa richesse en actifs non monétaires ou en une monnaie étrangère relativement stable. Les montants détenus en monnaie locale sont immédiatement investis pour maintenir le pouvoir d’achat ; 2/ la population en général apprécie les montants monétaires, non pas dans la monnaie locale, mais dans une monnaie étrangère relativement stable. Les prix peuvent être exprimés dans cette monnaie ; 3/ les ventes et les achats à crédit sont conclus à des prix qui tiennent compte de la perte de pouvoir d’achat attendue durant la durée du crédit, même si cette période est courte ; 4/ les taux d’intérêt, les salaires et les prix sont liés à un indice de prix ; et 5/ le taux cumulé de l’inflation sur trois ans approche ou dépasse 100 %. »

    Prudence sur les causes de l’hyperinflation de l’Allemagne sous la république de Weimar, à tout le moins ça se discute.

    Extrait wikipédia de l’article Réparations de la Première Guerre mondiale;

    « Le montant réel des réparations que la seule Allemagne est obligée de payer ne correspond bien entendu pas à 132 milliards (soit 300 % du PNB allemand de 1913) mais à 52 milliards de marks-or (valeur 1914), laquelle somme est inscrite dans les annexes d’obligations de type A (10 milliards) et B (42 milliards)1,2 du dit traité. Avec le recul, l’historienne Sally Marks estime, à l’instar d’autres spécialistes, que les 80 milliards de marks en « obligations de type C » étaient entièrement chimériques, un dispositif pour tromper le public en lui faisant croire que l’Allemagne paierait beaucoup plus. Sur le plan structurel, l’Allemagne en 1920, est deux fois moins endettée que la France et la Grande-Bretagne1.
    Le paiement total réel de 1920 à 1931 (lorsque les paiements furent indéfiniment suspendus) atteignait 20 milliards de marks-or, valant environ cinq milliards de dollars ou un milliard de livres sterling. De ce montant réglé conformément au plan Dawes (1924), 12,5 milliards de trésorerie venaient principalement de prêts consentis par des banquiers américains. Le reste, en nature, est constitué de marchandises, comme le charbon et les produits chimiques, ou de biens manufacturés tels que des équipements de chemin de fer. Le montant total des réparations fut fixé à Londres en janvier 1921 sur la base de la capacité de l’Allemagne à payer, et pas sur la base des revendications alliées. »

    Il est possible de mon point de vue qu’entre autre les dépenses engagées pour détruire 1/4 de la France et 1.750.000 français, sans compter les autres pays concernée par la même activité de l’Allemagne durant quatre ans sur leur propre sol, aient contribué à dégrader le budget de ce pays. Bien sûr, ce n’est qu’une hypothèse.

    Amicalement,

    • On disait même stagflation. Stagnation économique avec des taux de chômage élevés et une forte inflation.

    • Pour en rester aux 4 dernières décennies en France, nous avons eu une inflation à 2 chiffres du milieu des années 1970 jusqu’au début des années 1980:
      http://france-inflation.com/inflation-depuis-1901.php
      Loin en-dessous de ce qu’a connu l’Allemagne sous la République de Weimar.

      Et pendant ce temps, le taux du livret A était la moitié de celui de l’inflation….

    • Merci à vous, Monsieur de Vendeuvre pour cette analyse totalement superficielle. Au cas où vous l’ignoreriez la France n’est en rien l’Allemagne à tous points de vue, et c’est bien le drame de nos élites fascinées comme vous par un prétendu modèle allemand qui veulent nous l’imposer à tout prix sous alibi européen. Depuis 30 ans la France paie le prix fort d’un dogme économique stupide de la monnaie forte à tout prix, le Francfort et l’euro fort clone du DM. On peut quasiment parler d’une trahison des élites « françaises » comme entre 1940 et 1944.

  4. « Les marchés ont besoin des Etats pour garantir leur fonctionnement ; ils ont besoin des titres de dette publique pour disposer d’actifs sûrs qui leur servent de valeurs-refuges et alimentent fonds de pensions et assurances-vie, recherchant des placements stables »

    Cette affirmation est incomplète : on obligé ces fameux fonds de pension et autres fonds euros des contrats d’assurance vie à avoir une part minimale dactifs notés AAA. Et cette obligation est faite….par la loi ! Cette obligation est gaifa de façon deguisse par des loi de type Mifid : un investisseur ayant un profil plutôt néophyte, devra avoir tel et tel ratio de produits notes avec telle note. Les gérants de fonds sont donc obligés d’adapter leur gestion et d’acheter des obligations AAA qui sont émises …. par ces mêmes pays qui ont fait ces lois. La note est donnée au passage par des agences de notation qui deviennent toutes puissantes, après le législateur qui leur a assuré une rente et un pouvoir énorme. Une sorte de donnant donnant.

    Donc, pour moi, dans cette histoire les personnages politiques qui ont abdiqué en offrant des cadeaux sont aussi responsables car ils ont trouvé un système pour financer sans fin leur politique de cadeaux, et ce avec l’argent des épargnants.

  5. Etrange article écrit de manière intelligente mais qui méconnaît des mécanismes économiques fondamentaux.

    Les montagnes de dettes ont été provoquées par le successeur de JC Trichet avec son QE, et par les augmentations phénoménales des dépenses publiques après 2009 qui heureusement ont été jugulées parce qu’elles n’étaient en rien soutenables.

    Du côté des explosions budgétaires, si vous aviez laissé faire les politiques comme N Sarkozy, vous auriez le double ou le triple de dette. Et une spirale d’appauvrissement imposition-augmentation budgétaire-remboursement d’emprunt plus gigantesque qu’elle ne l’est actuellement. Et encore, grâce à l’Allemagne, les taux d’intérêts sont restés artificiellement bas !

    Heureusement, l’épée de Damoclès grecque a permis aux gouvernants de républiques bananières de revenir sur terre. Malheureusement, les suites des QE vont provoquer la prochaine crise, qui sera bien plus gigantesque, alors que les Etats ont pu s’endetter gratuitement, en bénéficiant de la garantie allemande.

    En adoptant le QE, nous avons cédé face à l’arme de guerre financière américaine. Ce n’était pas une bonne nouvelle. A l’époque les imbéciles de journalistes économiques ont trouvé la mesure formidable. Nous voyons où nous en sommes aujourd’hui… S’il y en a qui ne se remettent pas en cause, c’est ceux qui ont échoué avec leur QE.

    Il aurait mieux valu que la Grèce sorte de l’Europe ou encore mieux que l’euro explose pour assainir cette situation déplorable. Les situations de crises sont normales en économie. Seule notre manière de vouloir tricher avec la finance, d’appeler cela cupidité (là nous sommes effectivement dans le registre de la morale et non de l’économie) ce qui n’est qu’intérêt bien compris, nous a conduit à une telle aberration.

    L’Allemagne a une bonne gestion financière et économique. Elle gagne en puissance. Derrière, ceux qui croient que la force se décide à coups d’incantations politiques, eux, s’appauvrissent, car ils s’imaginent pouvoir s’extraire des contraintes matérielles de manière fantasmatique.

    • @Cornut : L’ Allemagne a une bonne gestion financière et économique dîtes-vous. Elle sait surtout tirer profit d’un outil monétaire – l’ Euro – bien adapté à son appareil productif, au détriment de pays n’ayant pas les mêmes caractéristiques. L’ excédent commercial de l’une n’existe que par les déficits des autres. Je constate effectivement que l’ Allemagne exerce une étrange fascination chez certains…

      • Si vous imaginez que les questions financières fabriquent une économie, vous vous trompez lourdement sur le sens de ce qu’est une économie. L’Allemagne bénéficie de l’euro. Mais elle ne pourrait le faire sans un appareil industriel très performant.

        Nous ne nous en sortirons pas avec de telles mentalités de recherche d’excuses.

        D’ailleurs je n’ai pas de parti pris dans le maintien de l’euro, au contraire. Je suis favorable à une sortie de l’euro parce que nous devons effectivement avoir une monnaie qui ressemble à notre économie, une monnaie qui dévaluera régulièrement… nous sommes les losers de l’histoire en ce moment. Il faut simplement admettre cette triste réalité si nous voulons aller un peu plus loin.

        • Bien sûr que la monnaie n’ est pas le seul déterminant de l’ économie, mais elle peut la plomber, comme c’est le cas de l’ Euro avec la France, ou la doper, comme c’est le cas avec l’ Allemagne. L’ Euro est une monnaie « politique », sur un plan purement technique, elle est un monstre…

        • Ce que vous dite c’est qu’avoir un outil monétaire n’est pas suffisant pour avoir une force de frappe industriel.
          Mais n’oubliez pas que c’est nécessaire.

          L’Allemagne a aujourd’hui l’Euro.
          La France n’a pas d’outil monétaire, et, pour cette raison, l’appareil industriel qu’elle avait s’est délité de façon spectaculaire.

          Si nous sommes des « losers », c’est bien parce que nous l’avons décidé au plus haut niveau et pas parce que nous serions moins compétitifs, « gaulois réfractaires » etc.

  6. Mon grand âge (classe Pécresse/Hamon !) et mes connaissances historiques me permettent de dire combien le texte d’Ambroise de Rancourt est lumineux, mais aussi que ce qu’il évoque, dans la réalité, a été et est encore plus noir…

  7. Très beau papier. Deux remarques : 1/ Le problème c’est que l’argent gratuit de Draghi a servi aux acteurs financiers à jouer sur les marchés-casinos (puisque personne ne les surveille, les accords de Bâle III ayant décidé que les grosses banques sauraient s’autoréguler et de pas risquer l’excès de levier ce qui manifestement n’est pas le cas). 2/ En ce qui concerne les subprimes, les cadres des grandes banques auraient tous dû aller en prison (comme les directeurs des S&L en faillite dans les années 80) puisqu’ils savaient pertinemment que les guignols du type Countrywide avaient vendus des prêts ‘ no interests, no doc’, en trafiquant qui plus est dans de nombreux cas les salaires des accédants à la propriété (exemple de cette barmaid au salaire déclaré de 12000 dollars par mois) et en leur proposant de reporter de deux ans les intérêts sur le capital, ce qui provoquait à l’échéance un renflement du capital et l’insolvabilité des emprunteurs.
    Pour finir, au delà de la répugnance partagée que vous inspire la puante autosatisfaction de Trichet, le vrai problème, même aux USA est que les banques auraient dû renflouer les emprunteurs et pas les banques (les banques auraient ainsi été sauvées). D’autre part, il est anormal aujourd’hui que les Etats soient considérés comme des acteurs comme les autres sur la scène financière et doivent montrer patte blanche pour obtenir des prêts pas trop onéreux. Les Etats devraient, comme ça a été le cas jusqu’à la fin des années 60, avoir priorité sur l’épargne nationale et fixer les taux. Il reste néanmoins que votre post est d’une grande clarté et très plaisant à lire.

  8. Petite erreur au sujet de l’inflation allemande des années 1920 : l’Allemagne n’a pas émis de grandes quantités de monnaie pour payer les réparations résultant du Traité de Versailles. Les réparations étaient libellées en mark-or d’avant-guerre donc l’Allemagne devait payer en or ou en équivalent. Autrement il aurait été bien trop facile à l’Allemagne d’émettre des milliards imaginaires pour payer les réparations sans rien débourser en réalité.

    L’inflation des années 1920 provient du choix de l’Allemagne de cesser le versement des réparations deux ans à peine après les avoir acceptées et de continuer la R&D ainsi que l’entretien d’une armée bien supérieure à celle autorisée par le Traité. La France a alors occupé la Rhénanie pour faire appliquer le Traité. Au lieu d’honorer sa signature, l’Allemagne a ordonné à ses citoyens de cesser de travailler en Rhénanie et pour cela les a rémunérés en marks émis par sa banque centrale, ce qui a provoqué l’hyperinflation, aggravée par une perte de confiance dans la monnaie.

  9. Pardon pour mon erreur. Je parlais de la FED ou de l’Etat lorsqu’il s’agissait de renflouer les emprunteurs et pas les banques…

  10. Cher M. de Rancourt,
    vous citez Timothy Geithner, PaulKrugman et même Charles Gave (lequel écrivait au début des années 2000 que l’Euro allait favoriser l’Allemagne et ruiner les pays du Sud).
    On pourrait y ajouter Milton Friedman («L’euro va être une grande source de problèmes, non pas une source d’aide. L’euro n’a pas de précédent. Autant que je sache, il n’y a jamais eu d’union monétaire, lançant une monnaie fiduciaire, composée d’États indépendants. Il y a eu des unions basées sur l’or ou l’argent, mais pas sur de la monnaie fiduciaire – monnaie vouée à faire de l’inflation – lancée par des entités politiquement indépendantes)
    Tout ceci pour dire que votre article met en lumière un fonctionnement fascinant de certains de nos dirigeants ; malgré les avertissements, ils se trompent.
    Et quand les faits leur donnent tort, ils refusent de l’admettre.

  11. En sortant de la première guerre mondiale, l’Etat allemand était fortement endetté envers ses classes moyennes. En effet, là où France et Royaume-Uni avaient pu s’endetter aux US, les Allemands avaient dû compter sur le seul emprunt interne.

    Or, l’Etat allemand ne voulait pas rembourser ces sommes, et c’est à cela qu’à servi l’hyperinflation déclenchée (de manière délibérée) par les politiciens allemands avant et surtout pendant l’intervention française dans la Ruhr.

    D’une pierre deux coups, on ne rembourse pas et on monte la tête des classes moyennes contre les Fransozen. Bien entendu, les conséquences politiques de moyen terme…

    ***

    Quant aux indemnités décidées à Versailles, elles ne sont pas du tout gigantesques si on compare avec ce que l’Allemagne a décidé dans l’histoire, et avec ce qu’elle a fait dans la France occupée de 1914 à 1918.

    En effet, en 1871 par exemple, l’indemnité demandée était de 4,25 milliards de mark-or. Mais le PIB de la France était alors 3 fois plus petit que celui de l’Allemagne de 1919 : population 2 fois plus faible, et effet du progrès technique en 40 ans.
    Donc, la France a payé l’équivalent de 13 milliards de mark-or en tenant compte de la taille des économies, soit 10% environ de l’indemnité décidée à Versailles.

    Mais, en 1870 1871, la France n’a rien cassé en Allemagne, et n’y est d’ailleurs presque pas entrée. Alors que l’Allemagne a causé de nombreux dégâts, délibérés ou non, aux pays ayant droit aux réparations (Angleterre, Belgique, France).

    Parmi les dégâts non délibérés se trouve la zone des tranchées, essentiellement en France, plusieurs centaines de km sur 10 km de terre agricole à remettre en état.

    Parmi les dégâts délibérés se trouvent la flotte marchande anglaise, et les destructions volontaires opérées en France et en Belgique : mines inondées, usines transférées en Allemagne, arbres fruitiers coupés (de manière plus anecdotique, défécation etc dans les maisons des particuliers)…

    Tout ceci dans le but explicite d’éliminer des concurrents après guerre.

    L’Allemagne a finalement payé 20 milliards (10 à la France, 5 à Belgique et GB) c’est à dire à peine plus que la France en 1871 malgré son comportement scandaleux pendant la guerre.

    Conclusion :
    – il était tout à fait légitime de demander des indemnités à l’Allemagne
    – ces indemnités étaient tout à fait raisonnables, comme le reconnaissent à présent même les historiens anglo-saxons (cf Margaret McMillan, historienne canadienne, les artisans de la paix)
    – appuyée sur les anglo-saxons, l’Allemagne n’a presque rien payé au titre de Versailles, moins que la France en 1871 en tout cas (compte-tenu de la taille des économies)
    – elle a par contre utilisé Versailles comme prétexte pour se débarrasser de ses dettes internes, et pour monter sa population contre la France lors de l’occupation de la Ruhr.

  12. « C’est un fabuleux exemple de primat de la carte sur le territoire : l’individu se conformant aux religieuses prescriptions du traité sacré, préférant la satisfaction primaire procurée par le fait de cocher les cases du formulaire à un exercice sain et salutaire de son sens de l’observation, sinon de son esprit critique. » C’est l’essence même de toutes les dérives intellectuelles de notre époque. Trichet est à l’image de l’Union européenne et de toutes les idéologies à la mode, comme l’alarmisme environnemental. Voir le dernier rapport du Giec qui prévoit les énièmes catastrophes (le premier prédisait qu’il n’y aurait plus de neige dans les Alpes en 2013 !) sur la base des modèles et des calculs… fondés sur des hypothèses fausses parce que l’on a simplement évancué l’observation des phénomènes.

  13. Voir l’entretien qu’il a accordé a Marc Roche dans son excellent reportage diffusé en 2012 sur Arte : « Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde »
    Elle commence à partir d’1heure et 03 minutes.
    Si vous avez le temps n’hésitez pas à visionner ce documentaire très bien réalisé est également très instructif.

    https://www.youtube.com/watch?v=ZpitBlsdAYY

    Tout ce que vous décrivez dans votre article y est lamentablement illustré. Son intervention est pitoyable…

    Bien à vous.

  14. Je ne suis pas doué en économie et j’ai de la peine à suivre certaines explications d’Antoine de Rancourt.
    Toutefois, j’ai une vision historique de l’économie. Je pense à l’Allemagne sous la république de Weimar.
    Sur ce blog, à la suite d’un article de Jacques Sapir, j’avais écrit un commentaire le 21 août 2018 :
    http://www.vududroit.com/2018/08/lete-meurtrier-demmanuel-macron/

    Un constat.
    Je suis mauvais en économie, mais ceux qui ont signé les traités européens conduisant à l’euro (Maastricht, Amsterdam, …) sont plus nuls que moi.
    Car donner à la BCE comme seul rôle celui de combattre l’inflation est une stupidité. L’inflation n’est pas le seul mal économique. Dans certaines circonstances, la déflation peut être pire (surtout pour l’emploi) : cf Brüning en Allemagne entre 1930 et 1932 et Laval en France en 1931 et 1935 (1).

    Que JC Trichet se vante de ses « exploits » calamiteux à la présidence de la BCE montre à quels désastres conduit la haute fonction publique française (2).

    (1) Bien sûr, je ne parle pas ici de l’époque où Laval était chef du gouvernement de Vichy, mais quand il a été à 2 reprises chef du gouvernement de la IIIe République.

    (2) La haute fonction publique a été utile autrefois. Mais de nos jours, cette caste au service de la classe dominante (le capitalisme financier mondialisé) est totalement destructrice : elle détruit les hôpitaux, la police, l’Education Nationale, …

    • Correction : Ambroise de Rancourt et non « Antoine » comme je l’ai écrit par erreur.

  15. Je ne défends pas Laurent Wauquiez. Mais la réflexion de Benjamin Griveaux sur « ce type qui défend les fumeurs de clopes et les conducteurs de diesel » est totalement ignoble.
    Elle dénote chez Griveaux un véritable mépris de classe contre les ruraux et les habitants des petites villes obligés de prendre leur voiture (avec diesel ou essence ordinaire) pour aller travailler.
    Griveaux, avant d’être LaREM a été au PS.
    Cela montre bien, comme je l’ai écrit, que le PS est un parti au service de la classe dominante et n’a plus rien de commun avec les socialistes que furent Jaures, Guesde, voire Blum.

  16. http://institutdeslibertes.org/cetaces-et-crises/

    A méditer par tous les crétins qui ont voté Macron en croyant dans les réformes « à l’allemande ».

    On sait que le mercantilisme échoue au moins depuis Colbert (puisqu’une des raisons d’écrire d’Adam Smith était justement de comprendre l’échec du colbertisme).

    Le mercantilisme est cette doctrine économique (dont, je le répète, on sait par expérience qu’elle est idiote) qui consiste à voir les excédents commerciaux comme un bien en soi (l’Allemagne a 8 % du PIB d’excédents commerciaux, c’est absurde !) et à accumuler l’or (par le passé) ou les devises (aujourd’hui). Ca finit toujours pareil : par un krach qui dévalue les économies du mercantiliste.

    C’est simple : le Grec achète à l’Allemand une BMW, l’Allemand reçoit des Euros (si l’Allemand n’était pas un abruti mercantiliste, il dépenserait ses Euros en achetant de l’huile d’olive grecque ou donnant de l’argent à des bonnes oeuvres grecques), malheureusement l’Allemand est un abruti mercantiliste, il place donc son argent à sa banque, la Deutsche Bank, par exemple. Que fait la Deutsche Bank de tous ces milliards d’Euros accumulés par la vente des horribles panzers-corbillards teutons ? Elle achète la seule chose qui soit en vente en Euros pour une masse aussi considérable d’argent : de la dette étatique des pays du sud européen. Dette qui, un jour, ne sera pas remboursée et ne vaudra plus rien. Donc, que la DB soit la plus grosse « bad bank » du monde n’est pas un hasard funeste mais la conséquence logique, inéluctable, du mercantilisme allemand. Le revers de chaque Mercedes vendue, c’est un papier pourri de plus dans le coffre de la Deutsche Bank.

    A fin, qui est le plus serein ? Le Grec qui a une BMW ? Ou l’Allemand qui a obtenu en contrepartie une reconnaissance de dettes grecque ?

    Les Grecs ont été remis en esclavage (on n’est plus à l’époque des Thermopyles), mais aujourd’hui, ce sont les Italiens qui se rebellent.

    Les Allemands sont tellement saisis de panique que, conformément leurs traditions, ils enverraient les panzers, les vrais, s’ils le pouvaient, pour contraindre les Italiens à rembourser leurs dettes. Ils se contentent, avec dépit, de faire donner l’eurocratie.

    Tout cela finira un jour. Ce jour-là, les Allemands auraient coulé toutes leurs bagnoles dans le port de Hambourg, ça leur ferait le même effet. La logique de ce qui va se passer est implacable. Seul le calendrier est inconnu. Dans six mois ou dans dix ans ?

    Et la France ? Comme la bourgeoisie française a une longue tradition de trahison au profit de l’Allemagne (De Staël 1810 -française d’adoption, Thiers 1871, Pétain 1940, Giscard 1974, Mitterrand 1983, apothéose Macron 2017) pour mater avec le gourdin germanique ce peuple qui a la mauvaise habitude de guillotiner à tout va quand il est mécontent (qu’est-ce que le vote Macron ? C’est le vote de ceux qui ont un patrimoine à perdre si le peuple provoque des turbulences en votant mal -communiste par le passé, Le Pen aujourd’hui. Le vote Macron, sous les oripeaux de communication, c’est la courante, la chiasse, c’est la grande peur des bien-pensants. Pourvu qu’on ne passe pas aux grands cimetières sont le lune … Les possédants sont possédés par ce qu’ils possèdent), la France n’a pas d’élites pour la tirer du joug allemand. Au contraire, Macron va demander à Merkel comment célébrer le 11 novembre ! Si ce n’est pas une trahison au sens le plus exact, je ne sais pas ce que c’est. Le salut viendra donc, une fois de plus, de l’extérieur, et probablement de l’Amérique : chaque tirade de Trump contre la Chine est accompagnée d’un mot contre l’Allemagne.

    • Les Grecs ont été remis en esclavage parce qu’ils sont faibles, nuls et n’ont pas de puissance économique. D’autres vont suivre parce qu’ils sont faibles et que le faible doit nécessairement sucer le fort. C’est irréel de penser que le faible a le choix. Le faible n’a jamais le choix, il doit subir. C’est sa nature de faible de se faire écraser. Il ne comprend rien au monde, il pense que c’est la faute aux autres, c’est un irresponsable.
      Pour votre information, nous avons sucé l’Allemagne en 1871, en 1940, en 1974, en 1983 et je rajouterais même au cours de la réunification allemande du début des années 90′ parce qu’à aucun de ces moments nous n’avions le choix.

      • Non, ce n’est pas une question de puissance vis-à-vis de l’extérieur mais de force interne. Les Grecs ne sont pas assez unis, la classe politique grecque n’est pas assez patriote et l’Etat grec pas assez efficace pour résister aux pressions externes. L’intérieur grec n’est pas assez fort pour se cabrer contre les diktats teutoniques.

        Et la France ?

        • L’intérieur grec n’est pas assez fort pour réduire son train de vie, accepter d’avoir commis des erreurs, dont la principale de celle-là : avoir payé le peuple à coup de redistributions d’impôts en profitant de l’euro et ceci pour acheter des électeurs, avec en parallèle : s’être laissé acheté par des gouvernants corrompus.
          Le Grèce ne survit que grâce à l’Allemagne en ce moment. Tout le monde n’est pas prêt à payer le prix de la responsabilité.

      • « nous avons sucé l’Allemagne en 1871, en 1940, en 1974, en 1983 et je rajouterais même au cours de la réunification allemande du début des années 90′ parce qu’à aucun de ces moments nous n’avions le choix. »

        Je ne comprends pas. On a toujours le choix quand on a le courage d’en payer le prix.

      • Qui va prendre la décision d’envoyer quelques centaines de milliers de personnes à la rue, faire crever une partie de sa population, faire baisser l’espérance de vie ? Seuls les peuples forts savent gérer une telle situation. Les peuples faibles préfèrent le servage. Ca fait moins de mort avec moins d’efforts, à court terme.

      • N’en déplaise à Cornut et à Franck Boizard la Grèce n’est faible que de la lâcheté de ses élites comme en France qui capitulent voire acceptent une Europe allemande comme entre 1940 et 1944. La Grèce avait un atout : l’importance de son endettement qui n’a servi qu’à sauver les banques notamment françaises et allemandes aurait pu être un argument de chantage au défaut sur la dette et sortie de l’euro. Mais les élites grecques compradores ne l’ont pas voulu.

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